La couleur de la peau ne définit pas une race, car cette notion n’existe pas

par Daniel MARTIN
lundi 8 juin 2020

En constitutionnalisant la notion de « race », cela participe à reconnaître et légaliser une notion récusée par les scientifiques qui n'existe pas. Cela implique aussi des risques de théorisation, sous entendu, entre les supérieures et les inférieures, avec les effets que cela produisit, de sinistre mémoire…

Par la lutte contre la formulation « racisme »paradoxalement, ne justifie t-on pas une notion qui n’existe pas ?

Les manifestations actuelles sont une réaction à une sorte de mélange explosif dus à certains dérapages violents de policiers que l’on estime non sanctionnés ou pas suffisamment, en regard de la faute commise ou des propos tenus, ainsi que des discriminations due au « faciès », c’est à dire à la couleur de la peau où à l’origine territoriale. Mais lorsque l’on s’oppose et lutte contre cela en utilisant le verbiage de « racisme » ne justifie-t-on pas, par là même, l’existence de la notion de « races humaines » qui n’existe pas. En réalité on soutient et lutte pour les droits des personnes qui sont victimes de discrimination à cause de la couleur de leur peau ou de leur origine territoriale. Mais la couleur de la peau, ou l’origine territoriale ne définissent pas une notion de race, car la notion de « races humaines » n’existe pas.

Il y a des problèmes dans des quartiers urbains, certes, mais qui n’ont rien à voir avec une quelconque notion de « races humaines »

On ne peut nier l’existence des problèmes existant dans des quartiers urbains, dont certains sont devenus de véritables zones de non droit. L’économie parallèle de la drogue et trafics divers règne en maître, le tout aggravé parfois par l’influence des radicaux de l’islam. La tache des forces de l’ordre n’y ait donc pas aisée. Dans ces quartiers on a concentré une population défavorisée, essentiellement issue de l’immigration où l’on retrouve une forte concentration des personnes de couleur noire et d’origine maghrébine que l’on a ghettoïsée. Ces « laissés pour compte » sont à la fois victimes des violences qui règnent dans ces quartiers et des discriminations liées à la couleur de leur peau, ou de leur origine territoriale, avec un taux de chômage qui est souvent le double ou le triple de la moyenne nationale. Cette situation leur impose une solidarité qui leur permet de survivre, mais les guétoise toujours un peu plus et les communautarise avec les violences qui vont avec, accompagnée parfois les dérapages inacceptables de policiers… Mais tout cela n’a rien à voir avec une quelconque notion de « races humaines », sinon que c’est un problème de surpopulation et de densification de l’habitat urbain en regard de l’espace minimum correct pour permettre à chaque individu d’avoir un cadre de vie correct.

Ne dites plus « racisme », il s’agit de discrimination au faciès et de xénophobie

Il faudrait désormais ne plus utiliser la formulation de « lutte contre le racisme » car cela ne contribue qu’à théorisait une notion qui n’existe pas d’un point de vue biologiste. Mieux vaut donc utiliser la formulation « lutte contre les discriminations au faciès » lorsqu’il s’agit de la couleur de la peau ou de xénophobie et qui doivent être lourdement sanctionnées, car c’est bien de cela qu’il s’agit quand les personnes noires ou d’origine maghrébine sont contrôlées entre 6 à 8 fois plus que les autres.… Sans compter la discrimination à l’embauche qui est une réalité. D’où que l’on soit issus et quelle que soit la couleur de notre peau, nous appartenons tous à la même espèce humaine.

Il faut bien comprendre que le mot » racisme » reste lourd de sens et le maintien de son inscription dans le marbre Constitutionnel Français ne peut qu’avoir des conséquences que l’on peine à imaginer. Vu la situation sur le plan international et l’arrivée possible au pouvoir de personnalités issues de certaines sensibilités politiques sensibles aux théories sur l’inégalité des races, telles qu’elle furent développées par le comte de Gobineau (1816 – 1882), avec son essai sur l’inégalité des races, mieux vaudrait le supprimer par une réforme constitutionnelle qui, aujourd’hui, s’avère urgente.

Supprimé de la constitution par les députés en 2018, cependant le mot « race » y figure toujours

Comme premier changement au projet de révision de la Constitution, les députés ont symboliquement supprimé, jeudi 12 juillet 2018, à l’unanimité (les députés RN étaient tous absents), le mot « race » de l’article 1er, une mise à jour depuis longtemps réclamée outre-mer mais sans faire consensus jusqu’à présent. Hollande voulait aussi le supprimait , mais avec les manifestations contre le mariage pour tous et d’autres qui suivirent il ne l’avait pas fait.

