La métaphysique de la guerre en Ukraine. Pourquoi un événement majeur déjà se prépare, et surgira pour mettre fin à la guerre ?

par Hamed
mardi 14 février 2023

Le monde aujourd’hui avec la guerre en Ukraine est à « un tournant de l’histoire ». Il est peu probable que cette guerre va se terminer rapidement et les pays concernés essentiellement occidentaux et russe prennent le chemin de la raison et trouvent des compromis pour arrêter cette guerre et qu’ils se dirigent résolument vers la paix. Tout laisse penser que la guerre en Ukraine va s’enliser et, dans la durée, provoquer des incertitudes telles que tout peut arriver.

Et qu’entend-on par incertitudes sur cette guerre qui risque de durer ? Et qu’arrivera-t-il dans en 2023 voire en 2024 si le conflit se prolonge ? Peut-on penser que la guerre en Ukraine restera en l’état, c’est-à-dire d’un côté l’Ukraine soutenu par l’Europe et les États-Unis, de l’autre la Fédération de Russie qui s’épuise dans la guerre sans visibilité de sortie, et les combats durent depuis bientôt un an, qui sera bouclé le 24 février 2023.

Certes, des armements toujours massifs qu’apportent les États-Unis et l’Europe à l’Ukraine, et une volonté du pouvoir de Kiev de libérer ses territoires occupés par les forces russes, la guerre continuera jusqu’à la victoire. Et c’est ce que comptent l’Ukraine et ses alliés occidentaux. Ce qui n’est pas le cas pour la Fédération de Russie, pour qui plus le conflit dure plus la situation devient difficile, plus l’armée russe s’enlise. Le facteur temps semble militer plus pour l’Ukraine que pour la Fédération de Russie qui risque de s’épuiser dans cette guerre d’autant que la guerre que mène la Russe, n’est pas seulement contre l’Ukraine mais contre tous les pays occidentaux.

Cependant, il faut se méfier du facteur temps, le doute, avec le temps, va s’installer aussi bien du côté russe que du côté ukrainien. En effet, l’idée que la Russie battra en retraite et quittera l’Ukraine qui est déjà une option retenue par les pays occidentaux comme pour le régime de Kiev. Une telle situation si elle venait à arriver mettra en échec la Russie, ce qui affaiblira d’une manière magistrale ses prétentions géostratégiques sur l’aire d’influence de l’OTAN, et donc de l’Occident. Dès lors, la voie est balisée pour l’Occident d’élargir son aire d’influence à la Géorgie, la Moldavie, le Monténégro, l’Albanie ; ce qui explique le soutien progressif presque sans réserve de tous les types d’armements dont l’Ukraine a besoin, de même pour son financement par les États-Unis et l’Europe.

Cependant, le conflit semble s’enliser dans une guerre de positions ; la mobilisation de 300 000 réservistes par la Fédération de Russie en septembre 2022 montre au contraire que la guerre va se poursuivre d’autant plus le président russe Vladimir Poutine a averti à plusieurs reprises les pays européens sur le risque de cobelligérance dans le conflit, et a brandi la menace nucléaire. Signifiant que la Russie si elle se trouvait en danger n’hésiterait pas de recourir à l’arme nucléaire.

La déclaration du chef de la CIA William Burns, au mois d’avril 2022, que « Le président Joe Biden est profondément préoccupé par le risque d'une Troisième Guerre mondiale » est lourde de sens. Elle montre les inquiétudes de la première puissance mondiale, qui est le socle de l’Occident tout entier. Parce que tout ce qui résulterait dans cette guerre relèverait avant tout de ce qu’auront décidé les États-Unis.

Aussi tant que la Russie pense qu’elle va l’emporter sur l’Ukraine, malgré le soutien massif en armements y compris lourds et aériens éventuellement et les sanctions économiques tout azimut, la situation restera maîtrisée, elle ne dérapera pas. En clair, la guerre restera conventionnelle.

