La retraite redeviendra-t-elle l’antichambre de la mort ?

par Elric Menescire
lundi 16 janvier 2023

"La société n'existe pas"

Margaret Thatcher

 

Le battage médiatique tourne à plein régime : sur toutes les ondes, les ministres macronistes et autres "journalistes" macronolâtres font la retape pour une réforme qui serait "juste", "équitable" et "responsable".

On ne compte plus les arguments fallacieux et autres procédés bidons, destinés à "convaincre" un peuple de récalcitrants à la grandeur, la beauté et la justice macroniennes, et à l'impérieux calendrier de cette réforme "nécessaire".

Un peuple qui reste convaincu à plus des trois quarts, contre vents et marées sondagères et journalo-orientées, que rester deux ans de plus sur le billot, c'est bien deux ans de trop.

Et puis, étant donné que tout le monde sait qu'à chaque fois qu'un macroniste dit blanc, c'est noir, et que les individus qui prétendent diriger le bateau France (vers le précipice ? Ou l'iceberg ? Mystère) ont toujours un plan de com' d'avance, il est temps de se poser les bonnes questions.

Celles qui réellement, fâchent.

De quoi cette réforme est-elle donc le nom ?

De quelle vision de la société porte-t-elle la signature ?

Pourquoi, au fond, une telle réforme maintenant, alors que le pays fait face à de très nombreux défis, certains étant même de nature existentielle ?

N'y avait-il pas plus urgent à faire dans la période ?

 

Emploi vs travail

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l'europe est exsangue.

Des millions de morts, de réfugiés, de sans abri.

Un système productif à terre, des destructions massives.

Tout est à reconstruire.

Or, en sept mois, et contre vents et marées (à savoir le patronat, mais aussi les gaullistes et autres "réformistes" comme les syndicats style CFTC et FO, créé en 1947) la CGT, aidée à l'Assemblée par plusieurs centaines de députés, et au gouvernement par 4 ministres tous communistes, va réussir à mettre en place, grâce à ses 5 millions de militants qui seront jour et nuit sur le terrain, les caisses du Régime Général de Sécurité Sociale.

Caisses qui existaient déjà précisons le, mais qui n'étaient pas unifiées, et qui surtout étaient gérées par les patrons.

La grande nouveauté ? Sur plus de 1200 caisses existantes, 700 seront préemptées et entreront dans le Régime Général de Sécurité Sociale, Régime qui sera alors géré par les assurés eux-mêmes, via leurs élus syndicaux. Ce système tiendra jusqu'en 1967, quand les gaullistes, appuyés par les syndicats réformistes une nouvelle fois, pondront les ordonnances Jeanneney, qui institueront le "paritarisme" dans les caisses de Sécu. En gros, ces ordonnances retireront le pouvoir de gestion aux élus des salariés, en donnant le pouvoir "à parts égales" entre tous les syndicats, de salariés comme patronaux. Les syndicats réformistes s'alliant par nature toujours avec le patronat, la CGT perdit la gestion de la Sécurité Sociale en 1967, et la suite on la connait (ou pas) : les premières grèves commenceront en mai 67, et dureront jusqu'en...mai 68, quand les étudiants rentrèrent à leur tour dans la danse.

Ces faits sont bien sûr largement occultés dans l'historiographie contemporaine : toutes les saloperies -désormais devenues macronistes- qui étaient soi-disant "sur les barricades" à l'époque, genre Cohn-Bendit et autres Romain Goupil, vont vous gonfler les oreilles pendant des plombes sur "combien c'était bien mai 68, ce vent de liberté et de libération des moeurs" mais bien sûr, pas un mot sur l'origine véritable de ce conflit. Un conflit social d'ampleur, qui eut pû devenir révolution, si les mêmes n'avaient pas incité les travailleurs à reprendre le travail une fois quelques victoires acquises. On peut citer l'augmentation du SMIC de 30%, et le retour à la semaine de 40 heures... 

De Gaulle refusa absolument de revenir sur une seule et unique chose en juin 68, à Grenelle.

Devinez laquelle ? Les ordonnances Jeaneney...

