La « réforme » des retraites, les bonnes sœurs et les présidentielles de 2022

par Marcel MONIN
samedi 7 décembre 2019

Les gouvernants du moment annoncent, sous l’appellation « réforme des retraites », un système d’assurance retraite qui pourra être géré à terme par les assureurs, les banquiers, et évidemment par des fonds de pension (1). Dans le cadre de la logique des dispositions des traités « européens ».

Les citoyens n’en voulant pas pour la plupart (et ne pouvant pas logiquement en vouloir, sauf à être masochistes), les gouvernants ont (astucieusement ?) proposé d’en discuter tout en refusant de remettre en cause leur dessein.

Ce qui fait penser (mutatis mutandis) à ces prêtres qui fréquentaient les couvents et qui disaient aux bonnes sœurs : « Je vais vous violer ; discutons des positions ».

Beaucoup des leaders syndicaux qui ont accepté la discussion sont en quelque sorte « tombés dans le panneau ». Mais pas tous. Certains dévoilant la technique de manipulation utilisée (bien connue par ailleurs des spécialistes) (v. sur internet).

Ce qui, évidemment, pose problème. Car toute manipulation consiste à prendre celui qui en est l’objet pour (soit dit de manière abrupte) … un "imbécile".

Mais si le manipulé s’en rend compte, la manipulation n’est pas efficace.

D’ailleurs, les observateurs s’en rendent de plus en plus compte. Et puis, malgré les techniques de manipulation sur-dosées (2) et utilisées mécaniquement et à grande échelle, le mécontentement populaire subsiste et grossit.

Il semblerait donc à cet égard que si les gens du pouvoir connaissent les techniques de manipulation, ils les pratiquent sans finesse suffisante.

Ce qui amène à poser la question :

Ceux qui ont « fabriqué » le candidat Macron et l’ont soutenu ensuite, seront-ils tentés de trouver quelqu’un d’autre pour les élections présidentielles de 2022 ?

Qui, évidemment, sera fiable et donnera l’assurance qu’il œuvrera dans le même sens. Mais qui, avec d’autres équipes composées de gens plus subtiles, saura mieux le faire.

Marcel-M. MONIN

constitutionnaliste

(1) On rappellera, ou l’on apprendra à ceux qui devraient le savoir, que les institutions européennes ont préparé des dispositions sur le fonctionnement futur des fonds de pension (directive IORP) et que l’ordonnance 2019-575 du 12 juin 2019 en organise la transposition. Sauf à considérer que ces textes ont été rédigés pour ne servir à rien …

(2) Dans le même temps beaucoup d’observateurs relèvent que les discours du chef de l’Etat sont construits de la même manière et contiennent systématiquement des formules consensuelles avec lesquelles chacun, quel que soit son « bord », peut être d’accord. Et qui leur rappellent sous un certain rapport, la logorrhée de certains chefs d’Etat africains, qui ne manquent pas de ponctuer leurs discours de formules de bon sens ou sympathiques sur un avenir radieux et sur des rapports consensuels avec tout le monde, alors que leurs décisions ont donné, donnent, et ne peuvent que continuer à donner les résultats que l’on observe.


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