La FNSEA sonne l’hallali contre Lactalis

par VICTOR Ayoli
lundi 22 août 2016

Les requins se boufferaient-ils entre eux ? Olé !

Le lait des producteurs français acheté par le principal industriel français, Lactalis, au prix du lait indien ! 0,25 euro le litre soit 250 euros la tonne. À rapprocher des prix de 2010 qui étaient de 295 euros, déjà en dessous du prix de revient générant un simple salaire au SMIC pour l’exploitant. Lactalis paie 25 à 30 euros de moins que la concurrence. Les producteurs estiment qu’il faudrait que le prix du lait atteigne 386 euros la tonne pour être très modérément rentable.

Mais comme le groupe Lactalis, numéro Un européen est le plus puissant, les contrats qu’il a signés avec les producteurs contraints et forcés le confortent dans son approche uniquement mercantile de ses rapports avec la production.

Lactalis se justifie en arguant de la chute des cours et de la surproduction mondiale. Surproduction organisée à partir de l’abandon des quotas laitiers par l’Union européenne, favorisant les usines à lait (les « fermes 1 000 vaches ») qui sont pléthore en Allemagne, aux Pays-Bas et au Danemark et qui sont plutôt d’ailleurs des fermes à 5 000 vaches. Les 90 laitières broutant de la bonne herbe de la Margeride de mon voisin estival Hervé ne font pas le poids…

Les producteurs de la FNSEA, aux abois ont décidé d’une épreuve de force avec Lactalis. Ce lundi 22 août, à l’appel de leur syndicat, ils assiègent les bâtiments du groupe à Laval, empêchant toute entrée et sortie de produits.

Pourtant, dans des publicités multisupports, Lacatalis met en avant la qualité du lait français et le savoir-faire des producteurs. Une manière de se ménager la presse, grâce à des budgets pube généreux… que l’on peut suspendre en cas de « mauvais articles »…

Lactalis est pourtant l’exemple d’une petite PME familiale de province – Besnier - qui a brillamment réussi en se hissant au premier plan tant européen que mondial. Chapeau ! Oui mais on ne réussit dans ce monde sans pitié, sans foi ni loi des multinationales qu’en piétinant allègrement ses sous-traitants et ses producteurs. Et qu’en agissant souvent aux limites de la loi. Ainsi, en 2000, le groupe, qui s’appelait encore Besnier, a été condamné pour « fraude sur le lait et publicité mensongère » pour mouillage (ajout d’eau) systématique du lait de consommation. En décembre 2012, le Canard enchaîné dénonce les pratiques du groupe, l’accusant de vendre du lait UHT pour du lait frais pasteurisé, au prix bien plus élevé. Cette fraude a été découverte en 2010 lors d’un contrôle d’une laiterie dans l’Ille-et-Vilaine par la répression des fraudes. Le parquet de Rennes n’a cependant pas donné suite à leur rapport en raison d’un vide réglementaire. En mars 2015, l’entreprise est condamnée dans l’affaire dite du « Cartel du yaourt », pour entente illicite sur les prix et les appels d’offres pour produits laitiers frais vendus sous marque de distributeur à une amende de 56,1 millions d’euros, par l’Autorité française de la concurrence. Le groupe a aussi tenté de faire modifier par l’INAO (institut national des appellations d’origine) le cahier des charges très strict des AOC (appellation d’origine contrôlée) fromagères afin de pouvoir vendre sous ce label prestigieux ses camemberts industriels au lait pasteurisé ou thermisé. Lactalis a perdu mais dans es rayons des grandes surfaces, il faut vraiment avoir l’œil exercé pour trouver des vrais camemberts (portant le logo AOC ou AOP) au milieu des flopées de fromages industriels agrémentés de belles images et de mentions ne voulant rien dire…

Pour aider les producteurs, quelques supermarchés boudent les produits Lactalis. Dans le même esprit, nous, consommateurs, pouvons éventuellement ne pas acheter les fromages President, Rouy, Lanquetot, Bridélight, Galbani, Rondelé, Munster Les petits amis, Chaussée aux moines ; ou aussi les beurres et crèmes Président, Bridélice, Bridélight, Primevère, Le Marin ; ou encore les produits laitiers La Laitière, Yoco, Flanby, Sveltesse, Viennois, Yaourt à la grecque, Kremly, B’A, Bercail, Chambourcy,Bidel ; et même les produits AOC Pochat, Istara, Beult, Salakis, Lanquetot, Société (eh oui, les célèbres Roquefort…), Boule d’Or, Lou Pérac, Le Roitelet, Ragui, Le pont de la Pierre. Etc.

Bon. Ben reste plus qu’à acheter une vache, tirer son lait, faire son beurre, sa crème, ses yaourts, ses flans, ses fromages.

Et pourquoi pas ?

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