La France, leader européen des écoles de commerce. Pourquoi ?

par Salina
jeudi 14 septembre 2006

Cette semaine, le Financial Times, organe ultralibéral (je m’en excuse pour les communistes pratiquants ayant survécu à la lecture de mes précédentes chroniques sur AgoraVox), le Financial Times donc a publié son ranking annuel des meilleurs business school européennes. Plus exactement des meilleurs masters in management (MIM), diplôme Bac+5 dispensé par les écoles de commerce ou les business school d’Europe. De même que l’an dernier, c’est une école française, HEC, qui est classée première européenne. Et le reste du classement voit une forte prédominance des écoles françaises : ESCP 3e, Grenoble 4e, Essec 6e. (Disponible ici (pdf)).

Comme d’habitude, il faut garder les pieds sur terre et ne pas perdre de vue la variabilité et la subjectivité de ces classements. Mais pourquoi bouder notre plaisir en comparaison avec le classement d’une université chinoise qui avait placé en 46e position mondiale la première université française... Les grandes heures de la Sorbonne et de Robert de Sorbon au Moyen Âge sont décidément bien loin...

Comme par hasard, les recettes appliquées par HEC et les autres écoles sont simples et connues depuis longtemps :

Résultat : des diplômes reconnus, des salaires élevés (20% de plus pour les diplômés d’HEC que pour ceux de la prestigieuse London School of Economics !) et des diplômés qu’on s’arrache à l’étranger : Un tiers des étudiants d’HEC toujours débutent à l’étranger, souvent pour ne jamais revenir.

Comme par hasard toujours, les universités françaises qui ont sombré dans les abîmes des classements mondiaux appliquent exactement l’inverse :

Pourquoi une telle différence et de tels choix absurdes ? La réponse est crystal clear dirait nos amis Anglo-Saxons, claire comme de l’eau de roche : les écoles de commerce sont autonomes, peuvent développer leurs spécialisations. Poussées par la concurrence qui existe entre toutes ces écoles (comment attirer les meilleurs élèves de prépa ? Les meilleurs professeurs ?), elles innovent et deviennent plus compétitives ; grands gagnants, les élèves qui sont formés à des métiers demandés. Pauvres facultés à côté, prisonnières d’un système rigide qui forment des élèves déprimés au chômage : 50% des étudiants en psycho d’Europe sont français..

Alors un peu de courage mesdames, messieurs les candidats à la présidentielle de 2007. La solution n’est pas si compliquée si l’on veut sauver nos universités et nos jeunes : plus d’autonomie pour les universités, rétablissement de la sélection à l’entrée pour aiguiller les jeunes vers les métiers où ils trouveront un emploi ! (C’est criminel de laisser des jeunes perdre deux ans dans une filière qu’on sait bouchée pour des décennies), augmentation des frais de scolarité sur le modèle anglais de prêt remboursable, par exemple, avec des bourses pour les moins favorisés.

Petit rayon de lumière dans ce panorama bien déprimant, un président d’université (sur 120) a le courage de dire un certain nombre de ces vérités qui fâchent, Jean-Robert Pitte, président de Paris IV Sorbonne, et auteur de Jeunes, on vous ment.

Espérons que son appel sera entendu..


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