La privatisation de la guerre

par Bruno Hubacher
jeudi 20 décembre 2018

Le retrait des troupes américaines de Syrie, annoncé par le président américain, est avant tout une opération commerciale.

En effet, énoncé au mois d’avril de cette année déjà (WSJ) le président suit les recommandations du frère de sa secrétaire à l’éducation, Betsy De Vos. Se montrant reconnaissant d’une contribution généreuse de 250'000 USD à sa campagne présidentielle, Donald Trump s’apprête à remplacer le personnel de l’armée américaine sur sol syrien par des mercenaires de la société militaire privée « Academi », plus connu sous le nom de « Blackwater », sous la direction de son fondateur, Erik Prince.

Fils de l’équipementier automobile et milliardaire, Edgar Prince, mort en 1995, Erik Prince investit le produit de son héritage dans la création, en 1997, d’une société militaire privée du nom de « Blackwater », aujourd’hui « Academi ».

Après avoir obtenu des mandats de l’administration Bush d’une valeur de plus de 1 milliard USD pour des « opérations spéciales » dans l’invasion américaine en Iraq (NYT), « Blackwater » se donna une nouvelle virginité en changeant de nom en 2011, suite à un « couac », survenu le 16 septembre 2007 pendant une de ses interventions à Bagdad, opération désormais connu sous le nom de « massacre du Nisour Square ».

En octobre 2014, un tribunal américain condamne trois ex-employés de la firme à des peines de prison allant de 30 ans à perpétuité pour avoir massacré 14 civils et blessé 17 autres, dont des enfants.

Dans le but d’éviter une résurgence des guerriers d’Allah sur sol syrien, l’administration Trump envisage de mettre à contribution financière les leaders d’Egypte, d’Arabie Saoudite, le Qatar et des Emirats-Arabes Unis dans le but de remplacer l’armée américaine par une armée de mercenaires privée, afin de faire régner l’ordre dans la zone à l’est de l’Euphrate, actuellement contrôlée par les américains (WSJ). Une récente déclaration de la part d’Erik Prince, qui a visiblement eu accès aux mêmes contacts, vont dans le même sens.

En effet, contacté « de façon informelle » par des dirigeants de divers pays arabes, Erik Prince propose pour la Syrie un concept déjà exposé dans le cadre de l’occupation américaine de l’Afghanistan, celle de l’instauration d'une force militaire privée, de préférence gérée par sa société « Academi », sous le commandement d’un « vice-roi » américain, placé sous la direction du président, un retour au colonialisme britannique du 19ème siècle.

Pour le président américain, autant que pour le président français, qui, à ce stade est encore aux questions sociales, l’apothéose de la réalisation d’une société capitaliste est le contrôle de l’armée.


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