La raison contre le terrorisme

par Carlo Gallo
mardi 3 novembre 2020

Les attaques à Paris, les attaques à Nice, les attaques à Vienne, pour ne citer que des derniers actes terroristes…

Les manifestations des Loups gris à Lyon et dans le Rhône, la chasse aux Arméniens…

Derrière ces fous écervelés qui commettent l’acte final, il y a les instigateurs, ceux qui poussent au crime contre l’humanité. Il y a aussi une idéologie totalitaire, peinte ou non des couleurs de la religion…

Louis Aragon disait : « Certains jours, j’ai rêvé d’une gomme à effacer l’immondice humaine.  »

J’ai envie de dire, en imitant Louis Aragon : « Certains jours, j’ai rêvé d’une gomme à effacer les dictateurs, au premier rang desquels Erdogan et Aliev. » J’ai envie de dire aussi : « Certains jours, j’ai rêvé d’une gomme à effacer les idéologies totalitaires »

Si de personnes crédules pensent encore que l’État islamique est vaincu en Syrie et en Irak, elles se trompent dangereusement. Le véritable État islamique est en train de naitre en Turquie et en Azerbaïdjan, sous l’impulsion de Recep Tayyip Erdogan.

Et si quelqu’un pense que les bonnes paroles feront pencher la balance du côté de la liberté et de la pensée libre et humaniste, il se trompe royalement. Les dictateurs savent utiliser et instrumentaliser la démocratie pour promouvoir leurs noirs desseins.

Resté désarmé devant une telle barbarie, ne sert à rien.

L’école a échoué ; dans le meilleur des cas, elle évite de former des hordes d’intolérants, mais, sous nos yeux, elle forme des hordes d’ignorants faciles à manipuler car comme disait Hannah Arendt : « C'est dans le vide de la pensée que s'inscrit le mal. »

Un autocrate aspirant calife appelle sa « nation de se soulever » contre l’Occident qui représente pour lui le mal absolu, et des milliers d’incultes, vivant dans la misère intellectuelle totale, prennent les armes et tuent tous ceux qui passent à côtés d’eux…au nom du dieu miséricordieux !

N’y a-t-il pas comme une aberration là-dedans ?

La guerre perdue dans les écoles, notamment dans certains quartiers, dont les enfants perdus de la République sifflent la minute de silence en hommage à Samuel Paty, sont irrécupérables et incapables de vivre en société.

Que dire alors des guerres menées par le fou furieux d’Ankara ?

Qui l’arrêtera, celui qui rêve de reconstruire l’Empire ottoman et en prendre la direction tel un nouveau Soliman, mais en mieux, car victorieux et calife ?

Des pays, dont un grand d’Europe et un dragon du Moyen orient, soutiennent indirectement ou directement ce rêve en vendant des armes et en bloquant toute décision collective de ce schmilblick qu’est devenu l’Union européenne.

Et pendant ce temps-là, l’Azerbaïdjan, avalé par la Turquie d’Erdogan, aspire à finir le travail commencé par les grands-pères des Azéro-turcs, à la fin du dix-neuvième siècle et pas terminé au début du vingtième.

A ce propos, je ne cherche pas à aller plus loin : il faut de l’aide aux Arméniens pour résister à l’agression azéro-turque.

En les soutenant, c’est nos vies et notre mode de vie que nous défendons, car le pouvoir de nuisance des islamo-fascistes azéro-turcs est sans limite.

Gilles Hertzog a publié le 2 novembre 2020, un texte dans ce sens. Un texte qui appelle les choses par leur nom, car « tendre l’autre joue quand on a reçu une gifle », ne fonctionne pas dans ces cas : « Appel à l’arsenal des démocraties. Face à un ennemi qui dispose d’une supériorité redoutable, les Arméniens, ce peuple martyrisé, doivent pouvoir se défendre.

Un petit peuple martyrisé, il y un peu plus d’un siècle, par les maîtres de la Turquie se bat de nouveau pour sa survie face au même Etat, plus puissant et déterminé que jamais à soumettre une fois pour toutes ce peuple en trop, fait des descendants irréductibles du génocide de 1915.

