La création du Ben Laden tchétchène !
par morice
samedi 9 avril 2011
On en avait déjà un, sur la scène internationale un ectoplasme terrroriste, voici le deuxième. Après un Ben Laden devenu invisible et qui ne communique plus que par une voix d'outre-tombe si facile à fabriquer en studio, voici qu'arrive sur le marché de la manipulation de la peur chez les gens, le modèle tchétchène. C'est un communiqué parvenu avant-hier qui nous l'a appris. Un leader terroriste tchétchène, déjà annoncé mort à plusieurs reprises et devenu invisible depuis le dernier bombardement par les troupes russes est réapparu, comme Ben Laden, via un message audio seulement. Pas d'image, que du son : de quoi tenir en haleine la presse pendant des années, à imiter son modèle, à moins de fabriquer une vidéo où il se teindra la barbe en noire et sera subitement devenu gaucher, lui qui est, à l'inverse de l'ermite du siècle, droitier. Bref, vous l'avez compris : Oumarov-le-Terrible vient d'enfiler les chaussons de Ben Laden, et emprunte déjà ses traces... ça risque de durer longtemps, et on risque en Russie de lui imputer un bon nombre d'attentats, lui qui s'était déjà attribué les plus sanglants parmi les plus récents. C'est un épisode de plus à "Power of Nightmares", pour sûr... version russe.
Car ne nous trompons pas : il nous reste quoi, aujourd'hui, de l'autoproclamé "président indépendantiste de la Tchétchénie", devenu depuis "Emir du Caucase" ? Une ou deux vidéos de piètre qualité, des portraits flous et... des messages audios, qui ne vont pas tarder à s'accumuler au fil de l'actualité : s'il tente de commenter l'actualité aussi souvent que n'a pu le faire Ben Laden, chez Radio America, ils ont intérêt à prévoir de la bande ou du disque dur pour stocker ! Bref, nous sommes en présence depuis hier d'un clone de celui qui est censé défier l'amérique, et qui l'aide tant à vendre des armes partout pour se protéger du terrorisme. Vladimir Poutine y a-t-il songé en regardant les mauvais chiffres de vente d'armes russes l'année dernière ? A-t-il été tenté de manipuler son opinion de la même manière que la CIA ne manipule les américains ? Peut-être bien : il n'est pas issu du KGB pour rien ! Ou tout bonnement, la CIA ne tirerait-elle pas elle-même de vilaines ficelles avec ce faux appel téléphonique ?
Poutine a-t-il profité de la mort d'Oumarov pour en faire un repoussoir fort pratique, et a-t-il ainsi berné les américains et leur radio issue de la guerre froide ? Vous allez me dire, on ne leurre pas ainsi des services secrets US... ce à quoi je vous répondrai que si, et qu'ailleurs, ça s'est déjà fait, et dans les grandes largeurs même ! Un imposteur ? Oh, vous savez, ça ne manque pas, en définitive, d'après ce qu'on a pu voir ces derniers mois. La presse vient ainsi de retrouver (enfin) l'homme dont je vous avais parlé dans un de mes textes parlant de "branquignols" : " l’histoire, digne d’un roman d’espionnage, commence à s’ébruiter en octobre 2010. Une rumeur se répand alors à Kaboul : un haut dignitaire taliban aurait accepté d’entamer des discussions avec le gouvernement et l’Otan. Il serait même venu jusque dans la capitale afghane pour rencontrer le président, Hamid Karzaï. Le 20 octobre, le quotidien américain The New York Times révèle son nom : Akhtar Mohammad Mansour. Ce mollah serait effectivement l’un des dirigeants du mouvement taliban. Depuis l’arrestation à Karachi, en février 2010, d’Abdul Ghani Baradar par les services secrets militaires pakistanais (ISI) et la CIA, il officierait en tant que numéro 2 de la choura de Quetta, du nom de la ville pakistanaise où se réunit l’organe de direction des anciens étudiants en religion. Ex-ministre de l’Aviation et des Transports sous le régime taliban, il serait désormais, à 51 ans, l’adjoint direct de leur leader, le mollah Omar, en charge des affaires civiles. Comme lui, il figure sur la « liste noire » du Conseil de sécurité des Nations unies. Les talibans démentent aussitôt". Et voilà comment je vous avais présenté la chose... il y a quatre bons mois déjà : "aujourd’hui, le grand cirque continue, avec une révélation qui prêterait à sourire si ce n’était à pleurer de débilité. Figurez-vous qu’un homme s’est baladé pendant des semaines en Afghanistan au titre de "grand représentant taliban pour des conversations de paix", a été véhiculé gracieusement par des avions US (des C-130), a même rencontré Karzaï, qui depuis nie farouchement l’avoir vu... et surtout est reparti avec de l’argent, beaucoup d’argent, pour graisser un peu le moteur du rapprochement en cours, gracieusement offert par les USA, et ses alliés. A savoir aussi la France ! Or on vient d’apprendre qu’il s’agissait d’un complet imposteur, qui a mystifié tout le monde"... que la presse papier et Luc Mathieu pourtant présent à Kaboul, ne le découvrent que maintenant m'étonne un peu, à vrai dire...
