La monarchie patronale

par NoMan
lundi 20 août 2007

Nous entendons parler sans arrêt de droit au travail, des droits du travail, de ses problèmes, de ses devoirs, de ses enjeux, à tel point que nous en oublions parfois pourquoi il est important d’être protégé dans son activité. Mais là encore, il semblerait qu’il y ait des abus, comme souvent en France (voir « Les abus du social »).

D’abord, pourquoi protéger un employé ? Tout simplement parce que celui-ci dépend de quelqu’un, d’une personne ou d’un groupe de personnes que l’on appelle communément « patron » ou bien « actionnaire(s) majoritaire(s) ». Ces personnes sont des investisseurs, des entrepreneurs au sens premier du terme, des gens qui s’impliquent personnellement à l’aboutissement d’un projet professionnel et qui mènent à bien (ou à mal) leur entreprise. Ces personnes ont une implication financière personnelle, c’est-à-dire que c’est à eux de réunir l’argent dont ils sont en possession pour investir dans ce qui sera nécessaire pour la construction de leur entreprise, et que ce sera en principe eux qui payeront les pots cassés si jamais il arriverait par malheur que l’entreprise vienne à couler. Nous avons besoin de ces personnes audacieuses pour prendre des initiatives et construire un pays dit « développé ».

 

Mais le problème de ce genre de principe, que des personnes dirigent d’autres personnes sur le simple fait qu’elles aient de l’argent ou de l’audace, est simplement dans le genre humain, qui par sa vanité et son égocentrisme, fait que ces personnes qui contrôlent la vie économique d’un pays ne se rendent pas forcément compte de l’injustice sociale et du gouffre entre les populations qu’ils sont en train de creuser. D’après plusieurs études, et même de l’encyclopédie, les Etats-Unis, qui est le pays qui est régi le plus par ce capitalisme, connaissent un phénomène de séparation plus marquée des populations actuellement. En clair, les pauvres et classes moyennes sont en train de stagner dans leur évolution sociale lorsqu’ils ne s’appauvrissent pas, et les classes riches le deviennent de plus en plus. Comment expliquer ce phénomène ? Plusieurs raisons simples qu’il est important de comprendre.

 

D’abord, nous pensons que chacun d’entre nous en a déjà fait l’expérience au moins une fois dans sa vie, directement ou indirectement, les premiers à prendre en cas de coup dur sont sans nul doute les employés. Pourquoi ? Parce que le genre humain est ce qu’il est, et que l’on préfère sacrifier les autres plutôt que soi-même, et puisque c’est le patron qui décide, et bien ce n’est pas lui qui va faire les frais de ce genre de problème, mais ce sont ses employés qui se verront recevoir une lettre de licenciement économique. Et ce phénomène s’amplifiera, puisque nous sommes à l’heure de l’ultra libéralisme qui mettra encore plus en concurrence les entreprises et augmentera ainsi les risques de fermeture de certaines d’entre elles. Bien évidemment, comment voulez-vous dans ces conditions, avec une telle instabilité, que celui qui se fait licencier tous les plus ou moins cinq ans à cause de « restrictions budgétaires » (il est estimé qu’un employé changera environ dix fois de travail dans sa vie) puisse se faire une place importante dans une entreprise, et ainsi évoluer dans sa condition sociale. C’est tout simplement impossible au pire, très difficile au mieux. Et après on nous parlera de mérite...

 

