La révolution de Février 1979 en Iran ; les gilets jaunes iraniens

par Mazdak Teherani
mercredi 6 février 2019

Depuis un peu plus d’un an, le peuple Iranien se soulève. Les manifestations se multiplient et la colère s’exprime comme jamais et cible directement le régime comme seul et unique responsable de la misère et de la répression ambiantes depuis la révolution de février 1979.

 

Si, par le passé, ces manifestations restaient d’ordre général, elles sont aujourd’hui clairement politiques. Les slogans tels que «  à bas Khamenei » fleurissent dans plus de 140 villes du pays. Autant dire que la contagion bat son plein. D’autant que toutes les corporations sont touchées, des fonctionnaires de l’état aux ouvriers sur les chantiers en passant par les universitaires ou les commerçants du bazar.

La résilience d’un peuple 1000 fois martyrisé par ses tyrans successifs a fait place à une volonté farouche de recouvrer, enfin, une souveraineté démocratique et une réelle application des libertés individuelles et des droits humains fondamentaux, bafoués depuis quatre décennies.

Pourtant, ici, pas un mot sur ces soulèvements incessants du peuple dans nos médias. Pour évoquer les soubresauts de la diplomatie Américaine sur le programme nucléaire Iranien, il y a du monde. Pour vilipender et fustiger les décisions de Donald Trump au sujet de l’Iran, la foule éditocratique se presse aux côtés de Jupiter et du sacro-saint axe Franco-Allemand. Mais pour montrer les dizaines de milliers de morts depuis l’instauration de la révolution islamique en 1979 et les milliers de manifestations qui ont court en Iran depuis plus d’un an, bizarrement, on ne trouve plus personne. Etrange ? Pas tant que ça.

C’est que notre diplomatie européiste du commerce se dit (à tort) qu’elle aurait tout à perdre à voir le régime changer d’orientation politique. Imaginez si les Moudjahidine du Peuple prenaient exemple sur Mohamed Mossadegh, qui, en son temps, avait nationalisé les ressources fossiles du pays. Au grand bonheur de la population et au grand dam des sociétés pétrolières anglo-saxonnes ? 

Si en 1953, il était encore possible de fomenter un coup d’état par agences de renseignement interposées, ce que ne manquèrent pas de faire la CIA et le MI6 dans la fameuse opération Ajax (en référence au nettoyant surpuissant…), les choses ne sont plus aussi simples aujourd’hui. Disons que les biais de communication, pas encore totalement maîtrisés par les cabinets de spécialistes en comm’, dévoileraient aisément le pot aux roses. Il faut donc agir différemment. Comme éviter de parler de ce qui fâche et qui pourrait nuire au commerce, par exemple. 

Parce qu'ils ont soif de liberté et qu'ils sont déterminés à l'instaurer dans leur pays, les https://t.co/5W892dldmf.s venu.e.s de toute l'Europe et d'Amérqiue du nord manifesteront à Paris le 8 février à 14h depuis Denfert-Rochereau
Ils vous y attendent nombreux #FreeIran pic.twitter.com/O3z4Adw8S6

— csdhi.org (@CSDHI) 30 janvier 2019

7 000 arrestations, 50 morts !

Dans les faits, les simples chiffres révélés par Amnesty International au sujet de la répression des manifestants nous montrent à quel point cette image est totalement usurpée ; plus de 7 000 arrestations arbitraires, des centaines de peines d’emprisonnement, des centaines de condamnations à la flagellation, 50 tués, 9 morts en détention… Et pourtant, toujours rien sur les écrans. Si ce n’est un story telling parfaitement lisse évoquant la « modération » des hommes de pouvoir… Proprement hallucinant !

Bien avant les gilets jaunes français. Bien avant que les peuples européens et d’ailleurs ne manifestent leurs mécontentements récents à leurs dirigeants respectifs, les Iraniens défilaient déjà dans la rue avec des slogans exigeant une démocratie réelle. Démocratie que pourrait légitimement installer le CNRI, alternative politique viable et très implantée, réunion de toutes les voix d’opposition au régime théocratique. En matière de courage et de résilience, les Iraniens sont un exemple. Un renversement de régime ne s’effectue pas en un claquement de doigts, il faut de la persévérance. 

A ce sujet d’ailleurs, la diaspora iranienne sera réunie le 8 février prochain, entre Denfert-Rochereau et les invalides, pour un défilé commémorant la chute du Shah, le 8 février 1979, il y aura tout juste 40 ans. La Fondation Danielle Mitterrand, le Comité Français pour un Iran démocratique (CPID) ainsi que de nombreuses autres associations pour les droits humains et des édiles de la région parisienne seront du cortège réclamant à la communauté internationale (et surtout à l’Union Européenne) qu’elle cesse d’être la complice commerciale d’un état tyrannique. Peut-on y déceler une forme d’internationalisation de la lutte contre le cynisme affairiste ?

 


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