La marche inexorable du fascisme

par ddacoudre
lundi 10 août 2015

Faites-vous plaisir, après des vacances bien méritées offrez-vous cent soixante-dix pages de saine lecture, pour avant les prochaines élections voter en toute conscience et écarter ceux qui font commerce politique de l’immigration. Lisez « Mort aux Italiens » ou le massacre d’Aigues-Mortes. Natif de cette ville j’en connaissais l’histoire instruit en cela par un oncle qui y vivait en 1893 pour y être né 15 ans plus tôt. C’est le massacre de 10 italiens immigrés par une population renouant avec la xénophobie pour apporter une solution aux problèmes économiques de leur temps qui ont une similitude d’échelle avec ceux d’aujourd’hui.

L’actuelle résurgence d’un fascisme latent se trouve être l’expression politique de citoyens face aux difficultés économiques pérennes et à l’hégémonie de partis de gouvernement qui promettent des solutions par l’organisation économique qui les crée. C-est moins les 5 millions de votants FN qui sont à craindre que l’extension de ses concepts fascisants dans la population, au point que l’on en trouve dans tous les partis. Il va sans dire que le parti où cela est le plus voyant se trouve être le nouveau Républicain de Sarkozy. D’aucuns attribuent nos difficultés à la mondialisation et au libéralisme, alors que l’un et l’autre ne sont que des espaces, l’un géographique l’autre idéologique où se déploient une organisation économique de type capitaliste dont la règle est de redistribuer que si cela rapporte plus que ce que l’on a consenti. Un temps modéré par une pratique du keynésianisme » et une conscience de classe prolétarienne celui-ci a su imposer ce qu’il est convenu d’appeler la loi du marché et retirer aux citoyens le pouvoir financier. Il n’y a que les incultes pour soutenir que le capitalisme n’est pas fauteur de troubles et de guerres. Notre période d’après guerre est dû essentiellement en Europe à une pratique « keynésianiste » plus ou moins appliquée, qui vise à redistribuer la richesse sans recherche d’intérêt en retour. L’abandon de cette pratique qui nécessite la maitrise politique de la création monétaire, ne corrige plus l’accumulation des gains de production et restreint le développement économique par la création monétaire entre les mains des banquiers de deuxième rang (nos banques). Nous voyons donc les citoyens rechercher des solutions en désignant des responsables en dehors de leurs propres actions d’acteurs économiques. Il ne faut pas oublier qu’ils ont voulu ou accepté contraint l’évolution d’un libéralisme économique qui leur a retiré le pouvoir régalien au bénéfice des banquiers. Ceux-ci sont devenus les plus sûrs soutiens de l’organisation capitaliste, puisqu’ils gèrent et placent les masses financière issus de la production. Nous avons vue la place des banques durant la dite crise de 2008 et aujourd’hui avec la Grèce.

Faute d’une culture suffisant pour faire des analyses pertinentes, de manière naturelle les citoyens réagissent sans recul et dans l’immédiateté d’une information idéologique qui se pare d’un crédit « scientifique » distillé par une multitudes d’experts. Face à l’évolution des difficultés depuis 25 ans nous avons vu se développer la xénophobie naturelle humaine de moins en moins maitrisée par l’éducation, alors qu’elle engendre le racisme, la profusion de boucs émissaires et fourni un terrain favorable à la gestion des masses par la peur. Le terrain est donc propice au développement du fascisme et celui-ci progresse sous le terrain du racisme que réveille la peur de l’immigré.

Cet ensemble modifie le regard des citoyens sur la société tout en étant fortement influencé par l’effet loupe d’une information essentiellement fixé sur les faits divers qui les poussent à plébisciter de plus en plus des valeurs qui caractérisent les pouvoirs autoritaires, voire conservateurs ou réactionnaires. L’armée, la police avec respectivement 79 et 73% d’assentiment en moyenne, également l’idée que « l’on a besoin d’un vrai chef en France pour remettre de l’ordre », alors que notre pays n’a jamais eu autant de citoyens compétent à sa tête, ni de population docile et soumise. Le taux de criminalité est passé de 68.93 pour 1000 en 2002 à 54.14 en 2012 et se poursuit globalement malgré des hausses dans certains secteurs (vols mineurs, cambriolage, insultes, menaces) dont les hommes politiques se servent dans une surenchère législative. Mêmes si ce sont des infractions mineures, leur action la plus pertinente est d’entretenir un climat d’insécurité tout en ne représentant tout au plus 100 000 actes délictueux sur plus de 3 300 000 environ. Là encore la surenchère politique désigne des boucs émissaires en la personne des étrangers, tant jugé au faciès qu’au statut d’immigrés, sur lesquels est venu se greffer les conséquences de la politique extérieurs des pays occidentaux face aux intégrismes religieux dont la guerre israélo-palestinienne a servi de terreau. Devant cet imbroglio sociétal où le chômage aggrave les préjugés, les analyses polémistes font le régal des médias et délectent les citoyens (sinon ils ne les feraient pas). Le tout a tissé un climat de suspicion majoritaire sur la démocratie et l’ouverture sur les autres, qui engendre un replie identitaire sur des valeurs fascisantes et racistes. Tandis que des partis qui font la distinction entre patriotisme et nationalisme ne font pas recette. Resurgissent dont des propos ambigües, propres aux communicants d’aujourd’hui, pour marquer leurs attachement aux valeurs de la république où certains appellent à vivre entre soi comme ultime réponse à la toute puissance d’un capitalisme qui dresse les salariés les uns contre les autres en confiant leurs emplois aux moins nantis d’entre-deux et reprochant à ceux qui depuis la guerre ont su grâce à leur travail s’offrir un bien être, de vivre au dessus de leurs moyens.