Mais la situation a beaucoup évolué depuis la fin mars 2002, avec le repli de l’armée russe à l’Est et au Sud de l’Ukraine. Les difficultés avec l’armée ukrainienne sont sérieuses, surtout depuis la contre-offensive ukrainienne, en été 2022, on parle de plus en plus de victoire de l’Ukraine sur la Fédération de Russie au point que le président français Emmanuel Macron appelle à éviter une « humiliation » de la Russie. Cela signifie dans l’inconscient collectif des dirigeants européens et américains que l’issue de la guerre est déjà entendue, qu’elle se terminera par une victoire pour l’Ukraine. On comprend aussi pourquoi la Suède et la Finlande, pour leur protection, en mai 2022, ont demandé d’être membres de l’OTAN.

Sur le plan diplomatique, les ministres des Affaires étrangères du G7, en mai 2022, à Weissenhaus, en Allemagne, ont apporté un soutien massif à l’Ukraine ; ils ont déclaré : « Nous, ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, du Canada, des États-Unis d’Amérique, de la France, de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni et haut représentant de l’Union européenne, apportons notre solidarité et notre soutien indéfectibles à l’Ukraine, alors qu’elle se défend contre la guerre d’agression injustifiable et illégale menée par la Russie, qui ne répond à aucune provocation et dont la Biélorussie est complice. Nous sommes engagés à aider l’Ukraine, une démocratie et un Etat membre de l’ONU, à faire respecter sa souveraineté et son intégrité territoriale, à se défendre et à résister contre de futures attaques ou actions de coercition, à choisir son propre avenir et à prospérer. »

Ceci en dit long sur le soutien occidental à l’Ukraine. Quant aux menaces de recourir à l’arme nucléaire par la Fédération de Russie, depuis le repli de l’armée russe vers l’Est de l’Ukraine, elles sont balayées par l’Occident, pensant qu’en cas de frappes nucléaires, la Russie sera aussi confrontée à des frappes nucléaires occidentales. La menace russe de Troisième guerre mondiale n’est pas prise au sérieux tant aux États-Unis qu’en Europe puisque si cela arrivera ce sera la destruction mutuelle, bref un suicide collectif, personne n’en réchappera. La Russie n’aura donc aucun intérêt à utiliser des armes nucléaires.

Il est clair que la situation qui ressort aujourd’hui, la guerre en Ukraine ne s’arrêtera pas et le conflit va se poursuivre, et l'escalade aussi. Dans cette guerre, il y a une légitimation historique avérée de part et d’autre, pour l’Occident de continuer dans la stratégie d’élargissement en Europe, ce qui leur donne une plus grande prise géostratégique sur le continent européen, de même la Russie qui n’entend pas d’être encerclée par l’Europe, surtout qu’à elle seule, elle couvre, par sa superficie, une grande partie de l’Eurasie. Il est évident qu’il ne pourrait avoir de place pour un compromis du fait que chaque partie vise la victoire, et ce faisant préparer l’avenir géostratégique et géopolitique de demain.

Et c’est précisément là que le bât blesse, les deux partie vont aller jusqu’au bout. La situation militaire en Ukraine risque d’être critique, et très probablement, elle le sera. Et donc au cas où l’armée russe est enlisée dans le conflit ukrainien, il en va de même pour les forces armées ukrainiennes qui ne voient pas d’évolution de guerre positive, cela se traduisant par le doute, le sentiment d’usure de la guerre, la lassitude devant un conflit qui s’éternise et consomme beaucoup et d’aides financières. Et surtout l’opinion publique de part et d’autre verront très mal cette guerre, ce qui retentira sur les gouvernements en Occident et en Russie.

Et c’est ce qui nous intéresse pour comprendre l’issue de cette guerre. Quelle sera alors la réponse de la Russie, au cas où cette situation deviendrait réalité ? Cette croyance que la Russie n’utilisera pas les armes nucléaires ou qu’elle les utilisera mais sera néanmoins neutralisée est-elle juste ? De même quelle sera la réponse des États-Unis et de l’Europe devant une guerre qui s’assombrit où toutes les promesses de victoires deviennent de plus en plus vaines.

