La seconde vague de peur a commencé en juillet

par Bernard Dugué
samedi 18 juillet 2020

 

Un étrange sentiment s’est dessiné courant juillet 2020, deux mois après le déconfinement acté le 11 mai. Cette phase de déconfinement s’est déroulée en plusieurs étapes. Le cycliste bordelais a vu la ville se relâcher, les masques ne sont plus obligatoires depuis début juillet dans une rue Sainte-Catherine à nouveau offerte aux cyclistes comme du reste les quais de Bordeaux. Le masque n’a jamais été rendu obligatoire dans les magasins, la décision incombant au responsable de la boutique. On pouvait se rendre dans plusieurs librairies de la métropole sans être obligé de porter cet ustensile lourd de sens et peu agréable au visage ; même tarif pour nombre de supermarchés. L’été s’annonçait un peu plus léger, malgré les nouvelles du monde sur la propagation de la pandémie. Pour le dire franchement, j’ai le sentiment d’avoir vécu une parenthèse enchantée l’espace d’un mois ou deux, comme sans doute nombre de compatriotes. Et sans doute, un biais cognitif s’installa peu de temps dans la société, laissant accroire que le virus était derrière nous. En vérité, je n’y ai jamais cru, anticipant quelques tracas et des soucis assez importants pour organiser la rentrée. Ce que je pressentais est arrivé.

 

Une seconde vague de peur avec un rebond progressif mais léger constaté par les ARS et divulgué dans les médias. Cluster, ce mot d’origine anglo-saxonne, utilisé par un groupe de krautrock allemand dans les années 1970, est devenu à la mode, avec une connotation inquiétante. Des clusters ont été détectés dans plusieurs régions dont la Nouvelle Aquitaine et Bordeaux en ligne de mire avec trois clusters dont l’un, précise l’ARS, compte quelque 20 personnes. De quoi inquiéter les populations. Un autre signe est porteur d’inquiétude, c’est un chiffre, le R0, prononcer aire zéro, qui signifie le taux de reproduction. S’il est inférieur à 1, vous pouvez dormir tranquille, au-dessus de 1.2, la vigilance s’impose, et quand ce taux est affiché en occupant pratiquement l’écran de télévision et qu’il atteint 2.6, alors cela peut devenir anxiogène. C’est ce chiffre qui a été divulgué pour la Bretagne ce 17 juillet 2020. Et de nouveau le virus qui circule dans les informations en continu et même sur les JT des chaînes pour « grand public ». Le décret sur l’obligation « masquale » sera bientôt publié et concernera tous les lieux accueillant du public. Mais c’est lors de fêtes privées, surtout en appartement, que le risque de « clustérisation » est élevé.

 

Le risque n’est pas seulement sanitaire mais aussi social, avec une reprise des mesures de confinement que la France espère éviter avec les mesures barrières. En Allemagne, des landers étudient le reconfinement et parfois l’imposent avec l’appui de l’armée. La ville de Lérida en Catalogne est confinée depuis plus d’une semaine et les Barcelonais sont invités à rester chez eux alors que bars et discothèques ferment. Belgrade déclara le retour du couvre-feu mais c’était sans compter la fronde d’une jeunesse n’en pouvant plus d’être privée de libre circulation. Après deux jours d’émeute, le gouvernement serbe a fait marche-arrière. Partout dans le monde, le confinement reste à l’étude ou alors est décrété localement, dans des villes ou des régions, en Inde, Australie, aux Etats-Unis et bien évidemment en Europe. Cette situation risque d’apparaître pesante car interprétée comme un retour à la case départ. Il est évident que les règles de circulation prises pour cet été risquent d’augmenter le nombre d’infections virales et d’admission en soins hospitaliers mais ce n’est pas pour autant qu’il faille s’offusquer de cette liberté retrouvée moyennant quelques contraintes.

 

Au final, rien d’inattendu. Les chiffres dur R0 n’ont pas de signification statistique étant donné le nombre de cas détectés, quelque 130 en Bretagne. La semaine prochaine, il est possible de trouver un R0 supérieur à 2 en Auvergne, Paca ou dans le Nord ou même en Occitanie, sans que ce chiffre ne soit significatif, mais devant inciter à être vigilant. Il faut rester prudent et ne pas se prendre la tête comme le souhaiteraient tous ces acteurs des médias qui, ignorant tout de l’épidémiologie, de la vie des gens, des enjeux sociaux et philosophiques, s’attribuent la légitimité de dire comment nous devons nous comporter et comment l’Etat doit gérer la crise. Faire peur, c’est depuis des siècles un outil politique, peur sanitaire, peur du déclassement, peur de la Chine, peur du climat. 


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