Toujours est-il que ne pas oublier cette histoire, c'est avant tout la reconnaître : reconnaître aussi que ceux qui ont rendu possible la Sécurité Sociale à la française, ce conquis social historique ("la plus belle conquête des travailleurs"), dans un pays exsangue, ruiné, au lendemain d'une guerre dévastatrice, l'ont fait avant tout grâce à leur détermination. Nous parlons ici de plus de 5 millions de cégétistes, qui ont travaillé jour et nuit, contre énormément d'oppositions, pour préempter les batiments administratifs, parfois même les construire sur leur temps libre (les mairies, comme les patrons des caisses de sécu déjà existantes rappelons-le, leur mettaient énormément de bâtons dans les roues). Il a fallu aussi former les futurs administrateurs des caisses de sécu nouvellement créées, administrateurs issus des classes populaires...

Soulignons ensuite que durant les 21 ans que dura la gestion ouvrière des caisses de sécu, de 1946 à 1967, le système permit de relever de façon remarquable l'espérance de vie, tout en transformant un système de santé et hospitalier moyenageux en système moderne et efficace : l'espérance de vie était de 59 ans en 1945, et le taux de mortalité infantile à plus de 52 pour mille, chiffres qui chuteront drastiquement en vingt ans pour atteindre les meilleurs taux des pays industrialisés. Tout ceci fut rendu possible grâce au mode de financement innovant, la cotisation, qui permit de détourner une part significative de la valeur produite par les travailleurs au profit exclusif de ces mêmes travailleurs, et de leurs familles.

Mais il y a encore plus de positif, comme par exemple l'effet sur la société : comment les retraités vivent-ils leur retraite ? Comment occupent-ils ce temps où ils sont désormais libérés de la contrainte productiviste ?

Et là aussi, les chiffres sont éloquents : un tiers des retraités sont bénévoles dans une ou plusieurs associations, ce qui représente directement 90 000 équivalents d'emplois à temps plein. Des emplois qui, de toutes façons, ne pourraient être pourvus autrement : que l'on pense ne serait-ce qu'aux Restaus du Coeur, et à ces myriades d'associations qui remplissent le rôle d'un état défaillant... mais plus, bien plus, il y a ces millions de retraités qui gardent leurs petits-enfants, pour un équivalent de 23 millions d'heures de garde par semaine (!). 

Cette réforme, si elle passait, impacterait directement tout ce tissu associatif, tissu qui rend énormément de service à la collectivité. Ces millions de retraités sont en effet toujours actifs, ils travaillent toujours, bien qu'ils ne soient plus en emploi ... ce qui prouve indubitablement la vision hors sol de la macronie : ils ne peuvent concevoir que ceux qui ne sont plus en emploi travaillent toujours. Pas étonnant que les libéraux aient cette vision des choses, car pour eux la société n'existe tout simplement pas : il n'y a que des individus, par essence responsables de leur sort.

Un peu d'égalité des chances -c'est bien connu un fils de médecin a la même chance de départ qu'un fils de RMIste - et hop ! si t'est pas une grosse feignasse, tu montes ta startup, et tu possèdes une Rolex avant tes 50 ans.

 

Une autre vision de la société

Notre système de retraites est donc l'héritier de cette vision partageuse (bouhh le vilain gros mot) : il est organisé par répartition, mais une répartition très particulière, car clairement d'essence communiste (re bouhhh, re le vilain grooos mot). En effet en soustrayant plus de 70% des pensions au "j'ai cotisé, j'ai droit", et calculant les pensions du Régime Général sur un nombre de trimestres, plutôt que sur le montant cotisé, ce système fait échapper des sommes colossales au marché... tout en affichant clairement la couleur. A savoir, les travailleurs le restent toute leur vie, qu'ils aient produit un peu, ou beaucoup, du moment qu'ils n'ont que leur force de travail comme capital, ils n'ont pas d'autre choix, et doivent être couverts en fonction de leurs besoins. Pas de ceux du marché.

En 2019, macron proposait une réforme "par points", donc ici aussi une répartition, mais d'ordre capitaliste : "j'ai cotisé tant, donc j'ai droit à tant". 

Ce principe est fondamental : il faut distinguer l'essence des choses, pour comprendre ce qui les sous-tend, et la vision de la société de ceux qui portent ces "projets".