Tout d’abord, combien même la Russie est acculée dans cette guerre, elle n’acceptera pas le retrait de ses forces pour la simple raison qu’au-delà même de la protection des populations russophones au Donbass, à Kherson et à Zaporijjia, une défaite remettrait en cause toute la crédibilité que la Russie, tout au long du XXe siècle, et surtout depuis 1945, a auprès du monde, et surtout respectée en tant que grande puissance nucléaire du monde. Une défaite est inacceptable pour le pouvoir politique russe, pour l’état-major comme pour l’armée russe et le peuple russe.

Combien même le peuple russe ne pousse pas à la guerre, certes la guerre en Ukraine n’est absolument pas comme la Russie a été envahie par l’Allemagne nazie, en 1941, la guerre est devenue la « Grande Guerre », la « Guerre patriotique », une situation de défaite serait vécue comme un terrible choc. Ce n’est pas comme en Afghanistan, en Ukraine, des populations russophones vivent dans des régions où ils sont majoritaires, et, pour une grande puissance nucléaire à l’échelle mondiale, le caractère des buts de la guerre change, et le problème est que les buts de la guerre sont pour ainsi dire identiques pour les deux camps, et exigent la victoire.

 Pour le pouvoir de Kiev soutenu par l’Occident, recouvrer l’intégrité territoriale de l’Ukraine, pour la Russie, protéger les populations russophones par les référendums au niveau de leurs régions suivis d’annexions et en même temps briser l’encerclement stratégique occidental.

Que va-t-il s’opérer en 2023, sur le théâtre de guerre en Ukraine ? Il est clair que les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, l’Allemagne ainsi que les pays frontaliers comme la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie, les pays baltes par où transitent le convoiement d’armements vont continuer à acheminer des armements à l’Ukraine. Le battage médiatique va continuer. Mais c’est le facteur temps qui sera l’ennemi à cette ambiance de guerre qui progressivement va rapprocher voire transformer les espoirs de victoires en ambiance de doute, d’incertitude et surtout que chaque partie restera accrochée à ses conditions, ce qui n’est favorable en rien aux négociations de paix.

Probablement, les menaces d’usage d’armes nucléaires seraient encore brandies par la Russie, mais elles seront irrecevables par l’Occident car elles n’affecteront en rien le cours de la guerre puisque la Russie ne menace de guerre nucléaire des pays occidentaux qui ne font au fond qu’aider l’Ukraine à se défendre de l’invasion russe, en clair une agression contre un pays qui n’a pas agressé la Russie et qui n’a fait que défendre son territoire nonobstant des populations russophones qui se sont rebellées contre le pouvoir central ukrainien.

Donc une guerre nucléaire est à écarter ; elle n’a aucun sens pour l’Occident, ni pour la Russie elle entre tout au plus dans la guerre psychologique, médiatique, et ne change en rien à l’équilibre des forces. Une telle situation « passer d’une guerre locale, conventionnelle en Ukraine à une guerre entre deux blocs Occident-Russie où tout s’enlise sans éclaircie de résolution du conflit » causerait non seulement la lassitude, l’absence de solution (chaque partie attachée à ses conditions) et le doute sur l’issue de la guerre, mais amènerait les deux parties en guerre à chercher un « moyen » qui changerait le cours de la guerre.

Que serait ce « moyen » ? Il est évident qu’il serait ou devrait être très fort ou suffisamment fort pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Aussi peut-on dire arrivé à une guerre complexe, où rien n’apparaît pour mettre fin aux combats et aux souffrances des troupes de part et d’autre, et que ce soit fin 2023 ou 2024, viendra comme l’attestent toutes les guerres passées où l’enlisement était le maître-mot de la situation, et les exemples sont foison : première guerre mondiale, guerre de Corée, du Vietnam, d’Afghanistan…, un événement imprévu, majeur qui remettra en question tout le cours de la guerre, et cet événement est déjà en marche. 

