La limitation à 80 km/h a sauvé 349 vies sur 20 mois

par gruni
mercredi 12 mai 2021

 

Le conducteur Français est par nature un râleur qui a souvent le sentiment d'être pris pour une vache à lait, ce qui peut expliquer son caractère réfractaire aux réformes du code de la route et ses colères contre ces élites qui ne tiennent pas toujours bien la route. Cependant, rares sont ceux qui le 9 janvier 2018, après l'annonce du Premier ministre Edouard Philippe qui confirmait la limitation de vitesse à 80 km/h, qui doutaient sincèrement que cette mesure très impopulaire ne sauverait pas des vies. Il y a bien sûr des exceptions.

Pour être tout à fait juste, le cycliste est le plus rouspéteur, et pour cause, son bol d'air quotidien contient des quantités considérables de particules fines rejetées sans modération par nos chères autos. Bien que devenue une espèce protégée dans certaines municipalités, les cyclistes parviennent difficilement à pédaler sans avoir la peur au ventre, lorsqu'ils se déplacent dans les rues puantes, pétaradantes, enfumées et dangereuses de leur ville. Heureusement, peu de cyclistes circulent hors agglomérations, là où le chauffard alcoolisé s'amuse à réduire les populations de hérissons, lapins, crapauds, sans oublier les chats. La route n'est pas un cimetière uniquement pour les êtres humains.

Le lecteur attentif devra toujours avoir à l'esprit que nous vivons une situation sanitaire particulière. Aussi, prudence avec les chiffres donnés par le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema), concernant l'évaluation de la limitation de vitesse à 80 , "initialement prévue sur une période de deux ans, concerne finalement une période de 20 mois, du 1er juillet 2018 au 28 février 2020. Le Cerema a donc décidé d'exclure du bilan les mois de mars à juin 2020". Pour ne pas fausser les calculs.

Car, comme vous le savez, les chiffres sont magiques, vous pouvez les additionner, les multiplier ou les diviser, vous ne les verrez jamais se plaindre, c'est ce qui fait la beauté des mathématiques. Pour autant, ne tombons pas bêtement dans le conspirationnisme, tous les chiffres concernant le passage du 90 au 80 ne sont pas manipulés ou faux, mais il n'est pas interdit de douter d'une réalité qui peut être enjolivée pour les besoins de la cause.

Prenons comme exemple, "l'allongement des temps de trajet qui est en moyenne de 1 seconde par kilomètre. Dans 19 % des cas, il a été observé non pas une perte de temps, mais un gain". Donc, en roulant moins vite, dans 19% des cas vous arrivez à destination plus tôt... Quelqu'un pourrait-il expliquer ce prodige ?

Observons maintenant le "suivi des vitesses pratiquées en continu depuis mai 2018 sur un échantillon de routes à double sens de circulation et sans séparateur central fait état d'une baisse de 3,3 km/h des vitesses moyennes de l'ensemble des usagers." Ce qui voudrait dire que la vitesse moyenne n'a pas baissé sensiblement et que malgré tout nous aurions économisé 349 vies, voilà qui est assez surprenant. Le chauffeur moyen serait-il devenu plus prudent ? Pas du tout, nous avons le même nombre d'accidents corporels, mais la limitation "a eu un effet sur leur gravité, le nombre de personnes tuées rapporté au nombre d'accidents sur le réseau considéré ayant baissé de 10%". 

"Cette baisse sensible de la mortalité routière n'est observée que sur le réseau concerné par l'abaissement de la vitesse autorisée. Sur le reste du réseau, la mortalité routière a augmenté par rapport à la période de référence (+ 48 décès)".

Sans trop de surprise, nous pouvons remarquer que la peur du gendarme a presque complètement disparu, ce que tout le monde peut constater avec l'augmentation des agressions et des morts de policiers. Les radars, ces monstres froids et sans pitié avec ceux qui chaussent les godasses de plomb une fois au volant, mais aussi avec ceux qui roulent et pensent à autre chose, sont également matraqués ou peinturlurés, pas toujours en jaune. Ce qui peut expliquer en partie que "58 % des conducteurs de véhicules légers circulaient encore au-dessus de 80 km/h, dont 23 % au-dessus de 90 km/h.

Par contre, "le Cerema n'a pas constaté d'impact négatif de la mesure sur la fluidité du trafic, et notamment pas d'augmentation du nombre de « pelotons », c'est-à-dire de voitures agglutinées derrière un poids-lourd". Comment vérifier l'exactitude de ce constat ?

Vous trouverez plus d'informations et de précisions en suivant le lien sur le Cerema. Mais à l'évidence il faudra attendre un retour à la normale avant d'avoir une évaluation fiable de la limitation à 80 km/h. Certains départements sont déjà complètement revenus au 90 km/h, d'autres seulement partiellement. La limitation de vitesse, voilà une question qui pourrait intéresser les candidats à la présidentielle.

 


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