La « Grande Union », une impasse
par PierreC
jeudi 22 mars 2007
Il n’en démord pas, Lou Bayrou. Il continue à imaginer une Grande Union, envers et contre tout, et notamment contre la raison et le danger potentiel d’un tel gouvernement pour notre démocratie. je m’explique.
Sur mon blog, j’avais déjà exprimé ma méfiance à l’égard d’un projet de gouvernement complètement inadapté à la situation de la France aujourd’hui. La France d’aujourd’hui, elle est confrontée à des fractures, à des inégalités de plus en plus nombreuses, et aussi de plus en plus politiques (Europe, libéralisme, fiscalité, par exemple). Le projet de Bayrou (s’il est élu) nous place face à trois possibilités.
La première, et sans doute la moins mauvaise, c’est un gouvernement minoritaire obligé de composer une fois avec sa droite, une fois avec sa gauche, pour voter des lois. Bien entendu, au premier CPE, les intérêts particuliers et la discipline de parti auront raison de ce gouvernement fragile, et une motion de censure sera rapidement expédiée. Je me demande d’ailleurs comment, dans cette configuration, se tiendrait sa seconde campagne référendaire sur le traité constitutionnel qu’il appelle de ses voeux. Il y aura toujours des Fabius pour trahir leurs idéaux pour leur petite ambition personnelle. Et je pense que ce genre de déchet de la politique ne sera que multiplié dans ce type de régime. Outre évidemment que du coup le gouvernement minoritaire est un terrible appel d’air à tous les médiocres de France pour avoir un "poste". Vous imaginez un gouvernement de Doustes ou d’Aubrys, vous ?
La seconde, c’est un gouvernement composé d’une majorité présidentielle essentiellement composée de députés sortants élus par un concours de circonstances (Le Pen au second tour en 2002 et nécessité alors d’une majorité présidentielle après cinq ans de cohabitation). Autant dire une majorité plutôt à droite, qui fichera le camp à la première difficulté, ce qui signifie une cohabitation permanente. Le pied.
La troisième, c’est évidemment la situation de Giscard en 1974. Le soutien d’une grosse machine politique, comme l’UDR d’alors. Mais Giscard s’assumait vraiment du centre-droit, lui. Et qui jouera le Chirac d’alors ? Sarkozy, alors même qu’il aura été battu à la présidentielle ?
Dans ce tourbillon de cas de figure, une certitude : les nécessaires débats de fond à aborder au sein de la société, les réformes volontaristes à mener, le changement d’état d’esprit à installer, ne seront qu’inexistants. Au mieux remplacés par des querelles de clocher et des disputes purement politiciennes, qui passeront totalement à côté des vrais sujets. Et pendant ce temps-là, le monde tournera, se réformera, se lancera dans le XXIe siècle, en courant.
Je n’aime pas Nicolas Sarkozy. Ni sa personalité, ni ce que je vois de l’UMP à mon petit niveau local de Boulogne. Mais je suis sûr d’une chose ; Sarkozy élu, il y aura du débat, il y aura un combat de boxe démocratique, des upercuts et des directs fournis d’arguments, et des collisions (et, qui sait, des collusions ?) d’idées. De débat, de dialogue.
La vie en démocratie, quoi.