La haine des médias

par ddacoudre
mardi 6 mars 2018

« Si la haine des médias et de ceux qui les animent est juste et saine, elle ne doit pas nous empêcher de réfléchir et de penser notre rapport à eux comme une question qui doit se traiter rationnellement dans les termes d’un combat. À chaque attaque, sa réplique particulière. Beaucoup d’amis n’ont pas encore compris que nous n’avons pas d’autre adversaire concret que le « parti médiatique ». Lui seul mène bataille sur le terrain, en inoculant chaque jour la drogue dans les cerveaux. Ce ne sont pas les autres militants politiques, ceux des autres partis. Ils sont inexistants sur le terrain et restent à portée de polémique. Le parti médiatique, je l’ai dit, est sans recours. Sa condition de survie est de le rester. D’ailleurs, le but du parti médiatique est de détruire tous les autres « émetteurs » de pensée : parti, syndicat, autorité morale de quelque nature qu’elle soit. Tout est bon alors pour atteindre ce but. Tout. C’est un pur effet de système. Le moindre journal comporte au moins chaque jour une « révélation », incontrôlable, destinée à salir quelqu’un vivant ou mort. La méthode est ample. Pas un jour une information qui donne la pêche, rend confiant dans l’humanité, fait croire au futur. La peur et le dégoût comme nourriture quotidienne, c’est le terreau du pouvoir médiatique qui vous « révèle » ce que personne ne veut que vous sachiez. Le pouvoir médiatique est d’essence complotiste. » https://melenchon.fr/2018/02/26/le-coup-monte-du-service-public-contre-la-france-insoumise/

Cette analyse de Mélenchon sur le pouvoir de la presse est juste, mais il n’est pas le seul à se plaindre d’eux quand l’on écoute Marine le Pen, à la différence que leurs intérêts ne convergent pas. Sur radio sud hier après-midi (le 04 03 18) un chroniqueur relevait cet état de fait et soulignait que c’était une pratique devenue courante, que des hommes politiques rendent les médias responsables du sort qu’il leur est fait au fur et à mesure des affaires qui sont soulevées chez les uns ou les autres.

Alors, nous pouvons nous interroger sur cette prédilection de la presse de croire qu’informer les citoyens, cela ne tient qu’à révéler ce qu’il y a de tordu chez les uns ou les autres, ce qu’il y a de discutable comme devant être soumis à l’opprobre de la société, dont les journalistes façonnent l’opinion en ayant la possession de l’expression privilégiée que l’opinion publique répète.

En cela Schopenhauer avait en son temps expliqué, que l’opinion publique, n’était que le suivisme d’idées émises par quelques personnes et qu’elles se trouvaient reprise par la population, soit par fainéantise d’y réfléchir, soit par facilité, soit qu’ils n’ont pas de temps à y consacrer. Et ainsi de dire que l’opinion publique n’est que celle des faiseurs d’opinons.

Si cela semble aller de soi et répondre à la loi du nombre, (qui rend inaudible toutes émissions d’idées de chacun pour les autres et impose de s’organiser pour pouvoir s’entendre et débattre), il n’en demeure pas moins que la critique de Mélenchon est fondée. Il n’y a pas de médias objectifs ou neutres. Une pensée est toujours induite par sa propre existence et le moule dans lequel l’on s’est émancipé. Mais l’information distribuée par quelques privilégiés est forcément source de pouvoir pour celui qui la détient et aucun acteur ne délivre une information qui peut lui nuire. C’est donc en cela, que, qui possède les médias est indicatif de la tendance qui animera ses journalistes. Il faut seulement le savoir pour en tenir compte et permet de comprendre dans notre sphère médiatique actuelle pourquoi nous ne débattons que des casseroles des uns et des autres fondées ou non.

Pour ceux qui ont connu l’information avant 1990 où la politique faisait la Une, où les idées sociétales faisaient débat, la presse d’aujourd’hui dans sa grande majorité a été reprise en main dans le cadre d’une situation politique favorable (l’écroulement du bloc soviétique) pour n’être qu’un suppôt du camp vainqueur (télévision, infos sans infos). Son principe de base était et est toujours le suivant.

Le principe de base de la censure moderne consiste à noyer les informations essentielles dans un déluge d'informations insignifiantes diffusées par une multitude de médias au contenu semblable. Cela permet à la nouvelle censure d'avoir toutes les apparences de la pluralité et de la démocratie. Cette stratégie de la diversion s'applique en premier lieu au journal télévisé, principale source d'information du public.

Juste pour l’exemple, je nous renvoie à toutes les questions insignifiantes qui ont jalonné le parcours de la campagne électorale de Fillon, faisant d’elles la primeur du débat, je nous renvoie aux JT où le drame est le filon de l’information, et ce mode d’information nous le retrouvons dans tous les pays de la communauté pour ne pas dire dans tous les pays occidentaux.

Cela permet de comprendre pourquoi depuis trente ans nous reconduisons la même politique, celle de la comptabilisation de l’existence, où l’humain ne vit plus au rythme des mots mais à celui des chiffres, puisque ceux qui détiennent les médias sont des idéologues du marché financier.

Cette main mise prendra fin comme toute chose, mais pour l’instant la politique des casseroles, celle du monde de l’aveu, de la peur de tout, de la victimisation, de l’opprobre fait le lit du fascisme. J’ai entendu sur cette même radio une journaliste dire que le populisme était la parole du peuple qui se faisait entendre.

Elle a peut-être raison, mais il vaudrait mieux que ce soit pour un projet humanisant que pour un repli sur soi en voulant s’enfermer dans un nationalisme, qui nous le savons est pourvoyeur de guerre, quand surgissent les crises du capitalisme qui doit se ressourcer. Il me semble que faute d’avoir la capacité d’élaborer un nouveau projet sociétal en dehors du capitalisme comptable, dont la pierre angulaire est son plan comptable, nous allions vers une détérioration continue, soutenue par le populisme ambiant et par l’idéologie libérale capitalistique du gouvernement.


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