La débâcle de la Françafrique

par JMBerniolles
lundi 4 septembre 2023

Pendant que le président de la République française s'amuse, des évènements radicaux se développent en Afrique de l'Ouest. La présence et l'influence de la France en Afrique francophone sont gravement menacées.

Ces développements renversants font suite à des visites désastreuses de Macron dans les pays de l'Afrique francophone et en Algérie.

Cela se déroule sous les yeux du monde entier et l'image ainsi que la crédibilité de la France sur la scène internationale sont gravement menacées.

Quelle est la situation actuelle en Afrique de l'Ouest ?

 

La situation en Afrique de l’Ouest

Au XIXème siècle la France a colonisé une grande partie de l’Afrique de l’Ouest. Des pays
y ont été créés qui se sont développés à partir d’une démographie positive notamment. Ces
pays rassemblent des groupes ethniques différents qui sont souvent source de problèmes.
Les pays de cette zone africaine que l’on qualifie de francophone ont fait l’objet d’une colonisation ‘à la française’. C’est à dire bien entendu qu’il y a la gestion et l’exploitation des richesses de ces pays, mais aussi quelques aspects positifs comme l’éducation, le
développement d’une infrastructure dans le pays, - voies de communications.. -, d’une administration, la mise en place d’action pour la santé notamment à travers des dispensaires...
 
Cette structuration offre potentiellement la possibilité pour ces pays de se prendre en main une fois dégagé de la tutelle du pays colonisateur. Mais comme l’a montré l’indépendance de l’Algérie il reste un problème de ressources humaines, - en matière de cadres, de professions à haute technicité et de qualité des nouveaux dirigeants -.
 
A la fin des années 50 il y a eu une première phase de décolonisation qui a néanmoins
maintenu des points fondamentaux de la colonisation. Particulièrement la mainmise sur la
gestion et l’exploitation des richesses de ces pays, par exemple au Niger avec des compagnies minières françaises gérant et exploitant des mines d’uranium. Le Franc CFA
mis en place à la libération géré par des Banques françaises permet à celles-ci de gérer et
d’exploiter les avoirs de ces pays africains. L’alignment du Franc CFA sur l’Euro pénalise
économiquement les pays qui le subissent. Pour ceux-ci une réelle indépendance ne peut
exister sans sortie du Franc CFA et la création de leur souveraineté monétaire à travers une
monnaie nationale gérée par une Banque centrale.
 
Évolution du contexte dans cette région d’Afrique
 
Le modèle colonial mis en place après la libération principalement sous De Gaulle,
par l’intermédiaire de son homme de main Jacques Foccart, a été surnommé la « Françafrique ». C’est un système colonial de type ‘paternaliste’ où la figure de De Gaulle et
son aura auprès des élites africaines jouait un rôle majeur. Il exige donc une grande qualité au niveau du président de la République française. Avec les médocres et incompétents
Hollande et Macron, il y a donc un problème à ce niveau et un élément déstabilisateur. Ces incompétents n’ont évidemment pas compris qu’il fallait faire évoluer ce modèle qui date.
D’autant que le contexte dans cette partie de l’Afrique a fortement changé.
 
Le premier élément ayant un très fort impact est l’introduction d’Al Qaeda en Afrique. D’abord par Sarkozy en Libye, puis par les USA, dans notre francafrique. C’est conçu comme un élément déstabilisateur des pouvoirs en place dans ces pays africains de manière à mieux les contrôler. Et puis il y a la montée en puissance des relations avec la Chine et la Russie pour les pays d’Afrique qui ont des veléïtés d’indépendance. L’alternative économique à l’ordre mondial dominé par l’empire anglo saxon, les BRICS+, exerce également une grande attirance vis-à-vis de pays non alignés. L’Algérie vient d’être candidate à l’adhésion à cette organisation et si elle s’est vue refuser l’intégration dans un premier temps nul doute qu’elle y trouvera sa place à moyen terme. Il y a donc là une opportunité de survie économique et d’indépendance pour les pays qui se dégagent de l’emprise du monde occidental.
 
Etant donné le véritable déversement d’armes en Afrique, beaucoup de problèmes y conduisent à des conflits armés. Ainsi, pour développer son influence en Afrique la Russie y a introduit une armée privée, la force armée Wagner, qui offre un soutien militaire aux pays africains qui cherchent une plus grande efficacité contre des menaces militaires. Celles causées par Al Qaeda notamment. C’est le cas du Mali et du Burkina Faso en Afrique francophone. Et il y avait un potentiel soutien populaire pour des mouvements d’indépendance vis-à-vis de la France comme comme cela a été démontré au Mali puis au Niger et au Gabon.
 