Pour Croizat et les communistes de l'époque, nous l'avons vu un travailleur l'est et le reste toute sa vie, qu'il soit en activité ou pas. Soulignons d'ailleurs que ce principe s'applique à tous les "risques" et autres "branches" de la sécurité Sociale. Je mets entre guillements car ces deux mots étaient absents du projet de 1946 : ils sont rentrés dans le champ lexical en même temps que les gestionnaires dans le système, en 1967. A l'époque de sa création, le Régime Général de Sécurité Sociale ne comportait pas de séparation des "risques" : on assurait aussi bien la maladie, et la famille, que la maternité ou l'Accident de travail. Et là aussi, la nature des prestations ne fait aucun doute : pour la Famille par exemple, qui sait aujourd'hui que les Allocations familliales (vous savez, ce truc d'assistés, ce pognon de dingue qu'on file à tous ces branleurs ? ) furent créées dès les années 30 par...les patrons, avec des taux différents selon les entreprises, et n'étaient servies qu'au chef de famille qui travaillait dans l'usine, et bien sûr sous conditions de présence (vous étiez malade ou en Accident du Travail ou en grève.. vous n'en aviez plus).

Ces "allocs" étaient une formidable arme de division massive entre travailleurs : il suffisait au patron de l'usine de métallurgie A de se mettre d'accord avec le patron de l'usine B pour moduler le taux, en cas de grève de toutes les usines de métallurgie pour les salaires par exemple, pour fissurer rapidement le front gréviste dans toute la métallurgie...au boulot bande d'assistés !

Le génie de Croizat et des communistes de l'époque ici aussi, ça n'est pas d'inventer les allocations familliales ("ce truc de coco"), mais de les transformer, de les subvertir. Comment ? 

1/ en unifiant le taux de cotisation : un seul taux pour toutes les entreprises

2/ en calculant ces allocations sur la base horaire d'un travailleur de la métallurgie...

Ce qui revient à dire que, dans cette vision de la société, les parents sont des travailleurs qui méritent un salaire à la hauteur de leur travail. A tel point que ce salaire est assimilé à celui d'un des emplois les plus difficiles de l'époque (ouvrier métallo). Et quelque part, n'est-ce pas vrai ? Etre parent, c'est se lever à n'importe quelle heure pour changer les couches, faire le ménage en permanence, être en état de veille en permanence, en définitive c'est travailler en permanence au bien-être de ses enfants...

Pourquoi donc une assistante maternelle, une nounou ou une salariée d'une entreprise d'aide à la personne mériterait le statut de travailleuse, alors que la même personne, qui ne fait que s'occuper de ses enfants mais effectue les mêmes tâches, ne le mériterait pas ?

L'exemple est bien sûr valable pour le type au chômage qui entretient son jardin : mettez lui un uniforme avec le sigle VEOLIA sur le dos et tout d'un coup magiquement il travaille, et n'est plus un sale chômeur...

Ici aussi, c'est uniquement la vision capitaliste, et pire aujourd'hui libérale du cadre dans lequel doit s'exercer l'activité, qui prédomine. Il n'en a pas toujours été ainsi.

 

Une réforme ? mais pourquoi ?

Nous en venons donc au coeur du sujet : les arguments qui rendraient "nécessaire" cette réforme.

Je pourrais bien sûr les passer tous en revue, et envoyer direct un contre argument bien senti, mais d'autres le font aussi bien voire mieux que moi partout sur les ondes à l'heure actuelle (au hasard cette vidéo qui vaut mieux qu'un long discours), mais ne serait-ce que sur l'argument financier, qui est dans toutes les bouches de la macronosphère à l'heure actuelle, soulignons que le soi disant déficit prévisionnel pour l'année prochaine de 2 milliards d'euros et d'une part, contesté par les spécialistes, et d'autre part, n'existe tout simplement pas.

Car si on annule ne serait ce que les multiples cadeaux faits aux très très riches, et qui ont encore coûté plusieurs milliards aux finances publiques (c'est à dire à nous) cette année, le système serait plus qu'excédentaire...

2 milliards d'euros ? C'est le coût rien que pour cette année de l'exonération des charges cotisations patronales sur les heures supplémentaires. Exonération qui, comme le CICE (coût : 21 milliards par an) n'est compensée par rien

Je répète : rien. Pratiquement pas de création d'emplois, et par contre des dividendes records année après année, dans la poche des actionnaires. Particulièrement en France, ce pays "communiste" où le coût du travail est soi disant "prohibitif". Mon cul.

Le taux de productivité du salarié français est parmi les plus hauts du monde (c'est pas moi qui le dit mais le ministère des Affaires étrangères français quand il fait sa promo à l'étranger, d'ailleurs c'est encore une preuve du niveau de veuleurie et de perfidie de la macronie qui n'arrête pas de brailler l'inverse sur tous les plateaux télé), et ça les investisseurs le savent. Macron leur déroule le tapis rouge en leur permettant de se gaver toujours plus sur leur dos. La part des salaires dans le partage du gâteau (la "valeur ajoutée" qu'ils disent") n'a cessé de baisser depuis ces quarante dernières années. Et ça n'est pas l'inflation actuelle, qui grignote encore plus les salaires, ou même les mesurettes macronistes, qui profitent bien plus aux nantis qu'aux autres, qui vont changer quoi que ce soit à cet agenda...

