La crise financière : jusqu’à la guerre !

par Geneste
samedi 10 janvier 2009

En prenant à leur compte la dette privée, les états ouvrent la porte à un autre type de règlement de la crise...

Nous voilà désormais en pleine crise et cet article n’a pas vocation à allonger la déjà longue liste de commentaires sur le sujet, commentaires a posteriori, dont beaucoup ont été écrits par des gens incompétents, qui n’avaient pas prévu la crise mais voudraient nous l’expliquer. Non, cet article est un article de prévision qui sera ou non corroboré par l’avenir, mais au moins, l’auteur de ces lignes prend-il un risque et soumet son appréciation aux aléas de l’histoire à venir.

 Remarquons que la crise financière est née dans le secteur du crédit immobilier aux Etats-Unis et que la première tentative de sauver le système a consisté en une quasi-nationalisation des institutions de prêt qui étaient en cause. Puis les mesures européennes sont venues conforter en partie cette approche américaine avec déversement d’argent public sur les banques (360 milliards en France, 480 milliards en Allemagne,… Et 1200 milliards au total de l’Europe). Puis s’est greffée une nouvelle recapitalisation d’AIG aux USA, un nouveau plan de relance américain qui va saigner un peu plus les finances publiques, des plans de relance peu coordonnés en Europe (26 milliards en France, 50 milliards en Allemagne…). Bref ! Le résultat de tout cela est un transfert de l’endettement privé à l’endettement public.

 On remarquera au passage que ceux qui se sont copieusement goinfrés dans les périodes fastes précédant la crise, n’auront pas à rembourser quoi que ce soit et, même s’ils ont perdu leur emploi, les traders et autres brokers ou je ne sais quoi, sont potentiellement à l’abri du besoin pour longtemps tant les rémunérations à la City, par exemple, était importantes (e.g. en 2005, pour un quant de 24 ans, un salaire fixe de 250 000£/an + un bonus pouvant aller jusqu’à 1M€). Nous avons donc, pour ces personnes, une quasi-immunité judiciaire. En effet, non seulement ils se sont enrichis personnellement, ont contribué largement à la crise, mais semblent être responsables mais pas coupables…

Revenons cependant à notre sujet. Tant que la dette est privée elle relève de la théorie des probabilités : vous prêtez de l’argent à quelqu’un et il y a donc un risque de défaut de remboursement. Si le défaut est trop important, le prêteur peut à son tour faire faillite, etc… Si votre débiteur fait faillite, vous en êtes pour vos frais, mais l’affaire ne va, en théorie, pas plus loin. Le problème est alors le suivant. Pour pallier les déficiences des acteurs privés, l’Etat s’en est mêlé en prenant à sa charge une grande partie de la dette. Soulignons l’idéologie délétère que cela sous-tend. En effet, l’Etat, en venant au secours de ceux qui auraient dû faire faillite soutien l’idée de l’immunité judiciaire dénoncée plus haut et ouvre donc la voie aux futures turpitudes des acteurs qui reviendront une fois la tempête passée.

Mais le plus grave reste la chose suivante. La somme mondiale de la dette privée cumulée est colossale. En prenant une grande partie de cette dette à leur nom, les états ont atteint le point ultime du système. En effet, un état peut faire faillite comme une banque, néanmoins, la conséquence de la faillite d’un état n’est pas de même nature et les moyens pour empêcher la faillite peuvent être d’une autre nature que celle des banques. Prenons un exemple connu. En 1990, au sortir de sa guerre meurtrière contre l’Iran, l’Irak, très endetté, se tourne vers ses prêteurs pour leur demander d’effacer sa dette. Tous ou presque acceptent sauf le Koweït. Devant ce refus, l’Irak envahit alors ce pays et on connaît la suite. Ainsi la guerre est-elle une façon pour un état de régler ses problèmes de trésorerie à court terme vis-à-vis d’états tiers. En transférant la dette privée vers de la dette publique, l’humanité, en 2008, a donc franchi un pas significatif vers un conflit majeur qui serait, n’en doutons pas, une opportunité pour recréer artificiellement de la croissance, suite à des destructions massives et permettrait d’éviter de se poser une question ma foi bien gênante, celle de construire un système économique équilibré, juste et qui permet une bonne croissance de longue durée.

Pour ceux qui, généralement, font fi des déficits publics dans leur positionnement politique, ajoutons un mot. Le déficit public peut avoir quelques vertus de court terme, mais un déficit public aberrant, comme celui de la France en 2008 par exemple, à plus de 65% du PIB, est un déficit de situation de pré-guerre. Dans notre pays, où l’on a confondu richesse et argent, où l’on considère les services comme une richesse extérieure alors qu’il faudrait distinguer entre richesse intérieure (les services) et richesse extérieure (industrie), nous sommes dans une condition de dépendance quasi-totale de l’étranger non européen. Dans ces conditions, une faillite de l’état nous laisse devant 2 choix potentiels : la capitulation et l’alignement sur le niveau de vie, disons, chinois, ou une résistance jusqu’à la guerre. Et dans une démocratie bien comprise, ce ne sont pas les gouvernants qui choisiront l’option mais bien le peuple. En dehors de tout caractère raisonnable, quel sera son choix ? Qui acceptera sans broncher un niveau de vie chinois ? Et ce problème empire si l’on tient compte du fait avéré aujourd’hui, après la crise, que, au moins l’Europe et l’Amérique sont dans cette situation, soit environ 1 milliard d’habitants… Nous risquons donc bien d’avoir la crise… Jusqu’à la guerre… Mondiale !


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