La responsabilité du gouvernement face au Covid-19

par Bernard Mitjavile
mercredi 29 avril 2020

 

Edouard Philippe dans son discours du 29/4 à l’Assemblée a présenté le covid-19 comme une sorte de fatalité contre lequel le gouvernement a fait du mieux qu’il a pu, les commentaires critiques se résumant selon lui à des « propos de café du commerce » (merci pour les cafés, merci pour le commerce).

C’est se dédouaner un peu rapidement de la responsabilité du gouvernement.

Le gouvernement a fait deux fautes très sérieuses dans cette épidémie : il n’a pas fermé les frontières à temps, critiquant les autres pays européens qui le faisaient et il a menti de façon répétée par la bouche du Premier Ministre, de la porte-parole Sibeth Ndiaye et du Professeur Salomon en disant que les masques de protection ne servaient à rien alors que tout simplement, il n’en avait pas assez à sa disposition suite à un manque de prévoyance.

Concernant le premier point d’importance cruciale, nous avons eu droit à une déclaration d’E Macron expliquant le 12 mars dans une intervention télévisée que « le virus n’a pas de frontières, pas de passeport », à quoi le bon sens et l’évidence répondaient « mais les gens porteurs du virus ont des passeports ».

Les pays européens qui ont le mieux contrôlé la propagation du virus en Europe, Autriche, Hongrie, Pologne, République Tchèque, Slovaque, Danemark, Norvège, Finlande, Grèce, etc.. ont utilisé cette arme dans les premières semaines de l’arrivée du virus. Les mauvais élèves, Italie, France, Espagne ont été beaucoup plus lent avec une mention particulière pour la France qui pourtant pouvait tirer des leçons de l’expérience de son voisin, l’Italie.

C’est encore plus vrai au niveau mondial où Taïwan, sans doute le pays qui a le mieux réagi, a immédiatement fermé toutes ses frontières avec la Chine dès le début de l’épidémie suivi de la Corée du Sud, Singapour et le Japon.

Comment expliquer cet aveuglement sinon par une idéologie que l’on pourrait qualifier de sans-frontiérisme ou européiste au mauvais sens du terme, idéologie relayée par des associations du type SOS racisme et des hommes politiques de gauche avec la complicité d’une partie de la droite. C’est cette même idéologie qui explique que l’on contrôle moins bien l’immigration en France qu’ailleurs en Europe avec des excuses du genre « les frontières n’empêcheront pas les immigrants poussés par la misère de passer » et des accusations à l’encontre des pays qui font mieux que nous, expliquant qu’ils s’opposent aux traités européens interprétés à notre façon.

Cette digression sur la politique d’immigration montre que le refus de fermer les frontières à temps n’était pas le fruit du hasard mais le fruit d’une idéologie qui depuis longtemps a montré ses (mauvais) fruits. C’est d’autant plus sérieux qu’avec le refus de tout mea culpa du gouvernement et l’insistance du président Macron qu’il faut résoudre les crises de ce type au niveau européen dans le respect des accords de Schlengen, on a des raisons de craindre que cette tragédie humaine et économique n’ait pas servi de leçon au gouvernement et que l’on ne soit pas plus prêt à faire face à une autre menace de ce genre.

Concernant le mensonge sur l’inutilité des masques, on peut dire qu’il suscite plus la pitié à l’égard de nos dirigeants que l’indignation. On se dit « si encore, ils savaient bien mentir ». On se rappelle une interview d’E Philippe par JP Pernaud de la Une, loin d’être le plus pugnace des journalistes, où ce dernier lui demandait de façon répétée pourquoi les masques seraient inutiles en France alors qu’ils avaient montré leur utilité ailleurs, Philippe se contentant de répéter son affirmation sur l’inutilité des masques et refusant de tenir compte des leçons d’autres pays. On a vu aussi la porte-parole Sibeth Ndiaye expliquer que mettre un masque était un geste technique très compliqué et donc, que l’on ne pouvait le proposer aux Français.

Ramener ce genre de critiques concernant l'action du gouvernement face au Covid reprises sur différents plateaux télévision à des propos de « café du commerce » surtout dans une période où les cafés sont fermés et leurs clients confinés est un peu facile et risque de ne pas bien passer pour une majorité de Français.


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