La gauche a abîmé la gauche !
par Jean J. MOUROT
lundi 27 mars 2023
Jusqu’à ces dernières années, être « de gauche » c’était être proche du petit peuple et désireux d’aller vers plus de justice sociale. Dans la devise républicaine, la recherche d’une liberté dont nous jouissions largement venait après celle de l’égalité et de la fraternité. Aujourd’hui, prime la liberté de faire ce qu’on veut, où on veut, quand on veut, sans se soucier d’autrui. Et la haine de ceux qui ne partagent pas vos « valeurs ».
Certains reprochent par ailleurs à la gauche, aux démocrates et aux défenseurs de l’État de droit d’agir par « idéologie ». Pour eux, seuls eux-mêmes et la droite s’expriment et agissent au nom de « valeurs » !
Malheureusement, la gauche a abandonné le peuple ordinaire, les petits – blancs, bruns ou noirs – pour se mettre au service de minorités se considérant comme opprimées. Et de surjouer le repentir « décolonial », de promouvoir les théories du genre, de reprendre pêle-mêle les revendications des victimes du patriarcat, des homosexuels, transgenres et autres non-binaires en même temps que prioritairement celles des immigrés, des sans-papiers, voire des musulmans radicaux pour lesquels le voile serait un signe de liberté de la femme… Et de promouvoir le véganisme et l’écriture inclusive !
Par ailleurs, alors que la gauche revendiquait jadis le droit de vote pour tous, elle ne réussit plus aujourd’hui à capter les voix du peuple qui vont de plus en plus vers ce que les commentateurs patentés désignent comme « l’extrême-droite », quand le « peuple souverain » ne se réfugie pas dans l’abstention.
Les syndicats ont heureusement conservé des réflexes de gauche à l’ancienne mais ils sont bien minoritaires. La gauche classique, affaiblie par ses renoncements – voire ses trahisons – est devenue inaudible et l’on a vu apparaître une « extrême-gauche » à la volonté hégémonique, qui n’a plus rien à voir avec ce qu’on appelait ainsi autrefois – essentiellement les communistes.
Cette extrême-gauche (qui marginalise les « gauchistes » traditionnels : anarchistes, spontanéistes ou trotskistes de toutes obédiences…) casse tous les codes et revient objectivement au militantisme des sans-culotte, à une époque où la rue dictait sa conduite à la représentation nationale – qui ne procédait pas, il faut le reconnaître, d’un suffrage vraiment universel. On peut avoir actuellement l’impression de revivre une caricature de mai 68 qui risque de se terminer comme ce grand mouvement populaire, c’est-à-dire à droite, dans les urnes. Il aura fallu attendre 13 ans pour que la gauche en tire les bénéfices… avant de se renier en se ralliant à l’idéologie néo-libérale et européiste.
Il est évident que le principal responsable de la « chienlit » actuelle est le président de la République qui s’obstine à vouloir imposer ses réformes contre la volonté populaire. Il n’en reste pas moins que la gauche qu’on entend a du mal à condamner le vandalisme de manifestants qui ne respectent rien et s’en prennent à tout ce qui leur tombe sous la main, à l’encontre bien souvent de ceux qu’ils prétendent défendre !
Cette gauche, unie pour faire élire ses candidats, est d’ailleurs bien disparate dans le choix des « valeurs » à défendre : qu’ont à voir un François Ruffin, un Fabien Roussel avec une Rokhaya Diallo ou une Houria Bouteldja (qui ne fait pas partie de la gauche parlementaire mais de la gauche « décoloniale ») ? Quant à sa conduite au Parlement, elle n’est pas faite pour lui donner la respectabilité qui lui manque.
Où est passé la gauche des Victor Hugo, Léon Gambetta, Jean Jaurès ?
Insoumis d’aujourd’hui, vous avez bien abîmé la gauche éternelle.