La solitude de l’électeur lambda dans l’isoloir

par siatom
lundi 16 janvier 2017

A l’approche des prochaines échéances électorales le citoyen ordinaire non militant peine à se situer dans l’espace politique. Il a du mal à faire le distinguo entre un réactionnaire de droite bling-bling exhibant avec ostentation sa Rolex au Fouquet’s et un progressiste de gauche caviar dégustant avec raffinement des œufs d’esturgeon à la louche au ‘’Restaurant Laurent’’.

 Si on lui demandait ce qu’il y a de commun entre eux et ce qui les sépare, le béotien souffrant en outre de troubles de latéralisation serait tenté de répondre « le montant de l’addition » à la première question et « 5 minutes à pied pour la seconde ».

Le sympathisant de gauche ferait remarquer que dans le deuxième cas il s’agissait de déjeuners de travail tandis que celui de droite hausserait probablement les épaules en chantonnant ‘’ Chacun fait, fait, fait c'qu'il lui plaît, plaît, plaît !

Voilà qui n’est guère éclairant pour celui qui cherche sa route idéologique et qui aurait bien besoin d’un GPS doctrinal pour décider au prochain carrefour électoral s’il doit virer à droite ou à gauche, voire même continuer à se diriger vers un centre dont on n’est pas sur qu’ il existe même si Salvador Dali l’a situé en pleine gare de Perpignan.

S’ajoutant à la confusion, les extrêmes se rejoignent et s’empruntent leurs programmes économiques au point qu’on ne sait plus qui doit toucher les droits d’auteur et ce n’est pas le candidat ‘’ni à droite, ni à gauche’’ qui servira de boussole au perplexe déboussolé.

En manque de repères et désorienté, l’indécis peut néanmoins s’appuyer sur les travaux de quelques intellectuels de gauche, excusez la redondance, et notamment sur ceux de Najat Vallaud Belkacem pour se forger une opinion et s’identifier avec des personnes au comportement valorisant.

 Ainsi, notre ministre a pu constater lors de ses recherches qu’une personne qui vote à gauche « parle exactement de la même façon à un chef d'entreprise du CAC 40 et à un chauffeur de taxi. Avec le même respect, en étant tout autant intéressée par ce que l'autre a à lui dire ».

Bien sur, le pékin moyen qui emprunte peu les taxis et converse rarement avec ces grands patrons, tout le monde n’a pas le vécu d’Agnès Saal, n’est pas en mesure de vérifier par lui-même cette assertion mais il est ébranlé par les déclarations d’un éminent agrégé de philosophie de comptoir Vincent Peillon qui assure que pour la droite « un noir ne devrait pas avoir le droit de voter ».

C’est évidemment à vous dégouter d’être de droite ou tout du moins à l’avouer, c’est sans doute pour cela que Jean François Copé remarquable chauffeur de salle lors des primaires de son camp, et par ailleurs friand de viennoiseries a adopté le concept de droite décomplexée théorisé par Sarkozy par opposition à une droite honteuse atteinte du douloureux syndrome du surmoi de gauche.

Il est quand même plus gratifiant en société de se réclamer de la gauche sans préciser à quelle chapelle on appartient tant elles sont nombreuses mais aussi plus flatteur, on y est en bonne compagnie et avec un peu de chance on peut y côtoyer la gauche ‘’paillettes’’, les acteurs subventionnés et les chanteurs engagés.

D’ailleurs à propos de ces derniers, il n’est nul besoin d’ajouter ‘’de gauche’’ ce serait encore un pléonasme de mauvais goût, les quelques rares et naïfs troubadours débutants qui s’étaient risqués à se déclarer pour la droite en 2012 sont eux désormais devenus des artistes dégagés.

Mais toutes ces considérations s’évanouiront lorsque le citoyen qui aura pris la peine de se déplacer se retrouvera seul dans l’isoloir et ressentira les affres qui assaillent le gardien de but au moment du penalty quand il doit décider de plonger à gauche, à droite ou de rester planté stoïquement sur sa ligne. Puisse t-il au moins garder son libre arbitre.


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