Vous avez noté que lui aussi aurait été un "numéro 2", comme en ont distribué les américains à la pelle depuis l'avènement de Ben Laden (la saga des "top learders" arrêtés, tous des lampistes !). Or notre bonhomme n'avait rien d'un taliban, c'était même plutôt un commerçant plus roué que les autres, qui pendant des mois a réussi à prendre l'avion (militaire, US) aux frais du gouvernement afghan (et des Etats-Unis, qui le subventionnent !), se balader dans tout le pays, gueuletonner et vivre à l'hôtel comme un pape... avant qu'on ne découvre la supercherie... ce qui prendra un bon mois à vrai dire : "le 23 novembre, le New York Times fait machine arrière, affirmant que l’homme qui a rencontré le président Hamid Karzaï est un imposteur. Il n’est pas le mollah Akhtar Mohammad Mansour mais un commerçant de Quetta qui a profité de la crédulité du MI6 pour extorquer plusieurs centaines de milliers de dollars. Dans les jours qui suivent, les démentis se succèdent. Le palais présidentiel nie toute discussion entre l’usurpateur et Hamid Karzaï. Le général David Petraeus, commandant en chef de l’Otan et des forces américaines en Afghanistan, affirme qu’il a été méfiant dès le début de l’affaire. « Ce scepticisme semble désormais justifié », déclare-t-il. L’ambassade britannique à Kaboul, elle, se refuse à tout commentaire."
Avec Oumarov c'est un autre Frankenstein qui vient de naître. Avec les mêmes méthodes : le premier site web à saluer l'apparition du ressuscité est bien entendu le site d'Intel Center, celui, qui comme par hasard avait déjà arrosé toute la presse pendant des années des photos d'Oumarov, le doigt levé en donneur de leçons "Benladennien"... Il faut dire qu'on a eu droit à tous les looks jusqu'ici avec l'émir de pacotille : en hiver, au printemps, en ex-soldat russe moutachu, à qui on ajouté à la casquette un turban à inscriptions que l'on suppose coranique ( ?), lors d'un autre hiver, plus fatigué, en kamikaze prêt à se faire sauter le caisson, en enchâpeauté ridicule, en léopard des neiges (?), en leader de ZZTop, bref, la panoplie complète, le mieux étant la mise en scène signée IntelCenter, avec un effet de lumière digne des films d'horreur pour rendre l'individu plus menaçant. Les créatures de Frankenstein, il leur faut des éclairages savants, c'est bien connu, pour faire peur !
(*) lire ces deux épisodes sur le cas Stoffel :
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/le-legs-de-w-bush-une-democratie-51687
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/le-legs-de-w-bush-une-democratie-53116
http://www.dailymotion.com/video/x7cl7m_the-power-of-nightmares-vostfr-the_news
http://www.dailymotion.com/video/x7cb8c_the-power-of-nightmares-vostfr-baby_news
http://www.dailymotion.com/video/x7x1fi_the-power-of-nightmares-vostfr-the_news
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/peter-dale-scott-derriere-la-91919