La souveraineté nationale appartient au peuple !

par Michel CARRIERE
lundi 29 janvier 2007

Notre Constitution l’énonce :

“Art. 3. - La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum.

Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice.

Le suffrage peut être direct ou indirect dans les conditions prévues par la Constitution. Il est toujours universel, égal et secret.”

Toutefois il me semble que cette proclamation reste plus formelle que réelle. Le pouvoir politique et ses représentants refusent de rendre compte à leurs mandants, aux citoyens que nous sommes et devant lesquels il leur appartient de justifier leurs actions, autrement qu’à travers un spectacle organisé comme une publicité de supermarché, un jeu télévisé ou une émission de variétés.

La Constitution interdit le mandat impératif (art. 27). Le système de décompte électoral assimile les bulletins blancs aux bulletins nuls.

Défendre le vote blanc est souvent analysé comme une position irréaliste dont les conséquences seront l’absence de majorité de gouvernement ou le risque de ne dégager qu’une majorité très affaiblie.

C’est pourtant une expression positive de la volonté des citoyens. C’est l’équivalent d’un constat de carence fait par les électeurs devant la pauvreté des choix qui leurs sont proposés, l’absence de réflexion, de principes et d’enthousiasme politique infligés par des représentants trop peu soucieux de leurs mandants.

La pratique d’un mélange alliant l’anathème à l’incantation avec une personnalisation à outrance du “débat” politique a pour conséquences de masquer la faiblesse du dialogue démocratique, la confiscation voire l’absence de débat par les nouveaux clercs technocrates et spécialistes en communication, pour produire de la variété politique, ersatz de projet politique, entre deux publicités sur les grandes chaînes de radio et de télévision, ce qui me conduit à ce choix ethique : le vote blanc !

Il serait important de pouvoir le prendre en compte pour mesurer le nombre de ceux qui ne sentent plus représenté et oscillent entre désabusement et tristesse, sinon dégoût !

Le mandat impératif ensuite. Il est analysé par la plus grande partie de la classe politique comme l’expression de la démagogie et du populisme !

Etrange analyse que celle qui considère qu’une femme ou un homme politique n’est pas lié par son programme, ni par ses promesses, et qu’il lui est loisible de modifier à sa guise les engagement pris devant le peuple souverain pour être élu, sans avoir à solliciter à nouveau son accord par le passage devant les urnes !

La réalité fait ressortir, au sein de la République, des pratiques visant à rétablir les privilèges personnels des “sachant”, des clercs, des penseurs politiquement corrects, sinon puritainement corrects, n’ayant à justifier ni leurs choix, ni leurs pratiques, ni le respect de leurs engagements.

Tous les cinq ans, en revanche, se réalise la quête du graal politique, de l’onction populaire ! Le peuple méprisé est de nouveau flatté, comme dans la Rome du Bas-Empire.

Pour cela, une technique éprouvée : le “c’est la faute à ceux d’avant”, le “construisons la France d’après”, le “demain, on rase gratis “

Dès lors, les démagogues, les vrais, donnent dans le “tous pourris”, le culte de l’ordre et du chef providentiel, la chasse au bouc émissaire, quelle que soit sa communauté d’appartenance, sans aborder non plus les problèmes de notre temps.

Les élections ressemblent alors plus à un acte de foi, une adhésion à un mystère, qu’à un choix raisonné et raisonnable, prenant en compte, à l’issue d’un dialogue construit, dans le respect des idées de chacun, la voie qui apparaît comme la meilleure au plus grand nombre.

Voie qui comprend, d’ailleurs, aussi bien les choix de la majorité que les alternatives proposées par l’opposition. Une pratique éclairée de la démocratie ne doit pas conduire à exclure les pensées et idées de la minorité. Il importe simplement de rester clair sur les engagements pris devant les électeurs, pour l’application desquels il a été donné mandat d’agir.

Cette confiscation du débat public, cette caricature de la démocratie, a déjà ouvert la porte, en 2002, à un vote largement protestataire, portant sur les extrêmes.

Quelles leçons ont été tirées de la présence de Jean Marie Le Pen au deuxième tour en avril 2002 ? Aucune ! Sauf peut-être celles de remettre en cause les électeurs et de caricaturer l’expression de leur rejet.

Quelles leçons ont été tirées de la victoire du "non" au projet de Constitution européenne, le 29 mai 2005 ? Aucune ! Sinon, encore une fois, de mépriser les choix du peuple qui avait osé aller à l’encontre des chantres du microcosme politique parisien à la pensée et à l’analyse préfabriquées par les lobbies d’opinions et d’intérêts financiers.

Serait-il encore possible d’espérer, pour les élections à venir en 2007, un vrai débat où chacune et chacun s’engagerait sur des projets réalistes, en faisant ressortir les points et les choix qui seront communs à tous les candidats, et ceux sur lesquels les différences permettront le choix, éclairé et raisonnable, des citoyens sur un projet politique, hors des excès de la passion et de la démagogie ?

Ce débat, franc, direct et fort permettrait la confrontation des idées dans le respect de l’opinion et de la personne des candidates et candidats.

Chacune et chacun pourrait y engager toute sa force de conviction, aller jusqu’au bout de ses idées, en écoutant et comprenant celles de ses interlocuteurs.

La volonté de rendre le pouvoir au peuple par les réformes constitutionnelles nécessaires, ne devrait-elle pas être un point central du débat, assorti de dates précises de mises en application ?

Ne devrait-il pas en être de même en matière sociale et économique, afin que chaque citoyenne et chaque citoyen puisse juger de la réalité des engagements tenus ?

C’est le souhait que je forme pour cette campagne 2007, afin que nous puissions encore construire ensemble, dans une République d’égaux, un monde meilleur et plus éclairé !


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