La mère Russie devient un peu entreprenante

par Christophe Bugeau
vendredi 25 avril 2014

Nos amis ukrainiens ont bien du souci, la mère Russie, après 20 ans d’absence semble bien de retour ! Certes, écraser les pieds de l’ours russe en voulant à tout prix intégrer l’Ukraine à l’OTAN et à l’Union Européenne n’était pas très intelligent, mais l’annexion unilatérale de la Crimée et les troubles déclenchés dans l’Est russophone du pays vont tout de même bien loin.

Le ministre russe des affaires extérieures Sergueï Lavrov ne ment pas en disant que les hommes sans insignes qui opèrent en uniforme à l’Est de l’Ukraine n’appartiennent pas aux services secrets (FSB), ni aux renseignements militaires (GRU), ce sont plus probablement des commandos Spestnaz dépendant directement de l’armée désormais. Nos amis russes opèrent comme ils l’ont fait en Crimée, en s’appuyant sur la population russophone et en s’emparant des bâtiments publics (voir http://www.christophebugeau.fr).

Pourtant, il n’est pas dans l’intérêt de Moscou d’annexer l’Est de l’Ukraine (le bassin minier et industriel du DonBass) car ce serait un moyen de pression de moins sur le pays. Les populations restantes se tournant massivement vers l’Ouest.

Si l’on fait un point sur la démographie du pays, l’on se rend compte que les oblasts de Lougansk (2,2 millions d’habitants dont 69 % de russes soit 1,5 millions), de Donetsk (4,4 millions dont 75 % de russes soit 3,3 millions) et de Kharkov (2,7 millions dont 44 % de russes soit 1,2 millions) sont ceux où la population russe est la plus importante.

Ces oblasts regroupent 9,3 millions de personnes dont 6 millions de russes. L’Ukraine comptait 46 millions d’habitants avant « l’annexion » russe de la Crimée (2 millions d’habitants dont 60 % de russes). La perte des 3 oblasts ramènerait la population à seulement 35 millions de personnes.

Mais il est peu probable que ce soit l’intention de la Russie qui préférerait sûrement une fédéralisation du pays et une plus grande autonomie pour les russes.

Il est clair que la Russie n’a pas les moyens d’envahir (et encore moins d’occuper l’ensemble de l’Ukraine). En effet, suite à la modernisation effectuée à partir de 2010, le pays est divisé en 4 régions militaires (ouest, Caucase, Sibérie, Extrème-orient).

L’organisation est la suivante :

  Ouest Caucase Sibérie Extrème-Orient
Brigades Blindées 2   1 1
Brigades Motorisées 6 8 7 8
Brigades Spetsnaz 2 2 1 2
Brigades Parachutistes   1   2

 

Le commandement militaire russe dispose donc de 4 brigades blindées. Il peut compter sur 29 brigades motorisées (en réalité mécanisées). Il peut aussi compter sur 7 brigades de spestnaz (les commandos) et 3 brigades parachutistes.

Si des troupes russes sont présentes anonymement en Ukraine, ce sont probablement celle des commandos spestnaz. Il faut garder à l’esprit que chaque brigades ne comprend que dans les 4000 hommes. L’Ouest ne comptant que 10 brigades soit 40000 hommes, les capacités russes dans la région sont limités sauf à faire venir des troupes d’ailleurs (la Sibérie c’est loin, le Caucase c’est risqué vue les rebellions locales et l’Extréme-orient, il y a les chinois et c’est encore plus loin).

Donc, Vladimir joue aussi au poker menteur et ne souhaite sûrement pas un vrai conflit. Il faut donc d’un côté faire baisser la tension en assurant que l’Ukraine reste un pont entre la Russie et le reste de l’Europe. Et en ne l’intégrant pas dans l’OTAN tout en acceptant un traité de coopération économique comme celui proposé par la Russie (UE-Ukraine-Russie).

Mais, il est aussi nécessaire de rappeler aux russes qu’ils ont violé le traité de 1994, garantissant l’indépendance de l’Ukraine. Celui-ci a été signé par la Russie et les Etats-Unis pour garantir son intégrité territoriale en échange de son renoncement à l’arme nucléaire et à son adhésion au traité de non-prolifération.

Enfin, si l’on veut faire preuve de fermeté, il est temps de se rappeler que c’est l’Ukraine qui est en mauvaise posture et que pour l’envoi d’avions par la France ou la G-B, c’est en Ukraine et non en Pologne ou dans les pays baltes, que cela doit se faire !

         


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