La gouvernance mondiale, le viol des démocraties ?

par L’offusqué
mardi 11 mai 2010

Petit à petit, la machine de la mondialisation politique s’installe sans que personne n’y trouve rien à redire. En effet, qui dans l’espace politique français remet en cause le traité de Lisbonne et la manière scandaleuse dont il a été adopté ? Qui s’offusque de la nomination d’un illustre inconnu à la tête de 500 millions d’européens ? Le viol des démocraties ne gêne pas dans les médias et pendant ce temps, les ouvriers de la gouvernance mondiale travaillent sans relâche.

Qu’est-ce que la gouvernance mondiale ? Pour beaucoup, il s’agit d’un moyen de contrôler les excès du monde d’aujourd’hui, et en particulier les dérives financières. En effet, cela ne vous a pas échappé, mais en ce moment, les scandales liés aux banques et aux marchés financiers bourgeonnent comme les arbres au printemps ; et la seule façon d’y remédier serait d’instituer un gouvernement capable d’imposer ses décisions au niveau mondial.
 
C’est en tout cas ce à quoi nous préparent Herman Von Rompuy ( président du Conseil Européen), Nicolas Sarkozy, Christine Lagarde ou bien encore Jacques Attali. Tous ces gens en ont commun ce même projet de gouvernance mondiale. Veuillez remarquer que si ces personnalités nous y préparent, à aucun moment ils ne se sont posés la question de savoir si les gens en voulaient. Et pour cause, ils n’arrêtent pas de présenter cette gouvernance mondiale comme inéluctable et nécessaire.
 
Je cite par exemple Nicolas Sarkozy lors de son discours du16 janvier 2009 au corps diplomatique : "on ira ensemble vers ce nouvel ordre mondial et personne, je dis bien personne, ne pourra s’y opposer. Car, à travers le monde, les forces au service du changement sont considérablement plus fortes que les conservatismes et les immobilismes." Pour Nicolas Sarkozy, les hypothétiques opposants à la GM sont des conservateurs et des immobilistes, par contre il ne lui est jamais venu à l’idée que dans une démocratie, on consulte les gens quand des changements aussi importants peuvent survenir.
 
En ce qui concerne Herman Von Rompuy, le discours est semblable, il dit je cite : "C’est grâce à l’union européenne que le G 20 est né, qu’on a pris l’initiative, nous autres, de créer cet embryon de World Governance. C’est pour la première fois, que les grandes puissances, les nouvelles et les anciennes, se mettent ensemble pour combattre la crise." On a presque envie de lui dire que personne ne leur a demandé de créer cet embryon, mais avec le traité de Lisbonne, ils ont appris à se passer de l’avis des gens.
 
Le discours reste le même, la crise financière est l’élément déclencheur qui nécessite cette GM. C’est d’ailleurs ce qu’explique Jacques Attali le président de Planet Finance, sur le site slate.fr : "Dans notre monde, un événement apparemment marginal peut avoir des conséquences planétaires considérables. Seule réponse, une gouvernance mondiale."(...)"Tel est aujourd’hui le principal enjeu, que si peu de gens veulent comprendre, et que les hommes politiques, dans chaque pays, font tout pour masquer, pour maintenir l’illusion de leur pouvoir : la nécessité d’une gouvernance mondiale." Les hommes politiques n’ont plus de pouvoir, seule solution concentrer le pouvoir dans les mains de quelques personnes qui décideront pour tout le monde. En résumé, encore moins de pouvoir pour les nations qui n’en ont déjà plus beaucoup. Et ces gens-là se disent démocrates, je n’arrive pas à comprendre une telle prise de position.
 
Enfin, notre ministre de l’économie, Christine Lagarde, dans une récente interview donné dans l’Express nous dit ceci : "(...) Le problème est que c’est architechnique (elle parle des systèmes de régulations mis en place par les dirigeants européens) (...) Pourtant, ces sujets très complexes sont au cœur de la crise et nous sommes en train de poser les premières pierres d’une gouvernance mondiale, d’abord économique et financière, et peut-être ensuite politique." Donc, la gouvernance mondiale s’impose surtout pour des raisons économiques ; non pas pour permettre d’instaurer des règles du jeu plus équitables, mais au contraire pour imposer des décisions au niveau mondial sans avoir à consulter les peuples.
 
Car on voit bien comment au nom de la liberté du marché imposée par les américains, on maintient des pays dans un état d’indigence voulu et nécessaire aux profits colossaux des grandes multinationales. Un exemple, le marché du coton. Dans ce domaine, les Etats-Unis bénéficient de subventions qui leur permettent d’être le plus grand exportateur au monde, alors que dans le même temps le coton africain de meilleure qualité subi des pertes énormes à cause de ce protectionnisme qui fausse les règles du marché. Le libéralisme oui, mais quand cela nous arrange.
 
Quand est-ce que le monde économique a pris le pas sur le monde politique ? On voit bien à quel point aujourd’hui l’avenir du monde tient sur un fil très fragile et c’est celui de Wall Street. Pourtant, tous ces gens qui pensent et gouvernent pour nous sont convaincus que la sortie de secours se trouve dans une autorité économique mondiale qui pourra imposer ses règles aux nations et aux peuples. Sous couvert d’une lutte contre les dérives financières, des disparités économiques, ou bien même du terrorisme, ce sont les démocraties et la souveraineté des peuples qui sont en danger. Le jeux en vaut-il la chandelle ? En tout cas, la crise présente de bons côtés pour les mondialistes convaincus.
 

Lire l'article complet, et les commentaires