Il n’est pas encore pressenti, mais tout indique qu’il travaille déjà dans son futur avènement. Certes, il est difficile d’expliquer cet événement ou des événements similaires se suivent, mais l’auteur ne peut s’empêcher d’avertir que cela sera et qu’il n’y a pas moyen d’arrêter la guerre autrement. Évidemment, on peut être très critique sur cette annonce qui en fait ressemble à une prédiction mais n’est pas une prédiction pour la raison très simple que toutes les guerres passées où les protagonistes en guerre s’étaient enlisées, il y a eu toujours un événement qui a surgi et mit fin à la guerre.

Et son avènement s’opère soit dès le début du conflit où l’enlisement commence à être perceptible, soit au milieu ou se rapprochant de la fin, un événement surgi de nulle part change les donnes et met fin au conflit. Combien l’évènement en question relève de l’œuvre des hommes en conflit, il relève aussi de la métaphysique-monde, en clair de Dieu. Les êtres humains qu’ils agissent en bien ou en mal ne savent pas qu’ils sont suivis dans tout ce qu’ils font par Dieu.

Le verset 16 de la sourate 50 est très éloquent sur ce point. « Nous avons effectivement créé l'homme et Nous savons ce que son âme lui suggère et Nous sommes plus près de lui que sa veine jugulaire. » Comment interpréter la parole de Dieu dans le Coran ? C’est simple, la pensée humaine qui permet aux hommes de penser. D’où la tiennent-ils ? Personne ne sait sinon que tous les êtres humains pensent, point barre. Les hommes n’ont pas de réponse là-dessus, et quel est l’homme qui peut se targuer de dire « qu’il pense par lui-même, qu’il créé sa pensée, qu’elle ne lui vient pas » ? Personne à moins qu’il soit fou, malade et dit le contraire, c’est pardonnable. Aussi, les hommes, sans pensées, non seulement ne peuvent faire la guerre mais n’existent pas.

Et donc, il y a une évidence non perçue, la guerre en Ukraine relève en fait de la Nécessité métaphysique-monde. Pourquoi ? Parce qu’elle sert dans la marche de l’histoire. Et l’auteur dans l’annonce de cet événement majeur à venir qui changera le cours de la guerre ne la tient pas uniquement de l’histoire de l’humanité. Certes, la marche de l’histoire joue un rôle central dans la marche du monde, mais il demeure qu’il y a des pressentis parlants dans tout individu pour peu qu’il cherche à se comprendre dans son essence et à comprendre le monde.

De plus, toute guerre a une fin, mais quelle fin ? Dans un prochain article, l’auteur s’efforcera de montrer les tenants et aboutissants des guerres passées, et il montrera le plus souvent, en particulier dans une situation d’enlisement, un événement non attendu mais potentiel surgit toujours pour démêler les conflits entre les hommes. Et les exemples qu’il aura à développer sont foison, et l’événement en question se préparait déjà en amont, ne restait que le moment opportun quand tout se décante, quand tout s’épuise pour qu’il apparaisse ; parfois il apparaît même à quelque moment de la guerre sans qu’il soit pressenti par les hommes qu’il est la pièce maîtresse qui mettrait fin à la guerre.

Et c’est là l’intérêt de comprendre la métaphysique de la guerre en général, et de la guerre en Ukraine en particulier, car elle permet aux êtres humains de mieux comprendre la marche de l’humanité, de mieux gérer les relations entre nations (internationales) et surtout d’anticiper les guerres dans le sens de les éviter si finalement elles n’apporteront que l’échec, les défaites même pour ceux qui croient qu’ils sortiraient victorieux quel que soit le camp de la guerre.

La victoire s’il y a guerre appartient en premier à l’avenir du monde avant d’appartenir à celui qui sortirait victorieux. Et c’est surtout de ce point de vue que les grandes puissances doivent s’inspirer, et ce ne sont pas le nombre de chars Leopard 1 et 2 ou les aéronefs F16 ou autres ou les menaces de guerre nucléaire brandies qui trancheront dans la guerre en Ukraine. C’est le monde de demain qui est en train de se construire doucement mais sûrement qui tranchera, et l’avènement de l’événement n’est qu’un outil historique pour permettre le dépassement d’une situation historique qui a fini ou est en train de finir ce pourquoi elle a existé.
 

Medjdoub Hamed
Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective


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