La Mafia roumano-italienne, des chevaux et des ânes

par Gérard Luçon
lundi 18 février 2013

Voici un second article de mon ami journaliste, Cornel Ivanciuc, de l’hebdomadaire satyrique roumain « Catavencii ».

Après la filière française du sud-ouest, voici la filière roumano-italienne …

 

Traduction de l’article :

« La fièvre des marécages, ou anémie infectieuse équine (AIE) comme la nomment les organismes sanitaires-vétérinaires, est une maladie ancienne et bien implantée dans les régions de Roumanie. On la trouve en 1979 dans le département de Satu Mare et en 1985 dans celui de Maramures. Comme le pays de Satu Mare est installé sur un croisement de marécages – ce qui fait de bonnes maisons grâce aux acrobaties permises par la législation roumaine – on ne peut pas être étonné que, au moins au plan scriptural, parmi les 264 localités du département de Satu Mare, dans 153 d’entre elles existaient déjà des signes de fièvre des marécages.

Bref, l’épidémie n’était pas encore là que nous est apparu le remède miracle, Giovanni Alessandro Bresciani, le patron de la compagnie Agromexim de Satu Mare, qui attendait l’épizootie au coin de la rue. Celle-ci est arrivée tranquillement, suite à un coup de téléphone provenant du ministère, chevauchant les ailes soyeuses du papillon et elle a emporté d’une traite 1.372 chevaux. Le ministère a refusé de décompter 544 dossiers, une situation qui va se répercuter sur l’ensemble du territoire national, du fait que Flutur a conclu un accord pervers avec des intermédiaires, y compris Bresciani, au détriment des propriétaires de chevaux, faisant en sorte que les dédommagements offerts par les ministères, et garantis par la Loi, ne se sont pas orientés vers les paysans, mais vers les spéculateurs, lesquels ont payé les indigènes quand ils en ont eu envie, et de règle le jour de paiement a été reporté aux « Pâques des chevaux ».

 

(Note du traducteur :

-l’allusion aux ailes du papillon est liée au fait que le ministre de ressort du moment s’appelait Flutur, ce qui signifie papillon en roumain,

-les Pâques des chevaux (en roumain pastile cailor) équivalent aux calendes grecques).

 

Sur le terrain les inspecteurs du corps de contrôle tentaient de remettre l’herbe en place, mais leurs louvoiements ne faisaient qu’exposer de plus en plus le ministre : « la fiche d’évaluation n’est pas complétée comme il le faudrait », écrit un inspecteur. « Tous les animaux sacrifiés étaient des animaux bons pour le travail, » consigne un autre. « Nous ne pouvons expliquer comment nous en sommes arrivés au montant du dédommagement », brode un 3ème. Bon gré mal gré les bordereaux d’achat ont été émis par la société de Giovanni Alessandro Bresciani, toutefois les documents ne prouvent pas que les animaux ont été identifiés, d’où cette suspicion, à savoir que ces animaux sauvages mentionnés sur les fiches d’évaluation ne sont pas les mêmes que ceux des bordereaux d’achat.

Bresciani a acheté et les animaux malades, et les droits de propriété sur ceux-ci. Grâce à tout un tas de magouilles, couvertes par des documents falsifiés émis par les abattoirs des départements de Sibiu et de Teleorman, la viande arrive dans l’UE, et la perte est payée par le Ministère de l’Agriculture en conformité avec l’Ordonnance gouvernementale 1415/2004, dans laquelle est stipulé que les vrais propriétaires reçoivent normalement 50 Lei par cheval (soit 11 euros) au lieu de 2.000 lei, en moyenne, somme pouvant atteindre 3.000 lei. Un rapport du corps de contrôle du ministère de Flutur consigne qu’il n’existe aucune preuve que « l’animal pour lequel est sollicité le dédommagement (…) soit arrivé dans l’abattoir où il a été sacrifié », de la même manière dans le dossier il est impossible de retrouver la confirmation par l’abattoir ni le rapport relatif au sacrifice.

Si nous nous en tenons aux 15.500 cas de fièvre des marais, l’Etat aurait du payer des dédommagements de 10 millions d’euros. Imaginez bien que le rayon d’action de Bresciani couvre pratiquement l’ensemble du territoire national et que ce remède miracle engrange d’une part les dédommagements de l’Etat, jusqu’à 25 euros le kilo, alors que l’achat en Roumanie ne se paye pas au dessus de 3 euros le kilogramme. Bresciani n’est pas seul et par exemple dans le département de Covasna ses efforts sont doublés de ceux de son compatriote Pierre Domenico Mengozzi. L’affaire crépite et implique la responsabilité de l’ANSVSA (Autorité Nationale Sanitaire Vétérinaire et pour la Sécurité des Aliments), qui partage avec la mafia les sommes extorquées du budget, et aussi avec quelques abattoirs véreux, comme Cabrio SARL de Satu Mare, dirigé par Dumitru Pop, alias Mitica Ofsaid (trad. Mitica Hors-Jeu).