Tout cela n’a absolument pas été appréhendé par nos gouvernants qui n’ont pas pris
conscience que l’ancien ordre établi devait fortement évoluer sous peine d’être totalement
remis en question. L’exemple du Mali où l’opération militaire Barkhane engagée à la demande des autorités maliennes de l’époque, 2013, pour combattre les djihadistes d’Al Qaeda au Sahel, précisément dans la zone qui fait actuellement l’objet de coups d’État militaires en série, a été menée de manière tellement maladroite qu’elle nous a aliéné une bonne partie des populations et a conduit indirectement à la prise de pouvoir par une junte militaire qui nous est hostile.
 
Le double jeu des USA dans cette Afrique francophone
 
Les USA maintiennent une forte présence en Afrique à travers des bases militaires ainsi qu’un certain nombre d’activités, particulièrement avec des Laboratoires de Biologie dont les programmes de recherche, comme d’autres dans le monde et notamment en Ukraine, comportent d’importantes zones d’ombre. Il apparaît qu’il y a d’importants volets militaires dans ces programmes d’études. D’ailleurs il ne fait guère de doute aujourd’hui que le virus Sars-Cov-2 est bien une création de laboratoire.
 
Le but des USA est principalement de maintenir leur présence dans cette partie d’Afrique et d’y contenir les avancées russes et chinoises. Ils y organisent également un mode de ‘colonisation’ qui leur est propre, c’est à dire avec des bases militaires importantes, un régime marionnette que leur ambassade manipule et l’instauration d’une société très inégalitaire. C’est ce qu’ils appellent l’implémentation de la « démocratie ».
 
D’une manière souterraine quoique très apparente les USA ont pour objectif, orchestré par la grande amie de l’Europe l’ultra neocon Victoria Nuland, le débarquement de la France de sa zone d’influence en Afrique.
 
Il a été noté que quasiment tous les hauts militaires au cœur des coups d’état dans cette
région de l’Afrique de l’Ouest avaient été formés dans une école de guerre américaine au Panama, puis dans l’état américain de Georgie. Cela ne garantit pas un contrôle total de ces régimes militaires qui sont aussi soumis à la pression populaire, mais cela offre des perspectives d’influences.
 
Alors que Macron s’était imprudemment avancé sur une action militaire directe au Niger afin de réinstaller le pouvoir que la France contrôlait, Victoria Nuland s’est déplacée en personne pour instaurer un dialogue avec la junte militaire nigerianne. Une forme de désaveu qui pèse actuellement sur l’évolution politique et militaire au Niger.
 
La situation actuelle dans cette zone de la Françafrique
 
La France après avoir réalisé qu’elle ne pourrait intervenir militrairement elle-même a tenté de mettre sur pied une action militaire dans le cadre de l’ECOWAS qui est une organisation économique rassemblant de nombreux pays africains de la région, le pays au poids majoritaire y est le Nigéria, et qui fonctionne avec une commission. L’ECOWAS a formulé le 30 juillet dernier une menace d’intervention militaire assortie d’un ultimatum sur sept jours. On peut constater que le délai de cet ultimatum est très largement dépassé. C’est la marque des problèmes profonds que rencontre cette option militaire qui serait désastreuse dans une large zone autour du Niger.
 
Parmi les problèmes il y a le fait que cette menace militaire a rassemblé plusieurs pays au
soutien des militaires nigérians, dont l’Algérie ainsi que le Mali et le Burkina Faso qui ont été jusqu’à assurer le Niger de leur soutien militaire avec en arrière plan l’armée Wagner.
 
Pour le principal acteur du côté ECOWAS, le Nigéria, il y a aussi le fait qu’un tel engagement militaiere pourrait être désavoué par une partie de sa population et que cela pourrait l’affaiblir dans sa lutte contre les djihadistes de Boko Haram.
 
Enfin l’attitude pour le moins ambigüe des USA qui ne soutient pas la France et suggère
plutôt une voie diplomatique, complète naturellement les réticences vis à vis de l’action militaire brutale. Samedi 2 septembre une grande manifestation populaire devant la base militaire française au Niger est venue réclamer la fermeture de cette base et le départ de la France. On remarque que la base militaire américaine n’est pas concernée. Peut-être est-ce
le prix que la junte militaire paie pour obtenir le soutien occulte des USA ? Les USA craignent sans doute, à juste titre, qu’une action militaire même concluante formellement pourraient provoquer une telle onde de choc dans ces pays et au delà puisque l’Algérie se sent très clairement concernée, que leurs intérêts pourraient en souffrir.
 
Si l’intervention militaire n’est pas à exclure chaque jour qui passe l’éloigne un peu plus du paysage.

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