La démocratie « participative » … un piège à « gogos » ?

par Marcel MONIN
jeudi 15 septembre 2022

 

 La démocratie « participative » … un piège à « gogos » ?

 

Depuis quelques années un concept se répand : celui de démocratie « participative ». Auquel les juristes (au moins ceux qui jonglent avec des théories, imaginent des concepts en changeant de vocabulaire, ou simplement se mettent au service d’autrui), commencent à conférer une existence (1) .

 

Les citoyens qui souffrent des conséquences de la mise en place (méthodique) par les élites de la nouvelle société obéissant à la loi du marché (Maastricht, Lisbonne et quelques autres traités) et pratiquant de nouvelles conceptions de l’Homme (mode de gestion de ce dernier par l’élite, transformation de ses rapports avec l ‘Etat, rapports des individus entre eux) (2) voient de plus en plus qu’on les prend pour des sots. Surtout que les techniques de manipulation sont utilisées par les gouvernants en place de manière si visible, (v. pendant la « crise » du covid), que les citoyens - même non lecteurs d’E. Bernays ou de quelques autres spécialistes de ces techniques-, s’en rendent compte.

 

Par ailleurs, les gens ont fini par constater (avec une résignation au moins provisoire) que les élus, une fois qu’ils ont le poste, font tout autre chose que de se comporter en mandataires des citoyens (3). Et que la démocratie « représentative » connaît de ce fait une pratique qui tient de la farce. 

 

L’idée de « créer » ce qui serait une troisième forme de démocratie, la démocratie dite « participative », et d’y faire croire, est donc astucieuse.

Parce qu’elle procure à des individus savamment recrutés, et censés être représentatifs de ce que pensent ou penseraient les citoyens dans leur ensemble, des espaces de défoulement : « grand débat », « assises de … », « Etats généraux de … », « carrefour de … », « conférence sur … », « CNR » (sic) (4), « convention citoyenne », etc …

Espaces qui sont moins dangereux pour les tenants du régime en voie d’installation, que la descente dans la rue ou l’occupation des ronds points. Et dans lesquels les gens conviés, calmes, polis et ayant accepté le rôle, sont fiers d’avoir été choisis. Et sont contents de s’exprimer (surtout si le président de la République est présent à ce moment là et peut s’y faire applaudir en déclarant à ces fins ce que l’auditoire attendait d’entendre). Participants qui sont ravis de croire que leur bonne volonté et leurs propositions orales ou écrites serviront à quelque chose.

 

Bien évidemment, les questions mises à l’ordre du jour de ces rassemblements portent sur des questions secondaires. Et jamais sur la remise en cause des règles sociétales de Maastricht ou de Lisbonne - et issues également d’autres traités -, pas plus que sur les décisions prises, comme par exemple celles portant sur la transformation en cours des services publics. Et, d’autre part, les organisateurs se réservent évidemment la liberté de traduire ou non en décisions (décrets ou lois) ce qui a été évoqué dans ces espaces.

 

Il ne s’agit donc pas de démocratie (qui suppose des décisions voulues et décidées par et pour le peuple), mais de la banale mise en œuvre d’une technique de manipulation … A ajouter aux autres (5).

 

Le président de la République, qui organise à la chaîne ce genre réunions (il a d’ailleurs déclaré qu’il s’y lançait « à gogo »), a manifestement vu le profit qu’il pourrait tirer de l’exploitation du concept.

 

Peu nombreuses à ce jour sont les personnes conviées à ces opérations qui se sont rendu compte du rôle qu’on voulait leur faire jouer, et qui ont décliné l’invitation à y participer.

 

L’avenir dira si l’astuce « marchera » ou si elle contribuera au contraire à inciter un peu plus de citoyens à la réflexion.

 

 

Marcel-M. MONIN

m. de conf. hon. des universités.

 

 

(1) Comme ils l’ont fait avec le « droit d’ingérence », trouvaille des supporters et des agents des USA. USA qui avaient besoin, pour leurs affaires et leurs manoeuvres, de ne pas respecter les principes du droit international ( - principe du respect de la souveraineté des Etats et - principe de la non ingérence dans leurs affaires intérieures).

(2) Si l’on relie diverses réformes entre elles, on s’aperçoit que les élites installent, entre autres, une conception très nouvelle de l’Homme, de sa « gestion » … rationalisée ( « passe sanitaire », dossier médical sur internet, etc… ) , et même de sa vie : un enfant né garçon peut réclamer être fille (et vice-versa), des personnes de même sexe peuvent juridiquement engendrer, une femme a le droit de décider d’avorter d’un enfant viable ; on pourra bientôt liquider un être humain à la seule condition que celui-ci le demande, ou, demain, … ne s’y oppose pas. Ce qui, dans la gestion de la vie et de la mort, , s’ajoute (dans la même logique) aux refus des services d’urgence de transporter ou d’accueillir des personnes, au motif que ces dernières ont dépassé un certain âge.

(3) Ce qui est le cas -caricatural- depuis 1992, puisque les élus (président de la République, parlementaires) ont l’obligation de mettre en œuvre des règles qui mettent nécessairement en place une société d’un genre nouveau puisque cette dernière doit être régie par la loi des marchés. Faux « représentants » qui sont en droit et en fait (sans quoi ils ne seraient pas soutenus dans leurs campagnes électorales) les mandataires de ceux pour lesquels ces règles ont été rédigées.

(4) Le controversé président de la République actuellement en place a d’ailleurs déclaré qu’il s’y lançait « à gogo » (d’où le titre). Selon l’opinion de certains, il ne fallait pas « manquer d’air » pour utiliser pour une de ces opérations, le même sigle que celui du CNR de la « Résistance ».

En revanche, le terme de « refondation » nous paraît fort bien choisi. Puisqu’il ne s’agit pas de revenir au passé : le terme « refondation » serait le cas échéant inapproprié et la dénonciation par les dirigeants des « nostalgiques du passé » (ceux qui voudraient revenir à l’état de la société d’avant Maastricht), n’aurait pas de sens. Il s’agit nécessairement d’asseoir la société actuelle sur des fondations (autres) et à … préparer à travers ce genre de débats (ou ce tour de passe-passe) , la population à cette substitution.

(5) Ce qu’il convient de distinguer des initiatives prises par certains maires qui ont la volonté, ainsi que leur conseil municipal, de décider « juste » en consultant les administrés concernés par une question. Voire en déléguant à ces derniers des sommes à gérer.


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