Mitica Ofsaid est un des innombrables neveux de Vasile Blaga. Il a été arrêté pour trafic d’influence dans le dossier de Horia Anderco, ancien maire de Satu Mare, condamné pour abus de service. Pop a acheté l’hôtel 3 étoiles Reither, de la chaîne Best Western, nr. 16-18 Strada Graumanngasse, Vienne A-1150, et il semblerait que son parrain Blaga ait des actions dans l’affaire. C’est dans cet hôtel que se serait réfugié le truand Ionelei Bruchental, député PD, un autre neveu du parrain Blaga. Un tribunal de Tirgu Mures a blanchi Dumitru pop de son inculpation pour trafic d’influence, grâce à un trafic d’influence nettement plus lourd, celui du parrain Vasile Blaga.

 

Un autre abattoir véreux et celui de Cicalex Poroschia, du département de Teleorman, détenu par la société interAgro, contrôlée par le milliardaire Ioan Niculae, ancien colonel des services de renseignements extérieurs (DIE). Quand a été divulgué le fait que la mafia du ministère se gave grâce au budget de l’Agriculture, main dans la main avec la mafia italienne, Flutur a écrit à contrecœur : « urgent secrétaire d’Etat Lazea (Valentin Lazea – ancien secrétaire d’Etat au Ministère des Finances – n.r.) président de l’ANSVSA, la situation doit être clarifiée ».

Vous croyez qu’il s’est passé quelque chose tant que Flutur est resté ministre ? Qu’on a fait rouler quelques têtes, distribué des sanctions, fait cliqueter des menottes ? Eh ! Flutur a été nommé Vice président du PDL et Président du Conseil Départemental de Suceava ; Marian Avram, ancien chef de ANSVSA au moment des hécatombes aviaire et chevaline, laquelle continue de nos jours, est devenu député de Tulcea, et il fait l’étonné quand on lui pose quelques questions sur la fièvre aviaire ou celle des marais.

Le modèle Flutur est déposé et fonctionne efficacement, jusqu’au jour d’aujourd’hui. Comme la consommation de viande de cheval n’est pas encore réglementée dans l’UE, et comme dans certaines régions on consomme beaucoup de viande de cheval (1,8 million d’animaux par année), plus précisément dans les régions méditerranéennes, est apparue une nouvelle occupation le long des fermes : l’effacement de l’âne sur la photo, au moment où il paît et boit en toute confiance. Ainsi les ânes ont commencé à disparaître à vitesse Grand V du département de Teleorman, capitale nationale des grandes oreilles, et fief de l’ancien « sécuriste* » rechapé ioan Niculae, patron d’InterAgro, et les gardiens du village racontent l’avoir entendu marchander avec les voleurs, dans la langue de Dante.

 

Bureau d’investigation »

 

*Note du traducteur : sécuriste = ancien collaborateur de la Securitate

 

Je vais maintenant revenir à la prestation réunie de certains de nos éminents perroquets politiques et de la presse qui se croit professionnelle :

1/-bien que l’excellent José Bové l’ait affirmé, et que cela ait été aussi annoncé par l’Union des Désinformateurs Réunis (Huffington Post, i-télé, Canal +, etc…) les routes nationales et départementales roumaines ne sont pas interdites, ni aux chevaux, ni aux ânes. Monsieur Bové et Mme Ane-Elise Schwartz Strauss-Kahn peuvent aussi les utiliser sans aucune crainte.

2/-bien que des carcasses de chevaux roumains aient été identifiées comme porteuses de trace de phénylbutazone, il convient de préciser que les paysans roumains n’ayant pas les moyens de se soigner eux-mêmes, c’est très peu réaliste de croire qu’ils soignent leurs chevaux ! Ici donner de la phénylbutazone à son âne, c’est comme donner du lard à son cochon. Va falloir chercher un autre cheval émissaire.