Cette situation a existé dans les années 1880 à 1914, les travailleurs immigrés étaient alors des italiens et tous les nationalistes de l’époque demandaient qu’on les chasse car ils prenaient le travail des français. Nous sommes loin de l’image d’Épinal d’italiens qui se sont intégrés, car de confession catholique. La pression délétère entre tenu par les partis nationalistes a emporté petit à petit l’adhésion d’une bonne partie de la classe ouvrière, contraignant même le syndicalisme naissant sur des valeurs internationalistes à se montrer complaisant. Cette situation cumulée aux différends politiques entre la France et l’Italie membre de l’axe a engendré comme représailles l’assassinat de Carnot, comme nous avons eu, du fait d’un conteste similaire, celui de Charlie-hebdo.

Ainsi, l’exaspération d’une situation économique semblable à celle d’aujourd’hui s’est reportée sur les travailleurs italiens employés par la compagnie des Salins du Midi, et des citoyens paisibles et soumis au comble de l’exaspération ont massacré 10 ouvriers italiens. Le peseur italien marxiste Labriola déclara ceci « Au-dessus et autour des barbarement tués et tueurs barbares d’Aigues-mortes, il n’y a pas seulement de ce côté-ci l’Italie et de l’autre la France comme deux systèmes politiques. Au dessus des tués et des tueurs, et au dessus de la France et de l’Italie ensemble, il y a le système capitaliste tout entier. D’un tel système sont victimes tant les tués, qui apportent sur le marché du travail l’infériorité de leur mode de vie et l’urgence de leur besoin, au point d’être toujours prêt à concurrencer, que les tueurs qui ignorants et exaltés dirigent leurs colères et leurs attaques non pas contre le système, mais contre les plus maltraités, les plus piétinés les plus humiliés par ce système…/ » Il en était tout autrement pour le patronat qui considérait « qu’il importait de protéger la liberté des affamés de pouvoir dégrader les salaires par la concurrence. »

Pour ceux qui proposent la préférence nationale je rapporterais les propos du maire d’Aigues-mortes d’alors Maurice Terras qui fut le fusible qui sauta. « Le maire et la ville d’Aigues-Mortes à l’honneur de porter à la connaissance de ses administrés que tout travail est retiré par la compagnie aux sujets de nationalité Italienne et que , dés demain, les divers chantiers s’ouvrirons pour les ouvriers qui se présenterons. Le maire invite la population au calme et au maintien de l’ordre, tout trouble devant cesser depuis la décision de la compagnie…/ Recueillons nous pour penser nos blessures et nous rendant paisiblement au travail, prouvons combien notre but a été atteint et revendications satisfaites. Vive la France vive la république. »

Aujourd’hui les prélèvements obligatoires, dont ceux pour l’indemnisation chômage, nous protègent contre cela, mais l’austérité imposée par le système capitaliste que relais l'UE pousse à sa remise en question. Aussi, prenez le temps de lire cet ouvrage de ENZO BARNABA de plus si vous êtes enclin dans la confusion qui règne de voter FN. Celui-ci tient en fait la place des nationalistes d’antan qui ont rallié à leur cause une bonne partie de l’opinion publique d’alors et du nombre d’ouvriers. Aujourd’hui c’est une partie de l’électorat du parti Républicains de Sarkozy qui le font, tout comme 60% de citoyens pensent qu’il y a trop d’étrangers et placent au premier chef de leur préoccupation 56%, l’emploi. Or cet ouvrage montre comment face à la pénurie d’emploi la xénophobie exaltée façonne des solutions fascistes, racistes et engendre le crime.

L’attente des besoins dans le monde ne justifie pas le chômage, notre problématique demeure notre mode de consommation occidental qui ne peut s’étendre à 7, 9 puis 12 milliards d’humain. Or le capital n’opérera la transition que face à l’épuisement de ses sources de richesses. C’est en cela que l’on ne peut compter sur la loi du marché pour façonner demain, c’est donc au politique de jouer leur rôle de décideurs et non de réagir aux crises cycliques du capitalisme. Pour l’instant le seul parti qui dispose d’un projet en rupture avec la loi du marché est le Front de Gauche et il n’a rien en commun avec le FN comme le laisse entendre Sarkozy pour le discréditer, lui qui durant des années a siphonné les thèmes du FN pour se faire élire, et qui compte dans ses rangs le plus grand nombres de tendances fascisantes après le FN.

Ce qui justifie la marche inexorable du fascisme que, politiquement corrects, les journalistes appellent la droitisation des Républicains.

 


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