La dictature en marche

par Jean-Paul Foscarvel
dimanche 24 mars 2019

Nous y sommes. 

Le « Grand débat », c’est à dire le monologue présidentiel, est fini.

Du bas de la populace au haut des grands philosophes, tous se sont exprimés. À tous a répondu au micro le macron*, montrant par là son indépassable supériorité.

Il est non seulement le chef de l’État, mais celui qui a réponse à tout, l’omniscient.

C’est sur France Culture (radio macron), que le comble a été atteint.

Le « débat » a consisté à une intervention par intellectuel, suivi de la réponse présidentielle autocratique. Il est donc au-dessus de tous les intellectuels français.

Il a ontologiquement raison, donc aucune contestation n’est possible. Les GJ sont donc parfaitement illégitimes, il faut donc interdire leurs manifestations.

Après voir tout fait pour délégitimer le mouvement, l’infiltrer de casseurs immunisés et de tirer sur ceux qui manifestent en paix, il convoque l’armée. Le peuple est-il l’ennemi du macron ? Va-t-il ouvrir des stades pour enfermer les Gilets Jaunes ?

Aucune revendication n’a été entendue, le grand débat n’est qu’un grand monologue. Et le mouvement que d’aucuns envisageaient comme fini perdure.

Ce ne sont pas les privatisations, l’abolition prévue de la retraite, la continuation de la destruction systémique et systématique de la France qui vont apaiser le mouvement. Bien au contraire, et l’intervention militaire contre le peuple n’y changera rien.

Reste à interdite l’expression du peuple, le bâillonner, voire l’abolir.

Mais même si les manifestations sont interdites, et les militaires protègent les biens des riches, des moyens d’agir subsistent.

Dans le contexte actuel de regards internationaux, le gouvernement français ne peut instaurer une dictature totale, il est obligé de composer, comme il l’a fait avec le Grand Monologue.  Certes c’était du vent, mais la dénonciation de cette hypocrisie fait partie du combat contre la marche arrière.

Même les pires dictatures peuvent tomber. Lorsque Pinochet a cru se légitimer internationalement par un pseudo-référendum où les partisans du non (NO) n’avaient qu’un quart d’heures par jour contre le reste à Pinochet, ce quart d’heure bien employé a suffit pour faire chuter la dictature. Le fait de convoquer l’armée et d’envisager de tirer sur la foule montre à quel point le gouvernement est acculé et ne comprend rien à la dialectique de l’histoire.

Tout est possible aujourd’hui, et si le gouvernement est en manque d’imagination, revenant à des pratiques que l'on croyait oubliées, la fluidité du mouvement permet de contourner la dictature en marche jusqu’à sa chute.

 

 

* macron est sans majuscule car il est sans majesté. De plus, un macron est un petit tiret au-dessus d’une lettre utilisé dans certaines langues dont certaines anciennes. Comme ce tiret, le macron présidentiel est raide et inutile pour le français.


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