3/-les abattoirs clandestins continuent d’avoir maquignon sur rue, voici un lien paru sur la télé roumaine le 14 février, vendre de la viande de cheval aux italiens, aux français ou aux hollandais ne suppose pas qu’ils en récupèrent aussi les têtes, trop reconnaissables :

http://www.rtv.net/cimitir-de-cai-in-satu-mare-au-fost-gasite-in-sant-peste-60-de-cranii-de-cal-video_66347.html

4/-on estime le nombre de chevaux en Roumanie a 835.000 têtes, dont environ 3.000 à 3.500 qui sont sauvages, en liberté dans le Delta du Danube (réserve UNESCO), et lesquels sont pourchassés car ils abîmeraient les cultures. Pourchassés, torturés, transportés en Italie dans des conditions honteuses, il serait temps là-aussi de regarder de plus près.

Les voici en liberté http://www.realitatea.net/caii-salbatici-din-padurea-letea—ultimele-exemplare-din-europa-vezi-video_836065.html

Et voici ce que disait la presse italienne et celle roumaine en 2011 de ces chevaux sauvages capturés maltraités et envoyés en Italie

http://adevarul.ro/news/societate/caii-salbatici-capturati-delta-maltratati-trimisi-italia-abator-1_50acb1757c42d5a66388605b/index.html

5/-les roumains ne mangent pas de viande de cheval, sauf trois « ethnies » spécifiques, celle d’origine russe appelée Lipoveni, les Sicules parlant le hongrois mais venant de l’est de l’ancien empire Ottoman, et les Tatars. Ils sont très localisés dans la région de Dobrogea et dans le centre nord de la Roumanie (Tinutul Secuiesc ou Territoire des sicules). Le cheval (et l’âne pour les paysans les plus pauvres) sont des animaux avant tout utiles.

6/-il existe une réelle pression des autorités de l’UE pour que la Roumanie se mécanise, mais aussi et surtout pour qu’elle oriente ses cultures vers le biodiesel (Diester) et cesse de produire des aliments et oléagineux pour l’homme. La terre roumaine est en très grande majorité composée de tchernoziom, une terre d’alluvion de couleur noire particulièrement fertile au point qu’elle a attiré un dénommé Beulin, patron de la FNSEA et puissant homme d’affaires, qui veut produire sur cette terre roumaine, et sous le nom de Expur, son biocarburant. Pour atteindre ce but, la Roumanie doit s’orienter vers les laitières et laisser tomber le cheval. Je reviendrai dans un article ultérieur sur les méfaits de l’UE dans ce domaine et aussi sur les agissements de ce personnage qui a déjà commis la même opération au Mali ! Sur ce lien vous avez un aperçu du système Beulin http://blog.lefigaro.fr/agriculture/2012/10/sofiproteol.html

attelage sur une voie rapide

 

Pour les connaisseurs de la langue roumaine, voici la version originale :

MAFIA CAILOR

 

Febra de mlastina sau anemia infectioasa ecvina (AIE), cum ii zic organele sanitar-veterinare, este boala veche si sigura pe meleagurile romånesti. In 1979 este atestata in judetul Satu Mare si in 1985 in Maramures. Cum tinutul Satmarului este asezat la o intersectie de mlastini – care fac casa buna cu smårcurile legislatiei romånesti – nu este de mirare ca cel putin scriptic, din cele 264 de localitati ale judetului Satu Mare, in 253 se instalasera deja semnele febrei de mlastina.

Påna sa fie semnalata molima, a aparut broscarul Giovanni Alessandro Bresciani, patronul firmei Agromexim SRL din Satu Mare, care astepta la cotitura epizootia. Ea a venit lin, in urma unui telefon de la minister, calare pe aripi matasoase de fluture si a rapus pentru inceput 1.372 cai. 544 de dosare au fost refuzate la decontare de minister, situatie care se va repercuta pe teritoriul intregii tari, din pricina faptului ca Flutur a incheiat o intelegere perversa cu intermediarii, inclusiv cu Bresciani, in detrimentul proprietarilor de cai, asa ca despagubirile de la minister, garantate de lege, nu s-au indreptat spre tarani, ci spre speculanti, care i-au platit pe megiesi cum si cånd au avut chef, iar de regula ziua de plata a fost la pastile cailor.

In teren, inspectorii din cadrul corpului de control incercau ss dreaga busuiocul, insa insailarile lor nu fac altceva decåt sa-l expuna si mai mult pe ministru : “fisa de evaluare nu este completata corespunzator, scrie un inspector”. “Toate cabalinele sacrificate erau din categoria pentru munca”, consemneaza altul. “Nu s-a putut explica cum s-a ajuns la valoarea de despagubire”, o brodeste altul. C-o fi, c-o pati, borderourile de achizitii sunt emise de firma lui Giovanni Alessandro Bresciani, insa documentele nu evidentiaza ca animalele au fost identificate, de aici si suspiciunea ca jivinele din fisele de evaluare nu sunt aceeasi cu cele din borderourile de achizitii.