Malgré sa suppression de la Constitution de 1958, le mot « race » reste bien présent dans notre législation. La raison de cette non-révision est en fait d’un autre ordre. le terme reste (et restera) inscrit, à deux reprises, dans un autre texte à valeur constitutionnelle, le préambule de la Constitution de 1946 (https://www.conseil-constitutionnel.fr/le-bloc-de-constitutionnalite/preambule-de-la-constitution-du-27-octobre-1946 ) . Au premier alinéa (« … le peuple français proclame à nouveau que tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés ») et au 16e alinéa (« La France forme avec les peuples d’outre-mer une Union fondée sur l’égalité des droits et des devoirs, sans distinction de race ni de religion »).Selon le Palais Bourbon, « il n’est pas envisagé de modifier en ce sens le Préambule de 1946, car il s’agit d’un texte « historique », au même titre que la DDHC de 1789, dont les termes n’ont donc pas vocation à être révisés. La Constitution de 1958, en revanche, reste un texte « vivant », susceptible d’évolutions »… Cet argument est pour le moins très controversé et ne devrait pas résister à une volonté politique de supprimer le mot »race » de la Constitution. Certes avec la crise sanitaire du Covid-19 il y a d’autres urgences … Mais cette volonté politique existe t-elle ?

Une inscription dans la constitution qui ne date que depuis la quatrième république de 1946.

L’inscription de la dénomination « race » ne fût inscrite pour la première fois dans une Constitution, qui, rappelons le, est l’organe supérieur du Droit, qu’en 1946, lors de la rédaction de la Constitution de la quatrième république. Cette dénomination fût reprise en 1958 lors de la rédaction de la Constitution de la cinquième République qui est actuellement en vigueur.

Dans son article 1er, la Constitution de 1958 déclare :

« La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée.

La loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu'aux responsabilités professionnelles et sociales ».

Le Mot race n’avait jamais été inscrit dans les Constitutions précédentes à celle de 1946

A noter que la déclaration des Droits de l’homme de 1789 à laquelle se réfèrent les rédacteurs de la constitution du 27 octobre 1946 et de celle de Septembre 1958, en son article premier il est écrit : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune » (https://www.quelsdroitsfacealapolice.be/IMG/pdf/ddhc_1789-08-26_fr.pdf )... Ainsi nous naissons libres et égaux et nous pouvons être considérés en Droit « supérieurs » ou « inférieurs » les uns par rapport aux autres en fonction de notre utilité sociale. Si la République justifie ainsi l’inégalité sur le plan social, en aucun cas elle n’évoque celle des races. Même si on pourrait éventuellement suspecter les constituants de 1946 (comme ceux de 1958) d’avoir transposé une interprétation de texte qui justifie une distinction sociale fondée sur « « l’utilité commune » en distinction de races, car les unes et les autre n’auraient pas « la même utilité commune »… Ne perdons pas de vue qu’en 1946 (comme en 1958) la société Française est coloniale et pour les responsables politiques, les populations autochtones des colonies (inférieures) n’ont pas la même utilité commune que les populations coloniales (supérieures)…

Pour rappel, la Constitution du 22 Frimaire an VIII (13 décembre 1799) en son Article premier précise seulement que la République française est une et indivisible. Son territoire européen est distribué en départements et arrondissements communaux. Certes, cette constitution qui apparaît comme taillée pour Bonaparte, bien qu’il n’y ait pas de référence à des droits et des libertés, certains droits y sont toutefois affirmés dans les dispositions générales, comme l'inviolabilité du domicile, la sûreté des personnes et le droit de pétition (art.76, art.83, 84-87)… Mais il n’y aucune référence à la notion de race.

Quelles peuvent être les motivations des rédacteurs de la constitution de 1946 pour avoir inscrit le mot « Race » dans la constitution ?