Ensuite, que va-t-il se passer si nous continuons dans cet ultra libéralisme ? Simplement une concentration du pouvoir économique entre les mains de rares personnes qui auront cet égoïsme de tout garder pour eux ou pour leurs enfants (on nous parlera là encore de mérite, celui de naître...). Explications. Comme vous l’avez compris nous l’espérons, le patron est celui qui s’attribue le plus gros salaire, jusque-là rien de vraiment anormal, il est légitime qu’il soit récompensé des efforts qu’il a fournis pour monter sa boîte. Mais l’être humain et son égoïsme fait que le patron s’attribue (parfois) un trop gros salaire comparé à celui de ses employés (il n’est pas rare en France que l’indice approche 1 aux employés pour 12 aux patrons), et que ce sont ces derniers qui paieront les pots cassés d’une entreprise qui va mal, au lieu que le patron se sacrifie un peu. Nous avons vu ça un peu plus haut. Ceci aura donc pour conséquence un maintien de la classe moyenne, moyenne-moins là où elle est, et un enrichissement de ceux qui ont les moyens de production. Or, et c’est là le plus gros danger, nous entrons dans un cercle vicieux pour certains, un cercle vertueux pour d’autres, d’un trop grand capitalisme que sont en train de connaître les Etats-Unis, à savoir l’agrandissement du fossé qui sépare les différentes classes. En effet, ceux qui ont les moyens de production vont s’enrichir selon le principe que nous avons vu précédemment, et pourront ainsi s’enrichir d’avantage, au détriment des ouvriers. Cet enrichissement aura pour conséquence que les patrons pourront avoir encore plus de moyens de production grâce à l’argent qu’ils auront amassé, et pourront s’enrichir d’avantage, et ainsi de suite... Ce phénomène est tout simplement inacceptable dans un pays où l’on se vante de l’égalité entre les citoyens de ce dernier.

 

Et c’est là que notre compréhension s’arrête, quand nous voyons des gens de ces classes moyennes et basses qui se ruent aux urnes pour mettre leur bulletin « Sarkozy » ou autres ogres de droite qui ne font qu’amplifier ce phénomène inégalitaire et inhumain qui fait que les hommes se séparent au nom de l’argent et de la concurrence.

 

On nous dira sans doute que le capitalisme a du bon. C’est vrai il en a. Le fait que les entreprises soient en concurrence permet un développement rapide de la société, des technologies, il permet une réelle liberté pour des personnes qui veulent construire quelque chose de leurs propres mains, mais le problème est qu’elles deviennent bien vite sales ces mains à force de manipuler tant de billets. Le seul problème du capitalisme est qu’il est régi par les lois de l’argent, qui est son fondement, ce qui fait que c’est un gros problème. Il donne à de simples hommes beaucoup trop de pouvoir, qui est synonyme de corruption et d’injustice. Il met à la merci de quelques-uns des milliers d’hommes et de femmes qui ne demandent qu’à vivre convenablement, pendant que leurs employeurs s’adonnent à des activités financières qui excluent l’humanité dans leurs statistiques, quand ils ne sont pas en train de vivre dans un luxe plus qu’exagéré quand des personnes meurent de faim et de froid à quelques rues d’ici.

 

Vous l’aurez compris maintenant pourquoi on doit protéger les employés, car il sont les objets du développement de certains, et que s’y rien n’est fait pour ces personnes, nous reviendrons très vite à l’esclavage.

 

En tout cas en conclusion, nous pouvons donc dire simplement, que dans un pays où il est prôné la liberté, l’égalité et la fraternité et où on se vante d’être une démocratie, il nous semble un peu déplacé d’encourager une politique de division de la population, de mise en concurrence et où c’est le plus riche qui a le pouvoir d’être libre et de contrôle sur des centaines de personnes.

 

Alors forcément nous entendons d’ici les hurlements des « petits » patrons, qui se sentent insultés par tant de haine patronale. Qu’ils se rassurent, cet article ne leur est pas adressé, bien au contraire, nous préférons leur adresser un grand merci à ces hommes et femmes qui se décarcassent pour construire et faire tourner leur petite entreprise honnêtement, sans abus ni superflu. C’est grâce à des gens comme eux qu’un pays tourne, et nous les comprenons quand il est voté une loi qui protège encore plus les employés et qui ne leur permet pas d’embaucher d’avantage (voir « La protection salariale »). Nous sommes là dans une situation paradoxale, où nous sommes obligés de protéger l’employé sans pour autant retenir le patron dans l’embauche. Beaucoup de travail doit être fait dans ce but, mais aucun des partis, que ce soit de gauche ou de droite, ne semble s’intéresser à ce compromis (voir « Le salarié et l’entreprise »).

 

 

 


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