LA CRÉATURE

par alinea
mercredi 26 avril 2017

Longtemps désignant l’Homme, créature de Dieu, son obligé dévot et soumis – un matraquage déjà très très fort pour une obéissance consentie-, la créature désigne aussi celle, maléfique, de l’Homme, qui se croit Dieu.

Nous autres pauvres pécheurs avons toujours une messe de retard : les Créateurs de macrons sévissent depuis longtemps et il faut bien qu’ils se sentent tout-puissants pour ne plus prendre de précaution et agir, quasi, sous les yeux de tous. Mais il s’en trouve encore beaucoup qui ne regardent pas par là, tout occupés à foncer sur les chiffons rouges ou bien à se sentir encore assez bien à l’intérieur des portes de leurs prisons.

La démocratie est le leurre parfait qu’ils ont inventé : un peuple ignorant et manipulable, arrosé tous les cinq ans avec un engrais de flatterie et de fausse connivence. Souvent complaisant vis à vis de lui-même, s’attachant à des objets disparates qu’il ne partage qu’entre amis, la destinée commune le dépasse. Et quand il fait mine d’en parler, c’est de lui qu’il parle et n’hésite pas à généraliser son point de vue. C’est pourquoi nous voyons celui ou celle qui se voudrait guide, flatter ceux ou celles qu’il ou elle a repérés et les engluent dans de belles promesses.

Mais notre Créature, autant que j’en sache, ne fait pas cela ; il élimine d’un trait, par son silence, une grande partie des gens, ne fait aucune promesse – c’est sans doute pour cela qu’il ne dit rien- et son langage insipide masque à ceux pour qui tout va encore bien, la violence réelle des dispositions qu’il s’apprête à prendre.

Comme la plupart a oublié que Fillon est responsable du chaos en Libye, chaos dont nous ne sommes pas épargnés, elle oublie les méfaits irrémédiables de la Créature, pourtant récents. Ces méfaits n’ont sans doute pas endommagé son confort.

 

Mais revenons à nos moutons.

Je récuse que le peuple soit moutons. Le danger était tangible au premier tour, si le peuple avait été moutons, ils se seraient rassemblés. Que nenni. Chacun dans son bocage a cru pouvoir tenir tête tout seul. Il semblerait que pour les législatives il en soit de même, or, devant ce danger si Macron est élu, si tous les autres proposaient un candidat unique en signant une charte de respect, proportionnel à l’importance de chacun, mais unis contre les plus que probables abominations du gouvernement, Macron ne pourrait gouverner : motion de censure signée par tous en cas de coups de force.

Il serait l’heure d’une communication via internet, régulière pour tenir au courant les électeurs de tout ce qui se trame. Si les futurs députés, mus par une métamorphose magique, ne se croyaient plus assis sur un coussin de soie qu’ils veulent à tout prix préserver, mais faisaient leur boulot de délégués du peuple, la chose serait aisée. Certes, nous ne sommes que quarante trois pour cent à avoir voté contre l’UE au premier tour, mais, à plus forte raison !

La FI dans son coin aura sûrement un groupe parlementaire, le FN aussi, mais l’ UPR n’aura rien. Je ne parle pas du PS officiel, des Verts officiels et de l’UMP ( je me refuse encore à les appeler « Républicains », il faut pas déconner !), les « communistes » ni bien sûr de la lie macronite, qui voteront comme un seul homme le moindre desiterata de la Créature.

Alors je vois l’avenir bien mal emmanché, et si l’on envisage Le Pen élue, on a peine à voir à quoi ressemblera l’opposition. Mais avec elle, tout ne sera pas forcé d’être contredit, mais pas par les mêmes, et ça risque d’être très rock and roll !

En attendant, et je sais que cela ne se fait pas mais quand on y réfléchit c’est insensé, il serait bon que les vainqueurs en lice nous fassent part du gouvernement qu’ils prévoient ! Celui de Macron, on peut le deviner, l’autre, c’est plus difficile !

Nous sommes tombés dans un piège qu’on a aussi tissé, et quand je me remémore la haine déversée au cours de ces longs mois de campagne, je me dis que nous sommes encore bien immatures. Nous sommes encore un peu résistants, un peu indignés, mais bientôt nous serons Espagnols, Portugais, Grecs, Slovènes, Allemands, nos forces déclineront, notre pays ne sera plus qu’un paysage offert au plus offrant, et nous autres, les servants, les esclaves, pour survivre.

Adieu champs paisibles, chants harmonieux, adieu Hirondelle, bleuets, coquelicots et quand notre chagrin s’épanche, on en trouve toujours un plein de morgue qui nous parle de progrès.

Chats chéris, chevaux chers, précieux jardin, prairies, ce n’est pas mon âme qui est triste de vous avoir comme seuls compagnons...

L’Homme n’est pas résigné mais insensible aveugle.


Lire l'article complet, et les commentaires