La contre-offensive ukrainienne met Poutine en difficulté

par Jean Dugenêt
lundi 10 octobre 2022

La contre-offensive militaire ukrainienne de septembre a permis de récupérer plus de 8 000 kilomètres carrés de territoire. Le retrait précipité de l'armée Russe de la région de Kharkiv, en abandonnant des équipements militaires, a provoqué des réactions diverses en Russie. Des voix russes réclament que "l'opération militaire spéciale" (SVO) passe à la vitesse supérieure, notamment, en appelant sous les drapeaux tous les hommes déclarés aptes à combattre. Une centaine de conseillers de 18 districts des villes de Moscou et de Saint-Pétersbourg ont demandé la démission de Poutine dans une déclaration publique l'accusant de "haute trahison" pour avoir déclenché une guerre qui touche directement les citoyens russes. Le ministre de la défense, Sergueï Choïgou, et le chef d’état-major, Valéri Guerassimov, sont de plus en plus ouvertement critiqués.

La retraite russe, la seconde après l'abandon du front de Kiev, a piégé Poutine dans ses propres contradictions. En février, il refuse de déclarer l'état de guerre par crainte d'une réaction populaire. Les problèmes de recrutement sont devenus un cauchemar pour Poutine. Dans la mesure où il a dû se tourner vers le groupe Wagner, pour recruter des prisonniers de droit commun, ils ont activé le recrutement direct dans les zones les plus pauvres et les plus périphériques de la Russie, mais les effectifs étaient manifestement insuffisants pour l'effort de guerre.

Le nombre de désertions de l'armée est en hausse. Les contrats signés par ceux qui s'engagent pour aller au front permettent une résiliation unilatérale du contrat en temps de paix et il n'y a soi-disant pas de guerre. La démoralisation est totale parmi les troupes russes qui ne comprennent pas pourquoi elles doivent combattre ceux qu'elles ont toujours considérés comme des frères et qui ont même parfois des membres de leur famille en Russie. Au contraire, le facteur moral a toujours été élevé du côté du peuple ukrainien qui s'est uni pour défendre son pays, ses terres, ses foyers, contre l'invasion d'une puissance capitaliste qui cherche à les dominer.

Le 20 septembre, la Douma russe a modifié le Code pénal afin de durcir les peines pour désertion ou reddition, dans le but de forcer les soldats à aller se battre. Des articles sont ajoutés pour la mobilisation générale, la loi martiale et l'état de guerre. Dans une allocation adressée à la Nation Vladimir Poutine, a annoncé avoir signé un décret de mobilisation partielle des réservistes. « 300.000 réservistes seront appelés », a précisé ensuite son ministre de la Défense. Il prévient qu'il est prêt à défendre la Russie avec tout, y compris les armes nucléaires.

Mais, la réaction à cette mobilisation partielle n'a pas tardé : des manifestations contre le décret de Poutine ont eu lieu dans 40 villes de Russie. La réponse a été la répression, avec plus de 1 400 arrestations. De nombreux russes veulent se rendre dans les pays voisins afin d'éviter un éventuel appel à la guerre. Cela produit d’énormes files d’attente.

Poutine met en branle précipitamment, entre le 23 et le 27 septembre, ses pseudo-référendums pour approuver l'annexion à la Fédération de Russie de tous les territoires occupés de la région du Donbass (Lugansk et Donetsk), de Kherson et de Zaporizhzhia comme il l’avait fait en 2014 à propos de la Crimée. Par cette manœuvre frauduleuse, il entend justifier qu'il s'agit d’un territoire russe et que toute attaque contre ces localités pourrait être considérée comme « une attaque contre la Russie ». Mais, pour les ukrainiens ces territoires appartiennent à la nation ukrainienne même s'ils sont devenus des enclaves de la Russie sous occupation militaire comme cela s'est passé avec la Crimée.

L'UIT-QI, appelle à multiplier les actions de solidarité avec les manifestants russes qui s'opposent à la politique criminelle de Poutine :

Nous demandons que les gouvernements européens reconnaissent le droit d'asile aux soldats russes qui quittent le front comme à ceux qui refusent l'engagement militaire et aux opposants au régime de Poutine. De plus, nous réaffirmons notre solidarité avec le peuple ukrainien dans sa lutte contre l'invasion russe. Par ailleurs, nous continuerons à soutenir la gauche politique et syndicale ukrainienne qui lutte contre l'envahisseur russe sans soutenir le gouvernement Zelensky et l'OTAN.

 

22 septembre 2022

Texte de Josep Lluís del Alcázar traduit et adapté par Jean Dugenêt

Josep Lluis del Alcázar est membre de la direction de Lucha Internacionalista (État espagnol) et de l'UIT-QI et participant de la délégation de l'UIT-QI qui s'est rendue à Kiev pour apporter une aide de solidarité aux secteurs de la gauche ukrainienne le mois de mai. L’AGIMO est en contact avec lui.

 


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