La mécanique quantique impose de réinventer la politique

par Bernard Dugué
samedi 3 septembre 2016

Par une sorte de coïncidence nomologique, le développement des sciences accompagne le cours politique des sociétés et dévoile des connivences entre les conceptions de la nature et l’ordre politique. Déjà, du temps de Platon et Aristote, le politique était ancré dans la nature qui servait de modèle pour organiser la cité. C’était l’époque de la politique dite classique. La politique moderne est différente dans sa conception avec la naissance de l’Etat. Les analyses de Leo Strauss sont remarquables. Quelques penseurs ont aussi mis en évidence des connivences entre la physique rationnelle de Newton et l’ordre nouveau émergeant avec les Lumières et la Raison. La politique moderne s’est développée avec les progrès scientifiques et l’usage progressif de la rationalité et du débat philosophique pour aboutir à l’ordre démocratique actuel après l’épisode de la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905 qui a concerné notre pays devenu laïque, la France. Beaucoup de pays ont suivi ce développement rationnel, technique, juridique et démocratique. Etats-Unis, Japon, Europe.

Etat solide, techniques, Etat de droit, démocratie, communication et médias caractérisent les pays européens en 2016. Mais ces pays sont pour la plupart en crise à des degrés divers, surtout les grandes nations qui ont fondé l’Europe, France, Italie, Allemagne, puis le Royaume Uni et l’Espagne. Les pays ayant rejoint tardivement l’Europe sont eux aussi en crise, Pologne, Hongrie etc. Le monde se traduit par une instabilité. Quelques analystes paresseux se contentent de souligner que l’ancien monde n’est plus et que nous ne savons pas quel est le monde nouveau qui émergera d’ici une ou deux décennies. Mais est-on sûr que le cours du monde va se résorber avec des nouvelles sociétés. Il se peut bien que le monde bascule dans un sens technique et moderne sous la forme de pays pourvu d’un ordre policier puissant. Avec dans les marges des phénomènes chaotiques produits par l’anomie, les communautarismes, la pauvreté et les relents de guerre civile.

En cette période incertaine, le sentiment d’une classe politique usée persiste et s’accroît. Mais n’est-ce pas le signe d’une société fatiguée qui elle aussi, devient usée et se délite, avec des élites nomades profitant de la mondialisation mais peu soucieuses du bien public, tandis que dans les médias et dans les champs culturels ou intellectuels, d’autres usures se dessinent. On entend les même rengaines, on lit les mêmes analyses, on voit les mêmes têtes et tout ce monde de célébrités culturelles n’intente rien mais continue à percevoir la rente éditoriale grâce à la paresse des journalistes qui ne s’attachent pas à découvrir des auteurs novateur et qui eux aussi, bénéficient de la rente grâce aux rentrées publicitaires et aux aides publiques. Notre pays est usé. Il s’inquiète de l’avenir sans se mettre au travail pour façonner une société nouvelle. Et cela se comprend. L’esprit est conservateur. Chacun ses droits et ses acquis.

C’est ce sentiment d’usure de la classe politique qui rend populaire un Emmanuel Macron dont on remarque plus le style et la posture que le fond d’une pensée pour la France qui n’est pas encore explicitée mais qu’on devine ancrée dans les vieilles lunes du progressisme, de Saint-Simon aux radicaux cassoulet et francs-maçons de la Troisième République. Faute de pensée visionnaire, les médias s’accrochent à des hommes nouveaux. Ce qui ne résoudra pas les questions de société qui ne sont même pas posées de surcroît.

Les intellectuels universitaires ou en vogue ne sont plus dans le coup. Il faut se délester des Onfray, Attali, BHL, Todd, Rancière, Kriegel, Rosanvallon, Cohen, Lordon, Piketti… ainsi que de toute cette clique nombriliste qui se met en scène comme les Hidalgo, Aillagon, Aghion Précresse, Fleury, Rollin et toutes ces bonnes consciences réunies pour un colloque organisé par Le Monde. Il faut tout recommencer, en sciences de la Nature comme en sciences politiques. Si vous n’êtes pas capables de comprendre ce plaidoyer, alors acceptez de vivre dans un monde de merde et d’en être les responsables.

Les étranges connivences entre la science et la politique nous conduisent à conclure que l’instabilité des connaissances et de la société se résoudra dans des pensées nouvelles, en physique, biologie et politique. Il faut tout recommencer en s’affranchissant de la tutelle des intellectuels en place. Tout repenser, l’homme, la nature, les techniques, la société et la politique !


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