Bresciani a cumparat atåt animalele bolnave, cåt si dreptul de proprietate asupra cailor. Prin tot felul de siretlicuri, cu acoperirea unor acte false emise de abatoare din Sibiu si Teleorman, carnea ajunge in UE, iar pårleala este platita de Ministerul Agriculturii, conform HG 1415/2004, din care adevartii proprietari primesc de regula 50 RON pentru un cal, in loc de 2.000 RON, in medie, suma care ajunge la 3000 RON. Un raport al corpului de control al lui Flutur consemneaza ca nu exista dovezi ca “animalul pentru care se solicita despagubirea (…) a ajuns intr-un abator unde a fost sacrificat”, de vreme ce in dosar nu se regaseste confirmarea abatorului sau raportul de sacrificare.

Daca ne raportam la cele 15.500 de cazuri de febra de mlastina, statul ar fi trebuit sa plateasca despagubiri de 10 milioane euro. Imaginati-va ca raza de actiune a lui Bresciani acopera aproape intregul teritoriu national si ca broscarul insfaca pe de o parte despagubirea de la stat, iar pe de alta vinde carnea in Italia, cu påna la 25 de euro kilogramul, in timp ce la achizitie in Romånia, nu se plateste mai mult de 3 euro pentru un kilogram de carne. Bresciani nu e singur iar in Covasna eforturile sale sunt dublate de cele ale concetateanului Pierre Domenico Mengozzi. Afacerea duduie si implica responsabilitati din partea ANSVSA (Autoritatea Nationala Sanitara Veterinara si pentru Siguranta Alimentelor), care imparte cu mafia banii extorcati de la buget, iar pe de alta, cåteva abatoare deochiate, cum ar fi Cabrio SRL din Satu Mare, patronat de Dumitru Pop, zis Mitica Ofsaid.

Mitica Ofsaid este unul dintre nenumaratii fini de cununie ai lui Vasile Blaga. A fost arestat pentru trafic de influenta în dosarul lui Horea Anderco, fostul primar al municipiului Satu Mare, condamnat pentru abuz în serviciu. Pop a cumparat hotelul de trei stele Reither, din lantul Best Western, de pe str. Graumanngasse 16-18, Viena A-1150, la care se crede ca ar avea o cota si nasul Blaga. În acest hotel s-ar fi refugiat interlopul Coriolan Pop-Bruchental, dat in urmarire, sotul Ionelei Bruchental, deputat PD, alta pereche de fini ai nasului Blaga. O instanta judecatoreasca din Tårgu Mures l-a exonerat pe Dumitru Pop de infractiunea de trafic de influenta, gratie traficului de influenta mult mai greu, facut de nasul Vasile Blaga. 

Alt abator deochiat este Cicalex Poroschia, din judetul Teleorman, detinut de societatea InterAgro, controlata de miliardarul de top Ioan Niculae, fost colonel DIE. Cånd a fost pus in tema ca mafia din minister fura la greu din bugetul Agriculturii, pe o måna cu mafia italian`, Flutur a scris mai mult in sila : “Urgent secretar stat Lazea (Valentin Lazea – fost secretar de stat in Ministerul Finantelor – n.r.) presedinte ANSVSA masuri de clarificare a situatiei”.

Credeti ca s-a intåmplat ceva, cåta vreme a fost Flutur ministru ? Ca s-a rostogolit vreun cap, s-a dat vreo sanctiune, a zanganit vreo catusa ? Aud ? Flutur a ajuns vicepretedinte PDL si este presedintele CJ Suceava, Marian Avram, fosta capetenie a ANSVSA in timpul hecatombei aviare si cabaline, care continua si astazi, a ajuns deputat PDL de Tulcea, si se face ca ploua daca-i pui niscaiva intrebari despre aviara sau febra de mlastina.

Modelul Flutur a fost patentat si functioneaza bine-mersi, påna în ziua de astazi. Cum consumul de carne de cal nu este inca reglementat in UE, iar in anumite regiuni se consuma in mod predilect carne de cal (1,8 milioane capete de cabaline pe an), mai ales in cea mediteraneeana, a aparut o noua indeletnicire pe långa casa omului : saltarea magarului de pe imas, in timp ce paste si se bese fara grija. Au inceput sa dispara magari intr-o veselie in Teleorman, capitala nationala a urechiatilor, si fieful securistului resapat Ioan Niculae, patronul InterAgro, iar påndarii satului zic ca i-au auzit pe aia care ii tocmeau pe hoti, vorbind in limba lui Dante.

 

Biroul de Investigatii

 


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