La Russie peut-elle retrouver la puissance de l’URSS ?

par Clark Kent
vendredi 23 octobre 2015

Après la chute de l'URSS, la Russie est apparue affaiblie aux yeux du monde ? Pourtant, géographiquement, la Russie est toujours le plus grand pays de la planète, avec un vaste territoire, des minerais, de l'eau, des sources d’énergie et des ressources éducatives. Que se passe-t-il ?

Même si la Russie ne dispose pas de la même puissance que l’URSS, elle n’est pas aussi faible qu’on pourrait le penser. Les principales raisons de son retrait ont trois origines : militaire, économique et culturelle.

 

Militaire : La forte baisse de la puissance militaire de la Russie est une évidence. Mais ce pays détient encore une puissance de feu suffisante pour anéantir tout autre pays. Le maintien de cette puissance est une véritable police d'assurance contre l'intimidation par d'autres états. Sa puissance militaire conventionnelle est suffisante pour dissuader ses voisins de tenter des aventures hasardeuses… 

L’efficience de la puissance militaire est souvent limitée à la défense des états eux-mêmes. Aucune nation sur terre ne dispose d’une puissance militaire suffisante pour imposer à elle seule sa volonté à une autre nation loin de ses frontières. Le succès des Etats-Unis en Irak était davantage le résultat de sa puissance économique que de sa puissance militaire (un million milliards de dollars permettent beaucoup de choses…), il en va de même pour la France pour ses actions en Afrique. En fait, la baisse théorique de la puissance militaire de la Russie est en grande partie immatérielle. Or, la restauration de la gloire de l’armée rouge n’est pas une priorité. 



Économique : L'Union soviétique avait mis en place un système du commerce et d'aide spécifique, basé sur le troc et les prêts en roubles. Ce système s’est effondré avec la chute de l'Union Soviétique, emportant avec lui l’énorme levier qui lui assurait la dépendance de plusieurs pays. 

La Russie joue maintenant avec d’autres règles, un jeu basé sur l’économie de marché dans lequel d’autres pays ont plusieurs parties d’avance. Le pétrole a certainement contribué au fonctionnement de l’économie soviétique, mais sa principale force a été l'ingénierie. Le pays essaie aujourd’hui de ne plus dépendre du pétrole et du gaz pour s’intégrer dans la chaîne d'approvisionnement mondiale, et se positionner quelque part entre l'Allemagne et la Chine dans le secteur manufacturier. 

Culturel : A l’époque de la guerre froide, l'Union soviétique disposait d’un énorme crédit de puissance « soft », principalement basée sur l'idéologie du communisme. Malgré le matraquage affirmant que le communisme était principalement le fait de dictateurs, elle disposait d’un appui important dans la population de nombreux pays. 

Lorsque l'Union soviétique s’est effondrée, elle a emporté avec elle une bonne partie du rêve communiste, mais le cataclysme a aussi balayé le prestige dont disposait le pays aux yeux de beaucoup de gens partout dans le monde. C’est un peu comme si le pape déclarait ce soir que la Bible est une erreur et se convertissait au Bouddhisme. On peut penser qu’il perdrait une bonne partie de son influence actuelle. Il parait impossible que la Russie retrouve cette puissance idéologique. 

Ce qui sous-tend ces trois piliers, c’est la crédibilité de l'Etat, la capacité du gouvernement en place à motiver ou contraindre sa population à travailler en vue d'atteindre des objectifs nationaux. L'ère Gorbatchev / Eltsine a été vécue comme une déchéance en raison de la faiblesse du leadership et du doute qui avait gagné la population. Gorbatchev peut être tenu en haute estime pour sa politique de la glasnost et de la perestroïka, il a évité la guerre civile mais il a mené l'essentiel de sa nation à la déroute. Eltsine était un démagogue opportuniste qui n'a pas eu la capacité de maitriser un pays aussi vaste et complexe que la Russie dans une période de crise profonde. 

On peut aimer Poutine ou pas, mais il faut lui reconnaitre un certain succès dans la reconstruction du pouvoir de l'Etat. Le principal problème est que ce pouvoir de l'État repose en grande partie sur la personnalité individuelle de Poutine. Si elle est transférée à des institutions et se révèle durable, la Russie deviendra une nation plus puissante , du niveau de l'Europe ou la Chine. Pour être aussi puissante que les États-Unis, il lui manque l'attraction culturelle. 

 


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