La liberté d’expression interdite aux fonctionnaires ?

par Frédo45
mardi 25 mars 2008

Le sous-préfet de Charente-Maritime, Bruno Guigue, vient d’être limogé suite à une tribune parue sur un site internet et qui s’attaque assez violemment à l’Etat israélien, notamment dans ces termes : « Sans parler d’Israël, seul Etat au monde dont les snipers abattent des fillettes à la sortie des écoles » ou encore « Ses admirateurs (de l’Etat d’Israël, ndlr) occidentaux doivent certainement s’extasier sur les prouesses d’une armée capable de tuer aussi aisément des enfants avec des missiles. Ils doivent aussi se confondre d’admiration devant les geôles israéliennes où, grâce à la loi religieuse, on s’interrompt de torturer durant le shabbat. »

Le sous-préfet vient de réagir à son limogeage en expliquant qu’il rédigeait déjà des tribunes de ce genre avant sa nomination et qu’il ne le faisait jamais durant ses heures de fonction.

Au-delà du message, critiquable de sa tribune et contre lequel on peut aisément s’insurger et surtout face à une surenchère verbale systématique qui nous oblige à débattre des limites de la liberté d’expression, débat il y a peu rallumé par l’extrémisme religieux, on peut tout de même s’interroger sur ce fameux droit de réserve. En effet, quelles sont les limites de ce droit de réserve ? Il me semble que cette frontière entre ce que le fonctionnaire a le droit d’exprimer et ce qu’il doit garder pour lui est si floue que même le conseil constitutionnel ne pourrait la définir.

En premier lieu, ce droit de réserve est-il restreint à l’activité professionnelle du fonctionnaire ? En effet, peut-on admettre qu’un homme ou une femme rémunéré par l’Etat puisse émettre un avis dès lors qu’il n’est plus dans ses fonctions ? Je pense qu’il y a suffisamment de contre-exemples sur la web pour pouvoir affirmer que c’est possible. Agoravox publie çà et là, bons nombres d’articles rédigés par des fonctionnaires. Va-t-on pour autant les limoger comme on l’a fait avec Bruno Guigue.

Par ailleurs, si c’était le cas, on devrait dès lors interdire à tout fonctionnaire de se présenter à une quelconque élection, locale ou nationale. Or, il me semble qu’une bonne majorité de députés et de sénateurs sont fonctionnaires. Il y a donc là une certaine hypocrisie. Combien de politiciens battus se permettent malgré leur retour dans la fonction publique de continuer à donner leur avis sur divers points de l’actualité, nationale ou internationale, comme l’a fait ce sous-préfet ?

J’ajoute que je ne soutiens pas les propos de Bruno Guigue, mais il est inadmissible qu’un homme voie sa liberté d’expression diminuée de la sorte uniquement parce qu’il est fonctionnaire. La liberté d’expression doit être limitée, c’est mon avis. Il est en effet impensable que des idées nauséabondes comme le fascisme ou le fanatisme religieux puissent être dispersées aussi aisément, surtout depuis l’avènement du net. Mais, si elle doit être limitée, elle doit l’être de manière égale entre tous les citoyens.


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