La mondialisation (2/3) d’une activité économique

par Aimé FAY
vendredi 3 juin 2016

Une activité économique (1) se définit par l'ensemble des tâches manuelles, mécaniques ou intellectuelles qui concourent à la production et/ou à la commercialisation d'une offre de biens et/ou de services.

Max Weber (1864-1920) disait qu'elle "est toujours le fait d'agents économiques isolés qui entendent satisfaire leurs propres intérêts idéaux ou matériels." (2). Et, Adam Smith (1723-1790) de nous rappeler 2 choses : "Mais ce n'est qu'en vue du profit qu'un homme emploie son capital à soutenir une activité." et "Ne jamais chercher à faire chez soi ce que l'on peut acheter à meilleur compte (ailleurs (NdA))." (3).

La division internationale du travail, chère à David Ricardo (1772-1823) et à son avantage comparatif, permet aujourd'hui, et parfois de manière exacerbée, "de concevoir ici, de produire ailleurs, d'assembler là-bas et de vendre partout(4). L'offre − celle, a minima, d'une PME ou d'une PMI − ne pense plus local ou national, mais planétaire, mondial. Son marché, sa demande, c'est-à-dire ses clients, peuvent, grâce à l'Internet et à un simple terminal électronique, accéder à la plupart des offres, quelle que soit leur localisation.

Si la mondialisation d'une activité n'est donc pas nouvelle, sa puissance globalisante et intercontinentale a rapidement progressé sous l'impulsion, notamment :

- du développement des assurances maritimes (19ème siècle) ;

- des transports modernes de masse par bateaux, grâce à l'invention du moteur diesel à la fin du 19ème siècle, par Rudolf Diesel (1858-1913), puis à l'utilisation du container (invention de Malcom Purcell McLean (1913-2001)), dès la seconde moitié du 20ème siècle ;

- de la fin de la 2ème Guerre mondiale qui a permis l'accélération du développement des échanges intra-bloc politiques : l'Occidental d'un côté, le bloc communiste de l'autre ;

- du GATT (General agreement on tariffs and trade), dès 1947, qui a énoncé les premières règles du commerce mondial ;

- du Traité de Rome qui, dès 1957, a organisé autour de 6 pays européens une mini-mondialisation de nombreuses activités économiques. Plus tard, dans le secteur de l'aéronautique − avec Airbus par exemple − on conçoit ici et là-bas, on fabrique dans plusieurs pays, on assemble en France, puis l'on vend dans le monde entier ;

- de la fin des Trente Glorieuses qui a obligé les pays occidentaux à rechercher les coûts de production les plus bas et aussi de nouveaux débouchés ;

- du décloisonnement et de la dérégulation du marché des capitaux (4) au milieu des années 1980 ;

- de la dislocation de l'Union soviétique et de ses pays satellites, qui a ouvert une nouvelle ère pour une mondialisation sans frontière des activités économiques entre l'Est et l'Ouest ;

- d'accords de libre-échange, de marché unique, etc. ;

- du remplacement, en 1995, du GATT par l'OMC (Organisation mondiale du commerce). L'OMC a permis l'intégration supplémentaire de près de 40% de nouveaux consommateurs mondiaux avec l'Inde, le Brésil et plus tard la Chine, en 2001 ;

- du transport aérien qui permet aux personnels des activités économiques mondialisées (décideurs, chefs de projets, coordinateurs, techniciens…) d'aller d'un pays à un autre, en quelques heures.

Avec ce type de mondialisation, une large diffusion du progrès technique s'est opérée engendrant de nouvelles créations de richesse − ici et là-bas. Elle a aussi permis, au-delà de la propagation des concepts de démocratie et d'économie de marché, notamment :

- plus de dialogue intercontinental pour éviter les confrontations et les protectionnismes de toutes natures ;

- l'accélération de la hausse du niveau de vie moyen et de l'IDH (cf. : La mondialisation 1/3)… surtout chez les pays émergents et chez quelques pays pauvres… pas encore totalement étouffés par la corruption, le népotisme et le clientélisme.

Cependant, pour certains économistes et partis politiques portés par la notoriété du Nobel 1988, Maurice Allais (1911-2010), la mondialisation des activités c'est, au contraire des idées reçues, la destruction des emplois, la baisse des salaires et de la croissance – pour les pays occidentaux – à travers l'alignement par le bas, du coût des facteurs de production – dont le référentiel est désormais celui des pays émergents – et, in fine, l'abandon, par ces pays, d'une part de leur souveraineté économique et politique. "L'évidence empirique est là éclatante. Telle qu'elle s'est développée, la mondialisation est le facteur majeur du chômage et de la réduction de la croissance, et depuis 25 ans toutes les politiques mises en œuvre pour combattre le chômage et rétablir la croissance ont été totalement erronées" (5). Courant de pensée repris par la plupart des mouvements nationalistes, comme ceux de repli sur soi et/ou protectionniste.

N.B. : toutes les activités économiques sont touchées par la mondialisation, qu'elles soient industrielles ou de services, financières, environnementales, culturelles, artistiques… ou encore illégales, comme les trafics et mafias en tout genre.

À suivre : la mondialisation financière.

 

1. L'INSEE recense quelque 732 activités économiques différentes dans la NAF (nomenclature d'activités françaises).

2. Économie et société, Tome 1, paragraphe 41- Les ressorts de l'activité économique, p. 280. Weber place cette activité dans une économie qu'il appelle transactionnelle. Celle qui s'apparente le plus à l'économie de marché, c'est-à-dire à celle actuelle.

3. Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, livre IV, chapitre 2, p. 468, lignes 8-10, et p. 469, lignes 18-19.

4 Aimé Fay, La crise en quelques mots, du début du 19ème siècle à nos jours (Éditions l'Harmattan, Paris, 2015).

5. Maurice Allais : La mondialisation, la destruction des emplois et de la croissance : l'évidence empirique, Chap. Introduction, p. 38-39.

 

Crédit photo : quelques pays de la chaine de fabrication de l'Iphone (sites.google.com)


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