La déconfiture de l’esprit critique

par ddacoudre
vendredi 10 mai 2019

 La liberté d'expression se restreint comme peau de chagrin.
 Quand quelques citoyens sont descendus dans la rue pour soutenir Charlie, c'était l'engouement presque une redirection, voire une résurrection, le droit de blasphémer. Nous allions retrouver des Coluche, des Martin, des Desproges tous ces irrévérencieux qui aimaient les hommes avant tout, fier de l'esprit critique. Occultistes de leur temps ils en ôtaient toutes les pailles à l'eau bénite de notre dame de l'humour. Où est Pierre Pechin qui disait que les Français lèvent les bras et les arabes fouillaient dans leurs poches.
C'était sa manière à lui de dénoncer avec humour les contrôles au faciès, la xénophobie. 
 Aujourd'hui l'on ne peut plus dire que les oiseaux font cui cui en passant au dessus d'un four, qu'à Marseille les melons se ramassent sur les échafaudages, que les Français aiment les coqs parce qu'ils ont les pieds dans la merde, et j'en passe, nous en avions et il y en avait pour tous, sans que quiconque ne se fâche.

 Qu'est-ce donc qui est venu pourrir cet humour pour en faire des sources ou des signes de reconnaissances, d'ostracismes ?
 On ne les raconte plus pour se moquer, être irrévérencieux, mais pour blesser, avilir ceux que l'on moque.
Thierry le Luron croulerait sous les procès pour injure à la fonction présidentielle. Heureusement qu'il est décédé avant la nomination de Sarkozy au ministère de l'intérieur. 
Mais Dieudonné n'y a pas coupé avec Valls. Engagé politique il passe de la gauche à l'extrême droite et s'il se positionne anti système et antisioniste (anti création de l'État israélien) son humour sert de défouloir aux antisémites et autres homophobes, arabophones.


Il représente un glissement que n'avait pas fait Guy Bedos qui était connu pour son engagement à gauche sans pour autant y sacrifier sa profession.

Dieudonné a fait un autre choix, il en est libre, il est libre de se moquer, d'être irrévérencieux
 Mais il se doit de respecter l'intégrité de ceux qu'ils moquent et non d'être par son métier un appel à l'ostracisme. Je n'émets aucun jugement car je ne dispose pas des moyens de le faire au fond, si ce n'est de dire que la liberté d'expression n'est pas l'art d'insulter les autres, ni celui d'appeler au meurtre.
 Par contre la satire a pour objet de dire tout ce qui fait bouillir la cocotte pour pas qu'elle explose.
 Comme le carnaval était le seul moment dans l'année où l'on pouvait moquer ou brûler les puissants et les Rois.
 Aujourd'hui ce sont des festivités commerciales.
 Les Muppet show, les Guignols ont quitté les écrans de télé. Rire est devenu du luxe. Un puritanisme crade de la bien "pensance" s'est installé et dans le même temps le Net draine toutes les haines que l'on ne veut pas voir.
 
 Notre école de l'égalité de chance s'est courbée devant la comptabilisation, trop cher de s'instruire pour faire des citoyens éclairés et honnêtes, il faut des outils productifs.
 Là où la complexité du monde demanderait de prendre le temps d'instruire par de petits groupes, l'on amasse à trente par classe, tant pis pour ceux qui ne peuvent pas suivre, l'écrémage fait partie de la sélection capitaliste rien à foutre de l'égalité républicaine.
Rien à foutre de l'esprit critique, l'important est de savoir cracher sur les autres et dans le même temps fier de son molard, se faire en- - - er par ceux que l'on a cru salir par ce que l'on est trop sot pour voir comment ils nous le mettent.

On ne fait pas de la politique avec des calambours, avec des histoires, en étant irrévérencieux, avec de la satire, avec le carnaval, faut leur laisser la place qui est la leur, relativiser l'existence en se moquent de tout. 
Reste à ceux qui se sentent blessés de le dire par les mêmes moyens des mots. 

Les moyens de communication moderne libère la parole et en même temps la pensée biaisé de chacun de nous. Ce qui ne se voyait pas s'affiche sur le Net.

Curieusement au lieu de constater les résultats de notre éducation nous ne pensons qu'à sevir et limiter le droit d'expression.

Cela va devenir critique. 30 ans de politique social démocrate guidée par les financiers ont libéré et décomplexé extrême droite et a donné aux valeurs fascisantes pignon sur rue.

Et que tous les Sarkozy, les Valls comprendront qu'on ne lutte pas contre l'ostracisme, la xénophobie, le racisme, l'arabophobie, etc., par des interdits, mais par une éducation et une instruction par un nombre d'élèves par classe convenant à enseignement et non à la comptabilité.
Que l'on ne lutte pas contre l'économie souterraine par le chômage moins indemnisé pour faire baisser les charges des entreprises qu'elles ne paient pas et qui leur servent de prétexte pour grossir leur capital.
Il y a du travail à en manquer de main d'oeuvre. Nous n'apprendrons pas cela dans les show de Dieudonné ou d'un autre, ni dans des tweets sur le Net encore moins en crachant sur les autres ou en interdisant la parole.

À vouloir des employeurs pour gèrer le pays, nous en aurons leur dictature.


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