« La peur de l’insignifiance nous rend fous » dans la vie et sur le net

par gruni
mardi 11 février 2014

"Si à cinquante ans on n'a pas une Rolex, c'est qu'on a raté sa vie". On aimerait quelquefois oublier sa bonne éducation pour se soulager face à tant de bêtise et d'arrogance. Et après tout pourquoi résister... Vous êtes un c.. Monsieur S. !

"La peur de l'insignifiance nous rend fous" et le titre de l'essai de Carlo Strenger . Dans son ouvrage publié en 2013, le psychanalyste porte un regard sévère et réaliste sur notre société de "l'infodivertissement global". "Une quête de sens" dans un monde où le besoin de reconnaissance est devenu une obsession. 

Le "Tout devient possible" de Sarkozy ou le "Yes we can" d'Obama, mais aussi un exemple parmi d'autres en ce moment sur nos écrans télé, la publicité de Citroën " Sortez du rang" avec un défilé de 240 figurants payés au lance-pierre. Voila des exemples du "Just do it", qu'il faut traduire par "La culture de la célébrité et la création du moi" selon Carlo Srenger. 

Après tout si Bill Gates ou Mark Zuckerberg sont devenus célèbres et riches, pourquoi pas nous. Car il suffit pour toucher le veau d'or ou découvrir le Graal, d'en avoir la volonté, tout le monde peut y arriver c'est évident et tellement simple. Commencez par chausser des baskets Nike et offrez-vous une DS 3, ensuite n'hésitez plus et présentez vos pitreries dans une téléréalité. Le résultat est garanti. Avec un peu de chance vous aurez droit à votre quart d'heure Warholien. En fait si vous ne réussissez pas votre vie comme vous l'aviez rêvée, ce n'est que de votre faute et par manque de volonté. Vous vouliez devenir un Lionel Messi et vous voilà maçon, vous espériez devenir écrivain et vous écrivez sur un blog dans l'indifférence générale. Et pourtant vous avez l'outil essentiel pour réussir, la clé du succès, le "Mur" de Facebook !

Le sentiment et l'angoisse de l'échec explique en partie l'abus de psychotropes, mais pourquoi en sommes-nous là. Dans son livre Carlo Strenger désigne les coupables de la maladie existentielle "d'homo globalis", mais n'est-ce pas d'abord nous-mêmes les responsables. Nous incapables de résister aux sirènes de la gloire promise par tous les gourous médiatiques de l'audimat, ainsi qu'au matraquage publicitaire permanent. Nous si faibles d'esprit qui nous nous laissons manipuler sans trop résister par les élites politiques et les promesses illusoires d'un monde meilleur promis par les religions.

Mais dans un article sur Sciences et Avenir, l'auteur du livre met également en accusation les nouvelles technologies.

"La globalisation et internet ne font que renforcer ce sentiment d'urgence de devenir quelqu'un et cette peur de n'être pas grand chose", dit-il. Mais cela arrive surtout "si je commence à me demander combien de gens parlent de moi dans ce monde ? Et combien ai-je obtenu de "like" sur Facebook".

Carlo Strenger pense également que "les nouvelles technologies font grimper la peur de l'insignifiance plutôt que de la calmer".

Comment se sortir du piège infernal du tout est possible pour moi. L'auteur répond à cette question par un autre slogan "connais-toi toi-même". C'est à dire se fixer des limites raisonnables en fonction de ses capacités réelles. Ce qui n'interdit pas de fantasmer... La nuit.


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