 

Toujours plus cadeaux aux plus fortunés, toujours plus d'efforts pour les autres

En effet depuis le premier quinquennat de Manu la ristourne, et plus encore depuis la criiiise Covid, c'est à un véritable festival qu'on assiste.

Quoiqu'en disent les trolls macronolâtres payés pour se répandre en mensonges divers et variés sur le web, Manu la reniflette est bien le président des nantis, en même temps qu'il est le président du saccage social : Lois macron et "loi travail" affaiblissant considérablement le pouvoir des syndicats dans l'entreprise (et quel autre contre pouvoir, à part les syndicats, existe-t-il dans les entreprises ? L'inspection du Travail ? Ca tombe bien, macron l'a sabotée aussi avec ses lois), mais aussi sabotage de la Médecine du Travail, sabotage de l'assurance chômage, sabotage des APL, sabotage de l'enseignement supérieur gratuit et accessible pour tous (Parcours Sup, une brillante réussite)... et quand bien même certains reconnaitraient avoir fait "des erreurs" comme avec la baisse de 5 euros des APL, bien sûr cela ne les empêchera en rien de changer une virgule à leur programme de saccage méthodique.

Et en même temps bien sûr, les petits cadeaux à ceux qui ne savent plus quoi faire de leur fric tellement ils en dégueulent par tous les pores de leur peau : CICE, Flat tax, Exit tax, suppression de l'ISF, exonérations multiples et variées de dizaines de millairds d'euros de cotisations, verrou de Bercy permettant aux plus fortunés de continuer à pratiquer l'évasion fiscale massive sans aucun risque et j'en passe... Résultat ? Alors que le taux d’impôt sur les sociétés était de 33,33 % de 1993 à 2017, il n’est plus que de 25 % en 2022. Le taux de cet impôt était encore de 50 % jusqu’en 1985. Bingoloto : « L’impôt sur les sociétés ne représente que 12,7 % des recettes fiscales nettes pour 2022 et pourtant les entreprises en France génèrent plus des deux tiers de la valeur ajoutée (69 %) ».

Comme le résume bien cet article de Basta : "ces baisses d’impôts pour les entreprises ont continué tout au long du quinquennat, jusqu’au plan de relance de l’économie lancé en septembre 2020, après la première vague du Covid. Ce plan comprenait « une nouvelle baisse des impôts des entreprises de 20 milliards d’euros, étalée sur deux ans (2021 et 2022), pour 600 000 entreprises ». Cette réforme s’est traduite par la diminution de 50 % de plusieurs impôts locaux payés par les entreprises"

Et c'est là que nous en arrivons aux vrais but de cette réforme des retraites.

 

Répondre aux injonctions de Bruxelles : faire payer la crise aux salariés

C'est un article de l'excellent site d'autodéfense intellectuelle Elucid qui l'avait, entre autres, révélé avant l'élection présidentielle : le 28 juillet 2020, macron recevait des mains de Pierre Moscovici, le rapport annuel de la Cour des Comptes dont ce dernier était rapporteur. Un rapport alarmiste, qui préconisait (comprendre : tu n'as pas le choix sinon Bruxelles va te tomber dessus) de réduire très fortement les dépenses publiques françaises, dans des proportions jamais vues de mémoire d'énarque.

Dit autrement : une cure à la Grecque pour les Services Publics, et les dépenses publiques françaises.

Extrait du rapport :

« -Maîtriser l’évolution des dépenses publiques, en contenant leur progression à +0,7 % par an en volume entre 2022 et 2027(...) Cette stratégie doit reposer sur la poursuite des réformes structurelles favorables à l’activité, ainsi que l’amélioration de l’efficacité de la dépense publique. Les réformes structurelles ont concerné des pans importants de la dépense depuis 2017 formation professionnelle, logement, audiovisuel public, ferroviaire, indemnisation du chômage, accompagnement des plus éloignés de l’emploi. (...) 

