La mer : une merveilleuse artiste

par Fergus
mardi 21 mai 2013

C’est un fait, la mer est une artiste de talent. Une grande artiste dont les œuvres ne seront jamais vendues aux enchères chez Christie’s ou Sotheby’s. Une artiste dont les promeneurs curieux ne se lassent pas d’admirer les créations en flânant sur les grèves et les plages. Bienvenue dans la plus grande galerie du monde...

Sur une grève à Saint-Gildas-de-Rhuys (Morbihan)

Non contente, avec son ami le vent, d’éroder les côtes, de sculpter sur le littoral les rochers où s’accrochent des colonies d’armérias, de bâtir des cordons de galets propices à la naissance des choux de mer, de façonner des remparts de dunes, la mer se plaît également à créer sur les grèves des tableaux d’une infinie variété avec les matériaux dont elle dispose.

Ici, elle compose seule, au gré de son inspiration, tantôt en caressant le sable d’une vague alanguie, tantôt en usant des violences du ressac ou de la puissance des courants du jusant. Là, elle se fait complice des habitants de l’estran, qu’ils appartiennent au règne végétal marin ou au microcosme animal, niché dans les anfractuosités de la roche ou enfoui sous le sable de la plage.

Il est ainsi des grèves où l’on peut passer des heures à fureter, à observer, à s’émerveiller du travail créatif de la mer et de ses auxiliaires. Un travail souvent précaire qui, dès la marée suivante, disparaîtra ou sera remodelé sans que quiconque ait pu en apprécier l’éphémère beauté. Un travail parfois plus durable qui ravit les explorateurs de l’estran, en quête de formes et de couleurs inédites, un jour sous un soleil radieux, un autre sous un ciel de cumulus lourds et noirs de menaces.

« Le bonheur est dans le pré » a-t-on coutume de dire. Certes, et ce ne sont pas mes origines paysannes auvergnates qui m’inciteront à affirmer le contraire. Mais le bonheur se trouve également sur les grèves et les plages. Il se déguste alors dans l’atmosphère iodée, le chant des vagues et les cris des mouettes rieuses survolant un bataillon de bécasseaux ou un couple d’huîtriers pies.

La mer, par l’intermédiaire de l’eau restituée qui sourd à travers le sable lors du reflux, sait mieux que personne faire œuvre de création pour le plaisir de l’œil. Grâce à son talent, certaines plages se transforment en vastes galeries où se côtoient, à marée descendante, de délicates dentelles de dessin, infiniment plus séduisantes que nombre d’œuvres exposées dans les salles prestigieuses du Moma de New York ou de la Tate Modern de Londres.

En certains lieux, c’est avec la complicité des algues que la mer choisit, souvent sur les grèves peu fréquentées, de composer ses tableaux : qu’elles soient brunes, vertes ou rouges, et parfois les trois à la fois, les algues contribuent, par leur union à la roche et à l’eau, à réjouir le promeneur, émerveillé par la richesse de la composition.

La mer, on le sait, adore également la sculpture. Mais non contente de façonner les roches dans la durée, elle sait aussi favoriser les conditions d’une colonisation par la végétation marine : les roches immergées lors du flux peuvent alors prendre une étonnante couleur verte ou rouge qui, à marée basse, ne manque pas de ravir les amoureux de l’estran. Sculpture toujours avec ces mini-canyons éphémères creusés dans les bancs de sable et qui, le temps d’une marée, prennent des allures de Colorado.

De temps à autre, les petits animaux participent. Une participation qui prend différentes formes, des multiples monticules édifiés par les vers marins jusqu’aux curieux labyrinthes tracés par les bigorneaux sur les rochers légèrement ensablés. Une participation qui se poursuit après la mort des mollusques. Déplacés, roulés, amassés par le flot, leurs coquillages vides se mêlent aux galets pour de nouveaux tableaux que la marée suivante s’empressera de recomposer.

Et que dire de la beauté des sables ? Jaunes, dorés, ocres, rouges et même gris ou noirs en terre volcanique, ils charment par leur fluidité et leur finesse. Or, voilà que surgit soudain, au détour d’un rocher, un modeste espace couvert d’un sable unique. Un sable à dominante bleue. Saurez-vous, amis lecteurs, déterminer pourquoi ce sable est bleu ? 

Rochers sur une grève de Pors Poulhan (Finistère)
Labyrinthe de bigorneaux à Erquy (Côtes d’Armor)
Saint-Coulomb, plage Du Guesclin (Ille-et-Vilaine)
Locquirec, plage de Porz Biliec (Finistère)
Saint-Coulomb, plage Du Guesclin (Ille-et-Vilaine)
Sable bleu de la Pointe de Séhar (Côtes d’Armor)
Anse de Kérity (Côtes d’Armor)

Photos : Fergus  

 


Lire l'article complet, et les commentaires