La grande invasion. Mirage ou réalité ?

par Alain Alain
mercredi 3 juillet 2019

Pendant l'émission de la matinale sur France Inter du mardi 25 juin 2019, Nicolas Bay, député européen du Rassemblement National, déclare que le nombre d'immigrants entrés en France en 2108 s'élève à 450 000, immigrations légale et clandestine ajoutées.

 

D'après le ministère de l’Intérieur, 255 500 immigrants légaux sont arrivés en France en 2018 (chiffre du 15 janvier 2019).

Parmi eux : 89 000 au titre du rapprochement familial, 80 580 étudiants étrangers, 33 220 migrants économiques.

Le nombre de clandestins entrés en France en 2018 s'élèverait donc à 190 000 environ.

On sait que monsieur Nicolas Bay n'exagère jamais aussi peut-on se fier au chiffrage ainsi obtenu à partir de sa déclaration. (450 000 – 255 500)

Combien sont restés en France ? On ne peut pas le savoir mais on peut penser qu'un certain nombre d'entre eux sont passés dans un autre pays, d'autres sont repartis volontairement ou ont été renvoyés chez eux, d'autres reconduits dans le pays européen d'où ils arrivaient (Italie principalement) enfin certains sont décédés pendant leur séjour.

Le ministère de l’Intérieur donne le nombre de 30 276 ayant quitté le pays.

Le solde migratoire pour les clandestins serait donc d’environ 160 000 individus en 2018.

 

Regardons ce qui s'est passé ces dernières années.

 

Source INSEE :

 « En 2015, 44,6 % des immigrés vivant en France sont nés en Afrique. 35,4 % sont nés en Europe. Les pays de naissance les plus fréquents des immigrés sont l'Algérie (12,8 %), le Maroc (12,0 %), le Portugal (10,1 %), l'Italie (4,6 %), la Tunisie (4,4 %), l'Espagne (4,0 %) et la Turquie (4,0 %). Un peu plus de la moitié des immigrés sont originaires d'un de ces sept pays (52 %).

 37,0 % des immigrés arrivés en France en 2016 sont nés en Europe et 35,7 % sont nés en Afrique. Les immigrés arrivés en France en 2016 sont plus souvent nés au Maroc (8,2 %), en Algérie (7,0 %), en Italie (4,5 %), au Portugal (4,3 %), au Royaume-Uni (4,3 %), en Espagne (3,6 %), en Tunisie (3,3 %), en Roumanie (3,2 %) ou en Chine (3,1 %).

 Si l’on prend du recul, on s’aperçoit que le solde migratoire évolue peu depuis une trentaine d’années : il oscille entre 50 000 et 100 000 personnes par an, soit 0,1 et 0,2 % de la population. »

 

2018

2017

2016

2015

2014

2013

2012

58 000

58 000

58 000

40 900

32 300

30 500

100 100

 

2011

2010

2009

72 300

29 500

38 900

Source : Insee, estimations de population et statistiques de l'état civil.

 

Donc, si on fixe la moyenne des soldes migratoires en France entre 50 000 et 100 000, soit 75 000 personnes par an pendant 30 ans, on obtient un total de 2 250 000 immigrants en plus au total sur 66 792 700 habitants, soit 3,3 % de la population !

 

L’immigration, surtout pour ses parts maghrébine, moyen orientale et clandestine, est devenue un thème prépondérant de la propagande politique depuis le discours de Nicolas Sarkozy le 10 juillet 2010 à Grenoble. Auparavant seul le Front National exploitait ce filon. Nicolas Sarkozy par son intervention a validé les arguments avancés par le Front National. Validation que ce parti a su faire fructifier depuis contrairement à Nicolas Sarkozy.

En prenant l’hypothèse la plus haute du solde migratoire de 160 000 par an pendant 10 ans cela donne un total de 1 600 000 clandestins en plus pour 66 792 700 habitants toujours, soit 2,4 % de la population.

 

Ainsi la population allogène* toutes origines et statuts confondus représentent moins de 3 900 000 individus en plus, pour le plus grand nombre sur 30 ans et pour les autres sur 10 ans.

(*arrivée récemment dans un pays)

 

Grande invasion. Mirage ou réalité ? A vous de juger !

 

Alors, pourquoi parvient-on à faire croire que cette grande invasion est réelle ?

 

Par un effet de loupe rendant cette population plus visible et en créant la confusion dans les esprits.

 

 Effet de loupe.

Un, on ne fait pas la distinction entre ceux qui sont français pour avoir obtenu la nationalité française ou pour être nés sur le territoire national. Ainsi la masse des étrangers en France apparait beaucoup plus importante. En particulier pour les électeurs du Rassemblement National pour qui immigrant est synonyme d’arabe.

Deux, par la concentration dans certaines cités et certains quartiers autour des villes où forcément on ne voit qu’eux.

Trois, le retour vers les traditions et les pratiques religieuses ; pour les musulmans par exemple, pratique du ramadan, port du voile, de la barbe, de la djellaba, multiplication des mosquées, etc.

Quatre, parce que attentats, insécurité, trafiques et rébellion dans les quartiers, radicalisation, retour des terroristes ou de leurs enfants, nombre d’étrangers emprisonnés inondent les médias qui trouvent là des sujets qui font vendre.

Cinq parce que les politiques se sont lancés à la chasse aux électeurs avec comme armes, la peur, le nationalisme, la xénophobie à courte vue, de l’extrême droite au centre droit renchérissant dans l’insupportable pour nous français de souche, de souche mais plus ou moins récente.

 

 Confusion dans les esprits.

Toutes les analyses sociologiques ou historiques faites sur le sujet ont montré qu’il n’y avait pas de lien de causalité entre origine des immigrés et insécurité, criminalité ou délinquance.

La confusion vient du fait que les grandes vagues d’immigration à leur début conduisent à des situations de pauvreté, de concentration territoriale, de repli communautariste.

Et ce sont ces circonstances qui amènent au banditisme certaines communautés par nécessité économique et instinct de survie, exemple : à diverses époques, les noirs issus de l’esclavage, italiens, irlandais, asiatiques aux Etats Unis.

De même la misère des autochtones conduit au même processus : la mafia en Italie, les favelas au Brésil, etc.

Le forum économique mondial, dans un rapport du 16 octobre 2018, confirme que la criminalité est liée à la pauvreté du pays en dehors de tout problème d’immigration, exemples cités : la Guinée, la moitié de la population dans la pauvreté ; République dominicaine, un tiers de la population dans la pauvreté.

 

Finalement, ce sont essentiellement les politiciens de toutes les droites qui insufflent et entretiennent cette confusion pour rendre crédible leur propagande contre l’immigration et pour expliquer leur incurie en matière économique en faisant des immigrés des boucs émissaires.

 

Alors ? Grande invasion. Mirage ou réalité ?

Pour moi c’est mirage et même enfumage.

Et pour vous, maintenant ?

 

Après, il est indéniable qu’une frange de la population immigrée est beaucoup impliquée dans certains problèmes d’insécurité, comme d’autres le sont pareillement sur des registres différents.

En tout cas ce n’est pas à cause de leur origine étrangère ou de leur culture. Excepté quand, dans celle-ci, leur engagement religieux est radical.

Un des motifs des plus grands crimes contre l’humanité de tout temps, le fanatisme, l’intégrisme religieux. Au nom d’une entité hypothétique !


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