Quand on sait que l'évolution de la dépense publique se situe, en moyenne, à +1,4 %..et ce sans grosse augmentation des budgets, voir l'état du service public de Justice ou des hôpitaux après des années de budget "normal", on s'imagine sans peine ce que cela veut dire avec exactement moitié moins de progression. 
Mais la fête n'est pas finie, poursuivons : 

-Les administrations de sécurité sociale, qui représentent la moitié de la dépense publique, devront également participer à la modération des dépenses, avec la poursuite de la transformation du système de santé, engagée avec le Ségur de la santé, et au-delà des facteurs exceptionnels liés à la crise. Il apparaît nécessaire, tout en confortant notre système de santé, et en particulier l’hôpital, d’appliquer à nouveau une norme de dépenses, de mobiliser les marges d’efficience de notre système de santé, de prévenir plus activement les pathologies et les accidents de santé ou encore de contenir la progression des dépenses d’indemnités journalières.

Ici c'est la Sécurité Sociale et plus particulièrement sa branche maladie qui est visée. Voir toutes les mesures votées récemment, très souvent en douce, et visant à diminuer les indemnités journalières servies aux assurés, où à durcir les conditions d'ouverture des droits... le dernier exemple en date étant le déremboursement des téléconsultations, retoqué provisoirement par le Conseil Constitutionnel récemment. Je ne parle même pas de l'état actuel de l'hôpital, à part pour François Braun et quelques autres aveugles congénitaux qui estiment que tout va très bien madame la Marquise, la majorité des français est en train d'assister à l'effondrement programmé de l'Hôpital Public. On meurt dans les couloirs des urgences, de juste trop attendre une prise en charge qui ne vient pas, ou de subir un mauvais diagnostic de la part d'équipes médicales rincées et épuisées...

N'oublions pas également le récent saccage de l'assurance chômage, sous des prétextes fallacieux. C'était aussi écrit noir sur blanc dans le rapport : 

Une troisième priorité concerne la politique de l’emploi, l’enjeu étant de mieux ajuster les dépenses en faveur de l’emploi et de l’indemnisation du chômage en fonction des cycles économiques et d’améliorer leur efficacité pour prévenir le chômage de longue durée et favoriser une insertion durable dans l’emploi, notamment des publics fragiles (jeunes décrocheurs, publics non qualifiés, seniors).

Puis vient le coeur du sujet qui nous préoccupe : 

Le système actuel de retraite est trop fragmenté et porteur d’inégalités (comme en témoigne l’impact de la crise sur les indépendants) ; il n’incite pas assez à l’emploi des seniors, alors que la France pâtit d’un taux d’emploi des seniors parmi les plus faibles des pays avancés, ce qui freine la prospérité collective du pays ; enfin, la soutenabilité financière du système n’est pas assurée avec les paramètres actuels

Ce document date, rappelons le, de 2021. Il était donc clair et net que tout n'était qu'une question de temps avant que ces belles préconisations et autres recommandations ne se matérialisent brutalement dans la politique macroniste. Rappelons que cet individu, ainsi que tout son gouvernement, est un européiste forcené. Il a d'ailleurs envoyé à Bruxelles sa "feuille de route budgétaire", feuille reprenant au mot près les préconisations de ce rapport de la Cour des Comptes, en gage de bonne foi de sa future politique, et ce dès l'été 2021.

Ces mêmes orientations se retrouvent ainsi en bonne place sur le site officiel de la Commission Européenne, dans la section "France". 

Pour ces gens-là, tout est déjà plié de longue date.

 

Un mort vaut mieux que deux tu l'auras

Le gouvernement a donc choisi son angle d'attaque : plutôt qu'une réforme "par points", il prend une mesure paramétrique : décaler l'âge légal de départ à la retraite.

A quoi cela conduira-t-il concrètement ?

Premièrement, cette mesure paraitrait idiote au premier étudiant en économie venu : dans un pays ou près de la moitié des travailleurs sont au chômage à partir de 55 ans (c'est la DARES, organisme dépendant du ministère du travail, qui le dit dans son rapport du 28 avril 2022), quel argument justifierait donc de maintenir des gens en emploi deux ans de plus...alors qu'ils se font pousser vers la sortie à partir de 50 ans ?

Notons qu'on parle d'âge légal : pour un certain nombre de cas, c'est très souvent au-delà de cet âge que les gens pourront partir, quand bien même ils l'auraient déjà atteint. Parlons ici des personnes aux carrières hachées (femmes ayant eu des enfants, à temps partiel subi), des étudiants ayant commencé à travailler très tard, et j'en passe...de très nombreuses personnes partent déjà bien plus tard que les 62 ans actuels. Oh, elles pourraient bien sûr partir à 62 ans (et bientôt 64) vous rétorqueront les cyniques macronistes : ce qu'ils oublient de vous dire c'est que le système de décôte qui s'applique à leurs pensions feront qu'ils n'auront d'autre choix que de continuer à travailler, ou alors partir avec une retraite de misère... le choix est très souvent vite fait.

