La politique économique d’Hitler avant 1938

par Jean Beaumont
mercredi 7 mars 2018

L'endettement de la plupart des pays industriels dépasse, ou frôle, pour un grand nombre, leur PIB annuel. Une telle situation mondiale est si dramatique qu’on peut se poser la question de savoir si il a existé un exemple dans l’histoire contemporaine d’un homme politique renversant la vapeur en très peu d’années, éradiquant le chômage, stoppant l'inflation, et renflouant les caisses ?

Oui il y en a un, sans conteste, mais prononcer son nom équivaut à convoquer Belzebuth.

John Kenneth Galbraith, l'un des économistes américains les plus influents et les plus lus du XXème siècle (conseiller de plusieurs présidents, ancien ambassadeur en Inde est l’auteur de plusieurs dizaines de livres traduits dans de nombreuses langues) est formel. Pour information, Galbraith enseigna l'économie à l'université de Harvard pendant des années. Voici ce qu’il a notamment écrit au sujet de l’Allemagne : « L'élimination du chômage en Allemagne durant la Grande Dépression, sans inflation – et avec la dépendance initiale envers les activités civiles essentielles – fut un signe de réussite. On n’en a rarement fait l’éloge et on n’en a guère parlé. L'idée qu’Hitler ne pouvait faire aucun bien s'étend à son économie. La politique économique du régime hitlérien impliqua des emprunts à grande échelle pour les dépenses publiques et les travaux publics : voies ferrées, canaux et réseau autoroutier. Il en résulta une action bien plus efficace contre le chômage que dans tout autre pays occidentaux. À la fin des années 30, le plein emploi avec des prix stables furent instauré en Allemagne. Ce fut un exploit absolument unique dans le monde industriel. Hitler anticipa également la politique économique moderne, en reconnaissant qu'une méthode rapide en faveur du plein emploi n'était possible qu’associée au contrôle des salaires et des prix.  » Répétons-le, l’auteur de ces lignes n’est pas un ancien membre de la division Das Reich, mais un économiste enseignant à Harvard.

Hitler était en fait un disciple de Gottfried Feder (1883-1941) économiste qui avait souligné dans ses travaux la « criminalité de la dette » dans son fameux « Manifeste pour briser les chaînes de l’usure » (ouvrage par ailleurs à tonalité antisémite). Il se trouve qu’en 1914, les nations belligérantes avaient abandonné le standard-or afin de financer la guerre sans être limités par une contrevaleur, rappelant fort notre situation actuelle où, il faut le répéter, on crée de la monnaie en échange de lettres de créances qui équivalent peu ou prou à du papier-Q. 

En octobre 1919, Hitler donne son premier discours sur le sujet de la dette à Munich, devant un maigre auditoire, dans un café. De discours en tribunes, son audience s’élargit à mesure que l’hyperinflation lamine le pouvoir d’achat des allemands ; son audience est bientôt conforté par la faillite des banques allemandes et autrichiennes, puis celles des banques américaines, peu avant lors du krach de 29. Selon Hitler, « fabriquer de la monnaie à partir de rien est une activité criminelle ». John Garraty (un historien américain peu suspect de complaisance, il a combattu le troisième Reich sous la bannière étoilé) écrit ceci : « Hitler lança dès 1933 une attaque tous azimuts contre le chômage... Il stimula le secteur privé grâce à des subventions et des dégrèvements fiscaux, encouragea les dépenses de consommation par des moyens comme les prêts de mariage, et entreprit un programme de travaux publics sans précédent. »

Ensuite viendront la guerre et ses tragédies, la folie d'un homme plongeant l'Europe dans le sang et le crime, faisant oublier ce qui a précédé. 

Il est logique que l'on ne retienne du nazisme que les persécutions déjà actives contre les juifs de la période 1933 à 38, mais la réussite du système économique mis en place par Hitler dans la même période fut si patente que l'historien reconnu Evan Burr Bukey (professeur émérite au J. William Fulbright College of Arts and Sciences, ce docteur en Histoire a reçu en 2014 le prestigieux « Karl von Vogelsang National Award for History and Social Sciences » du gouvernement australien) s’avança jusqu’à la qualifier de « l'une des plus remarquables réussites économiques de l'histoire moderne. » Ainsi par exemple, d'un pic de 5 millions de chômeurs en 1932, l'Allemagne n'en comptait plus que 400 000 en 1938… 

On n'ignorera pas, toutefois, le caractère sulfureux de ces analyses sacrilèges. 


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