Hommes et femmes d’Arménie luttent le dos au mur. Ils périssent par centaines sous les bombes et les drones de l’ennemi à deux têtes, Turcs et Azéris, qui les visent droit sur eux. Mais, jusqu’à ce jour, ils tiennent.

Face au Moloch qui menace de les broyer, ils ont tous ce qui fait d’eux, dans ce combat suprême, des Résistants : le souvenir du Plus jamais ça, le courage du désespoir, la patrie ou la mort. Et ils savent qu’ils sont nos frères humains, que nous tremblons pour eux et que nous les admirons. Mais résister, cela veut dire avoir en mains ce qui fait de tous ces combattants, ces volontaires venus du monde entier, des hommes capables de rendre coup pour coup à l’ennemi sans lui laisser de repos.

Pour l’heure, cet ennemi à deux têtes dispose d’une supériorité redoutable. Elle a deux noms, deux noms de terreur et d’effroi : Bayraktar TB2s et Anka-S. Ce sont des drones. Que rien, pour l’heure, ne peut empêcher de frapper es défenses arméniennes : ni les systèmes anti-missile, trop sophistiqués pour les intercepter ; ni, au sol, les bunkers de fortune pour s’en protéger. Ne parlons pas des cessez-le-feu du ‘‘protecteur ’’ russe ou de la communauté internationale. La parade viendra-t-elle du brouillage ? des brouillards opaques de l’hiver ? Nul, à ce stade du conflit, ne peut s’en remettre à ce fragile espoir.

En un mot, il faut des armes pour cette armée si démunie, pour que ce grand petit peuple ne cède pas.

Comme nos parents criaient jadis : ‘‘Des canons, des avions pour l’Espagne républicaine ! ’’, comme nous criions il y a un quart de siècle, face au siège de Sarajevo sous embargo, ‘‘Des armes pour la Bosnie ! ’’ il faut crier aux oreilles des peuples européens et de leurs dirigeants : « Des armes pour l’Arménie ! ’’ 

Appel à l’arsenal des démocraties.

Quant à cet autre arsenal qu’est celui des idées, voici une munition célèbre, à la poudre toujours sèche et à la mèche toujours allumée car elle ne s’est jamais depuis éteinte dans la mémoire du temps.

Le 3 novembre 1896, Jean Jaurès tente en vain de convaincre la Chambre des députés de voter un ordre du jour appelant le gouvernement et les prolétaires français à réagir aux massacres de masse de ses sujets arméniens par Abdulhamid II, le sanglant Sultan rouge. ‘‘ L’essentiel, conclut Jaurès au terme d’un fleuve de paroles admirable, c’est de préciser la responsabilité non seulement du Sultan, mais la responsabilité de l’Europe elle-même et la responsabilité précise de la France. Et c’est aussi de chercher avec précision quelle peut être la solution de la question qui est posée à cette heure devant la conscience européenne. ’’

Marcel Proust, dans Jean Santeuil, son grand pêle-mêle de jeunesse où se génère et se rassemble la matière de ce qui donnera plus tard La Recherche, rendra hommage à cette intervention de Jaurès, peint sous les traits du député Couzon. Couzon tente par sa ‘‘dignité’’ et sa « grandeur ’’ de faire naître une révolte morale contre l’assassinat d’un peuple. Et Proust de lui prêter ces mots : ‘‘ La vie et surtout la vie politique n’est-elle pas une lutte, et puisque les méchants sont armés de toutes les manières il est du devoir des justes de l’être aussi, quand ce ne serait que pour ne pas laisser périr la justice. ’’

Ne pas laisser en Arménie périr la justice sous la mitraille du nouveau Sultan. »

Enfin, pour éviter tout ça, j’ai envie de dire : « Certains jours, j’ai rêvé d’un stylo, et d’un livre pour enseigner la liberté et la raison ».


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