On peut s’interroger sur les motivations qui ont conduit les rédacteurs des constitutions de 1946 à graver le mot « race » dans le marbre du Droit Français que représente la Constitution, alors que ce concept n’existe pas d’un point de vue scientifique, et n’a aucun justificatif anthropologique…

Si l’on considère les premières lignes du préambule de la constitution de 1946, on peut comprendre qu’il ait eu une volonté forte de vouloir dépasser le traumatisme post-Nazisme subit par les populations du aux thèses raciales criminelles qui n’ont cessé de progresser et s’amplifier, notamment, depuis que le comte Arthur De Gobineau édita son essai sur l’inégalité des races humaines en 1853-1855. Le développement de sa thèse qui inspirant, entre autre, les dirigeants du régime Hitlérien et leurs collabos Français leur a servi de référence afin de justifier des massacres épouvantables et ainsi de déculpabiliser la race « supérieure » blanche.

En 1946 la France est un empire colonial qu’il faut à la fois tenir sous bonne garde. Mais aussi auquel l’histoire contraint de reconnaître des droits minimum fondamentaux à ses populations, sans pour autant rejeter la notion de race … Car, la catégorisation, puis la hiérarchisation des groupes humains a servi de justification aux colonisateurs européens pour annexer de nouvelles terres (notion de « races inférieures » chère à De Gobineau ). L’expérience de leur rencontre avec des cultures autochtones fut rapportée en métropole de manière particulièrement partiale : les terres colonisées étaient présentées comme remplies de sauvages incultes, inférieurs à tout point de vue au colonisateur qui, bon et généreux, se dévouait pour leur apporter les lumières et les bienfaits de la civilisation… Ces histoires nourrirent les théories racistes et justifièrent les discriminations dont étaient victimes les peuples colonisés. Il s’agit là du racisme colonial.
Le même usage a été fait en Allemagne nazie de façon beaucoup plus violent puis ensuite en Europe, sous sa domination, visant cette fois les juifs, tziganes, slaves, qu’il s’agissait d’exterminer pour faire de la place à la « race aryenne » dite supérieure. Autrement dit de l’eugénisme.

Pour les scientifiques, la notion de race n'existe pas

Certains chercheurs tentèrent de conférer une valeur scientifique à la notion de race. A l’instar du comte De Gobineau qui dans son « Essai sur l’inégalité des races humaines », où il décrit différentes caractéristiques telles que couleur de la peau, couleur et texture des cheveux, forme et taille du crâne, qu’il met en concordance avec les caractères psychiques, intellectuels, moraux, etc. ces théories conduisent à une hiérarchisation de valeur des races ou groupements humains, certains distinguent plusieurs dizaines voire des centaines de « races » mais tous accordent dans leurs descriptions une place particulière à de grands ensembles en nombre limité, le plus souvent basés sur la pigmentation de la peau.

Le caractère de scientificité de la biométrie, pratique purement descriptive des caractères apparents, n’a guère été reconnu que par ceux qui en étaient convaincus. En revanche cette discipline a largement nourri les discours et politiques racistes. La période du nazisme vit ainsi se multiplier des expositions détaillants des caractères physiques, pour « apprendre » à reconnaître « les races humaines », en particulier les Juifs, mais aussi les Tziganes et bien d’autres. Des populations qui payèrent un très lourd tribut à cette folie raciste des Nazis…

André Langaney qui est un généticien, spécialiste de l'évolution et de la génétique des populations, montre que, génétiquement, la notion de race est infondée car elle suppose une classification arbitraire des hommes. Pour lui : on peut tout au plus parler de fréquence de certains gènes dans une zone géographique donnée.
L'existence de caractères raciaux génétiquement repérables n'a jamais pu être démontrée scientifiquement. Se fondant sur les travaux des biologistes, il affirme : « qu'il n'y a pas de marqueur génétique de la race et que les races humaines ne sont donc qu'un concept culturel ». Il a écrit dans un ouvrage paru en 1992 « Tous parents, tous différents » ( en collaboration avec N. Hubert Van Blijenburg et Alicia Sanchez-Mazas), Paris, Muséum national d'histoire naturelle (ISBN 2877490343) publié à l'occasion de l'exposition qui s'est tenue au Musée de l'Homme Paris en 1992) : « Au début des recherches en génétique, les scientifiques, qui avaient en tête des classifications raciales héritées du siècle dernier, pensaient qu’ils allaient retrouver des gènes des Jaunes, des Noirs, des Blancs… Et bien, pas du tout, on ne les a pas trouvés. Dans tous les systèmes génétiques humains connus, les répertoires de gènes sont les mêmes. »

Claude Levi-Strauss (1908 - 2009) affirmait que si les groupes humains se distinguent, et pour autant qu’ils sont à distinguer : « c’est uniquement en termes de culture ». En effet, c’est uniquement par la culture que les groupes humains ou sociétés se départagent et se différencient, pas selon la nature que serait la nature biologique. C’est à dire que s’il y a bien lieu de maintenir les distinctions, le phénomène n’est en aucun cas naturel. Il ne relève pas de l’étude de la biologie, mais de l’anthropologie au sens large. Le racisme consiste précisément dans le contraire, soit à faire d’un phénomène culturel, un phénomène prétendument physique, naturel et biologique ».

