La finance se moque du premier tour des élections

par karl eychenne
vendredi 8 avril 2022

Les marchés financiers se moquent éperdument de ce premier tour des élections. L’investisseur n’a jamais été aussi hermétique au politique français qu’aujourd’hui.

Inutile de creuser, vous ne trouverez rien. Aucun signe tangible d’une quelconque influence de ce premier tour des élections françaises sur les marchés financiers. Evidemment, à force de fouiner, vous finirez bien par trouver quelque actif exotique dont les performances trahissent quelque chose qui ressemble à un effet « premier tour ».

Mais en ce qui concerne les principales classes d’actifs suivies par l’investisseur de la rue, rien. Aucun signe manifeste de défiance envers la France. Vous pouvez regarder les performances des actifs traditionnels, celles du CAC 40, de l’OAT 10 ans, comparer tout cela aux performances réalisées par les homologues européens, vous n’y décèlerait aucune anomalie particulière.

Et attention à l’erreur d’analyse. Que les marchés financiers français surréagissent relativement aux marchés allemands, c’est entendu. Ils n’ont pas attendu ce premier tour pour cela. Cela fait bien longtemps que les marchés français se montrent plus sensibles que les marchés allemands aux cycles économiques ou aux changements de politiques monétaires. Mais que les marchés français surréagissent plus que d’ordinaire aux marchés allemands à l’approche des élections, là c’est autre chose. Or, ce n’est pas le cas.

 

L’Homme de la finance : « Les élections françaises ? C’est quand au fait ? »

Il n’y a aucun signe évident démontrant que l’investisseur se montre aujourd’hui plus rétif à détenir un actif financier français plutôt qu’un autre. En langage financier on dira que l’investisseur n’exige pas de prime de risque spécifique à l’approche du premier tour des élections françaises.

L’investisseur français, ou d’ailleurs, semble complètement indifférent aux élections. L’investisseur est-il convaincu que ce premier tour est plié d’avance ? Que le conflit Ukrainien vampirise toute l’actualité ? Que le biais plus restrictif de la politique monétaire américaine est un sujet bien plus préoccupant ? Toutes ces réponses sont recevables. Mais la réponse la moins agréable à entendre est peut être celle là :

Cela fait bien longtemps que les rendements des actifs financiers français n’ont pas de couleur politique.

Macron, Hollande, Sarkozy, Chirac, Mitterrand, Mitterrand… autant de mandats qui n’ont pas ou si imperceptiblement laissé leur empreinte sur les performances des marchés financiers français. Le changement de couleur politique est passé pour une curiosité sympathique, un moment récréatif.

Il ne s’agit pas d’en déduire que tous ces personnages politiques sont interchangeables, insignifiants, voire inexistants du point de vue la finance. Mais il ne s’agit pas non plus de douter de la santé mentale de l’investisseur qui serait suspecté d’adiaphorie, cette absence d'intérêt pour ce qui se passe. C’est juste que les politiques n’ont jamais susciter un trouble tel que l’investisseur soit incité à défier le marché français.

Soyons honnête quand même. Il peut arriver que, très ponctuellement, une déclaration ou un tweet un peu inattendu, agressif, ou farfelu d’un personnage politique majeur ait pu provoqué quelque zizanie sur les marchés : « nous ne rembourserons pas la dette », ou bien « nous sortirons de la zone euro »… Mais il faut alors que le marché n’ait vraiment rien à se mettre sous la dent pour prêter une telle attention.

Reconnaissons enfin qu’il existe des marchés financiers où le rendez-vous électoral suscite un peu plus d’engouement, les Etats-Unis donc. Une certaine branche de la finance s’attardera alors sur le phénomène, et relèvera deux faits stylisés pour matière à réflexion :

On en est pas là en France.


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