La rupture et les affaires...

par Claude Hubert
mardi 20 juillet 2010

A chaque jour ou presque ses révélations. D’aucuns s’insurgent contre un possible “acharnement”, d’autres dénoncent un éventuel “complot ”. Tout concourt à ajouter à l’imbroglio apparent. Chaque jour une nouveauté, un soupçon sorti de derrière les fagots, une supposition de mauvaises intentions, un doute sur une attitude ou sur un mot, une action de justice acceptée ou non, une passe d’arme entre procureur et juge, des gardes à vue… un roman feuilleton comme il s’en écrivait autrefois, mais avec talent, est-ce le cas aujourd’hui ? On se demande tout de même comment cela va finir. C’est les vacances, mais on aimerait connaître le ou les dénouements. Les conséquences qui en découleront aussi.
 
Une chose est certaine, un premier constat. Ces messieurs-dames évoluent dans un monde d’une autre dimension, où l’argent de poche hebdomadaire serait de 50000 €, les dons aux très nombreux partis politiques, même tout petits, de 7500 € par donateur, où l’on s’attache des donateurs d’un “Premier cercle”, de même appartenance (et apparence) que les invités du Fouquet’s, que les gibus et grands chapeaux de champs de courses, donateurs qu’on relance aussi à Genève ou en Angleterre et pourquoi pas ailleurs, qui sait. Des procureurs de parquets lustrés à la cire de “botte”. Des décorations pour mérites d’appartenance à “l’élite” financière, industrielle, journalistique, etc… mais élite de “services rendus” en principe à la nation, mais déclinés souvent en mode renvoi d’ascenseur ; ministres condamnés mais non démissionnés, ministres démissionnés pour indélicatesse ; luttes sordides pour héritages familiaux, comme chez Bettencourt et Widgenstein, par exemple ; erreurs de comptages de lingots d’or avant déclaration au fisc, j’en oublie sans doute..
 
Et les autres, citoyens, lecteurs, petits justiciables sans aide judiciaire désormais, imposables sans niches et avec saisies et 10 % si problèmes, petits salariés, malades avec déremboursement, abandonnés comme dans la Creuse, petits retraités du public ou pas avec 20 % de moins de revenus depuis 1993, licenciés sans parachutes et chômeurs avec obligation de “mériter” leurs indemnités pendant un temps très court, personnes âgées livrées à elle-même selon la recette d’Alain Minc, les autres, dis-je, regardent ce petit troupeau de luxe brouter dans des pâturages réservés, à l’herbe tendre et toujours verte et fraîche.
 
Il y a rupture, comme le voulait le futur Président dans son programme. La rupture est consommée, cassure, gouffre entre deux mondes. Il ne s’agit hélas pas d’une découverte, mais cette fois, le cynisme et la morgue s’affichent, décomplexés, révélateurs d’un mépris sans borne des premiers pour les seconds.
 
Mépris affiché dans les mesures de rigueur (et non de "rilance") annoncées par monsieur Baroin, au détriment, entre autres, des handicapés, des étudiants et leurs familles, des aides à domicile et de leurs “clients”, par exemple.
 
Mépris affiché quand les Lefèbvre et autres Morano, appuyés par les Baroin et Paillé éructent et frôlent même le point Godwin contre Internet et les journalistes qui, pour une fois, font leur travail. Ils accusent de complot et de populisme tout ceux, journalistes comme citoyens, qui demandent à comprendre, qui demandent des explications et des éclaircissements.
 
Mépris affiché par messieurs Woerth et Sarkozy lorsqu’ils prétendent que la réforme des retraites est “juste”, incontournable et que pour la première fois elle prend en compte la pénibilité au travail.
 
Mépris du Président qui dans son entretien sur France 2 débite des contre-vérités (le procureur est un juge ! c’est la faute aux 35 heures – les Français en 2008 travaillait plus par semaine que les allemands, les danois, les américains, les suédois, les norvégiens - ! le prétendu bouclier fiscal allemand ! etc…), qui balaie d’un revers de main les interrogations et angoisses des Français, dont il apparaît clairement qu’il ne les écoute pas mais justifie son amour de l’argent et dit ne pas comprendre pourquoi on ne le comprend pas, lui, pauvre victime !
 
Il semble que le gouffre s’élargisse un peu plus chaque jour… le Gouvernement, son Premier Ministre et le Chef de l’État s’en aperçoivent-ils ? Si oui, que vont-ils faire ? Sinon, qu’allons-nous faire ?

Lire l'article complet, et les commentaires