Les différences morphologiques sont souvent expliquées par des adaptations à l’environnement. Autrement dit, les groupes humains primitifs n’ont pas échappé à la sélection naturelle favorisant, pour un groupe social déterminé, un certain nombre de caractères spécifiques adaptés aux conditions d’environnement propres à une région donnée. Néanmoins, compte- tenu de la durée nécessaire pour acquérir divers caractères physiques sous la pression de la sélection naturelle, les migrations humaines de l’Histoire et de la Préhistoire qui se sont traduites par des déplacements de population, à raison d’une moyenne estimée à quelques dizaines de Kilomètres par génération ont entraîné un brassage génétique important, affectant les peuples de quasiment toutes les régions du globe.

Le généticien Albert Jacquard (1925 – 2013) soulignait notamment que la notion de « race » est obsolète et n'a aucun fondement biologique  : « Les individus de l'espèce humaine sont fort différents les uns des autres] il est impossible de tracer des frontières permettant de regrouper ces populations en classes distinctes »  autrement dit, il n'y a qu'une seule race humaine, dans laquelle se fondent plus de sept milliards d’individus. Selon Albert Jacquard : « pour parler de race, il faudrait qu’un groupe reste isolé un nombre de générations égal au nombre d’individus qu’il comporte ; ainsi, un groupe de 200 personnes devrait rester isolé 4 000 ans (si l’on compte 20 ans par génération) pour devenir une race. Ce chiffre est à comparer aux 20 000 ans qui ont été nécessaire pour séparer Canis lupus, (le loup) des différentes races de Canis familiaris (chiens). Peu de races de chiens sont interfécondes avec les loups ». Et de rajouter : « Ni la génétique, ni l’anthropologie, ni l’ethnologie, ni l’Anthropomorphie (biométrie), ni les découvertes récentes n’avalisent l’idée de l’existence de races humaines. Parler plutôt de groupe de populations correspond à une réalité scientifique, dans la mesure où l’on retrouve des gènes proches qui eux ont une signification et une pertinence médicale. Il paraît évident que la notion de race humaine sous toutes ses formes, a servi de prétexte à un racisme latent et qu’elle est à l’origine des plus gros crimes qu’ait connu l’humanité !!!! Le concept de race est une idéologie dont les fondements sont arbitraires, discriminants et dont l’objet est de justifier une différence culturelle par une différence physique... »

Expurger le mot « races » de la Constitution, c’est reconnaître officiellement et définitivement son inexistence. 

La dénomination « race » expurgée de la constitution c’est reconnaître l’inexistence de cette notion, avec tout ce que cela comporte, notamment, en regard de la xénophobie qu’elle renforce et qui est souvent plus profonde et plus ancienne encore que le racisme. Par ailleurs, accepter le principe d’une dénomination qui n’existe pas dans le cadre de la biologie c’est aussi dissimuler les mécanismes psychologiques, historiques, politiques qui sont à l’œuvre dans le « racisme ». Déconstruire à partir de la biologie une notion telle que celle de race est nécessaire, mais cela n’aura qu’un effet limité sur ses aspects dévastateurs si grâce à la connaissance et au savoir la culture des individus ne change pas radicalement dans ce domaine. 

Pour conclure

Si on considère également qu’avec la bombe démographique l’on va vers un effondrement rapide des ressources, de la production alimentaire et industrielle par tête d’habitants, il y a urgence de bannir cette notion de « races humaines » de notre culture, alors qu’elle n’existe pas biologiquement. Du fait de la surpopulation, la planète pourrait, peut être, dans les perspectives les plus favorables, faire vivre 10 à 12 Milliards d’individus à l’horizon 2050… Avec le niveau de vie actuel d’un habitant pauvre du Bangladesh… Mais guère plus de deux milliard au niveau de vie actuel d’un Européen…avec le confinement Covid-19... Les thèses portant la notion de « races humaines » qui n’existe pas et la xénophobie qui l’accompagne, ont peut imaginer les conséquences…


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