Les statistiques ici aussi ne mentent pas : avec un âge légal à 62 ans actuellement, la majorité des retraités part à 63 ans aujourd'hui (source : Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse)

Donc on s'en doute, le fait de repousser l'âge légal de deux ans permettra de pousser vers la sortie naturellement (c'est à dire pour cause de mort) un plus grand nombre de travailleurs qui autrement, auraient pu prétendre à s'arrêter plus tôt. Et, plus spécifiquement, ceux le plus usés par une vie de labeur : les fameux métiers pénibles, usants pour le dos, les articulations, le système nerveux, cardiaque et respiratoire...tous ces beaux métiers (port de charges lourdes, bâtiment, industrie, artisanat etc.) qui font que les salariés les plus pauvres meurent en moyenne 13 ans plus tôt que les cadres. Ici aussi c'est un organisme gouvernemental qui le dit, l'INSEE, dans sa dernière étude sur l'espérance de vie des français selon la catégorie socio professionelle. C'est ainsi un quart des salariés les plus pauvres qui meurent avant 62 ans. DAns un pays ou l'espérance de vie en bonne santé est de 64 ans justement... Alors imaginez si on leur rajoute deux ans, à ceux là : le véritable but de cette réforme "juste et nécessaire" est bien là... économiser sur leur dos, en attendant qu'ils crèvent.

Les premiers chiffres tombent d'ailleurs : ce serait immédiatement 9000 personnes par an qui mourraient avant les 64 ans, et qui ne pourraient profiter de cette retraite chèrement acquise, après une vie de souffrances dûes à l'exploitation capitaliste.

Le but des macronistes se cache là, dans ce premier chiffre : 9000 personnes parmi les plus usées, sur le dos desquelles ont va taper une ultime fois de plus, jusqu'à les envoyer dans la tombe prématurément.

Mais quel cynisme.

Une fois ce camouflage éventé, c'est bien toute l'habituelle rhétorique bourgeoise de la méritocratie qui en prend un coup.

Une rhétorique usée jusqu'à la corde.

 

Le macronisme, cette barbarie

Ainsi on peut conclure sans l'ombre d'un doute que cette réforme participe à la fois d'une vision de la société, d'inspiration viscéralement libérale, mais avance aussi bien camouflée.

Car les vrais motifs sont inavouables : économiser plusieurs milliards d'euros chaque année, sur ceux qui auront fourni le plus d'efforts. Sur les métiers les plus mal rémunérés, et les plus usants. Sur les catégories sociales les plus exploitées par l'organisation du travail dans le cadre capitaliste. 

Cela n'a pas d'autre nom que barbarie.

Car qui pourrait imaginer une seul instant un des innombrables ministres, communicants ou éditocrates à la solde de la macronie, venir enfin dire la vérité sur un plateau télé ou dans une émission de radio ?

"Oui oui Msieur Pujada, jvous le confirme cette réforme table bien sur la mort prématurée de dizaines de milliers de personnes, pour éviter de devoir leur payer une retraite qu'elles auraient plus que mérité. C'est comme ça qu'on le voit, c'est sur ça qu'on compte pour équilibrer le système. Vous comprenez, on ne peut pas faire des centaines de milliards d'euros de cadeaux aux plus riches, et dans le même temps maintenir les retraites des gueux, ça ne se fait pas voyons. Vous reprendrez bien un peu de ruissellement, là, sur la tête ?"

Non voyons, soyons sérieux deux minutes.

Cette réforme est JUSTE, EQUITABLE et NECESSAIRE.

Le gouvernement est RESPONSABLE et les français vont se laisser CONVAINCRE.

Ou pas...

Tout être humain normalement constitué, et a fortiori tout français responsable, ne peut donc que s'opposer avec la plus grande des déterminations, à ce qui s'apparente désormais à un retour au 19ème siècle.

Une liquidation de l'héritage social Français.

Notre patrimoine commun.

Si nous perdons sur ça, nous perdrons tout le reste.

TOUT.

 

Français, il est temps de descendre dans la rue.


Lire l'article complet, et les commentaires