La tactique du Hezbollah : se poster au milieu des civils...
par Lucien-Samir Arezki Oulahbib
vendredi 28 juillet 2006
Selon certaines informations, comme par exemple celle d’un ancien commandant en chef canadien de la Finul, Lewis Mackenzie, relatant dernièrement sur un blog les mails qu’il a reçus de ses compagnons sur le terrain, il semble bien que le Hezbollah utilise certains emplacements de la Finul comme couverture...
Par ailleurs, il apparaît que dans le bulletin interne de la Finul et dans de nombreux rapports remis au plus haut niveau de l’ONU, il a été fait état à plusieurs reprises que le Hezbollah venait tirer ses roquettes bien trop près des postes d’observations de la Finul, sans que pour autant, le secrétaire général ne s’en émeuve en sommant le Hezbollah de s’en éloigner.
En fait, d’après d’autres informations mises en avant, cette fois par L’ONU, il semble bien que le Hezbollah se cache parmi les civils. Ainsi le bras droit du Secrétaire général de l’ONU pour les Affaires humanitaires, Jan Egeland, avait accusé lundi 25 juillet le Hezbollah de « lâcheté » (La veille, Jan Egeland avait accusé Israël de violer le droit humanitaire ). Pour M. Egeland, « le Hezbollah doit cesser de se fondre lâchement parmi les femmes et les enfants, (...) j’ai entendu qu’ils étaient fiers parce qu’ils avaient perdu très peu de combattants et que ce sont les civils qui subissent [les attaques]. Je ne pense pas que quiconque devrait être fier d’avoir plus de morts parmi enfants et les femmes que les hommes armés ».
Plus inquiétantes peut-être sont les informations stipulant que le Hezbollah serait en train de tester la résistance d’Israël ainsi que son propre dispositif de combat mis au point depuis de nombreuses années pour le compte de l’Iran. Selon certains commentateurs, le scénario de la guerre d’Espagne en 1934-1936 se reproduirait. Comme Hitler envoyait des armes à Franco afin de tester leur efficacité, notamment sur des villes comme Guernica. Mais comme comparaison n’est pas raison, il faut souligner qu’Hitler n’envisageait pas de détruire l’Espagne alors que c’est bien l’intention de l’Iran, renouant ainsi avec l’expansion islamique du début et non pas avec l’ambition perse comme il est dit ici et là. Rappelons que c’est Cyrus, empereur des Perses et des Mèdes (actuels Kurdes), qui, après sa victoire sur Babylone, permit aux Juifs de revenir à Jérusalem en 538 alors qu’ils avaient été chassés par Nabuchodonosor.
Il ne s’agit donc pas d’une lutte régionale visant à la suprématie des Perses sur les Arabes, mais d’une lutte théocratique cherchant à s’approprier l’Islam, qu’il s’agit cependant de ne pas considérer, dans la grille khomeyniste, comme une revanche des shiites sur les sunnites -(du fait du meurtre d’Ali, cousin et gendre de Mahomet et élu quatrième Calife de façon cependant controversée puisqu’il fut accusé d’avoir trempé dans l’assassinat du troisième Calife, Othman, dont il contestait l’autorité, soutenue par la femme de Mahomet, Aisha).
La stratégie iranienne actuelle doit être comprise comme une tentative panislamiste de surmonter les divisions, -(Irak excepté, vu le passif des exactions sunnites et baathistes : plus de 2 millions de morts en incluant la guerre avec l’Iran)-, autour d’un but commun, la lutte contre l’Occident et Israël, (Al Keida vient d’ailleurs de se rallier à cette perspective via la voix de son N°2...), et ceci, bien moins parce que ces entités seraient un obstacle à la reconstitution de l’Empire musulman qu’au nom de leur mode de vie, axé sur la liberté de conscience et la démocratie, deux valeurs qui sapent toute volonté de puissance absolutiste, comme on l’a vu avec l’effondrement des totalitarismes européens qui voulaient en nier la réalité devenue quasi universelle, du moins si l’on désire que la prospérité soit un bien commun au lieu d’être le seul apanage de quelques uns.
Les tentative de l’Iran, et de son bras armé, le Hezbollah, visaient à poursuivre le harcèlement des groupes palestiniens (avant les Accords d’Oslo), ce qui entraîna naguère l’intervention d’Israël au Sud Liban et sa tentative de créer une zone tampon via la mise sur pied de milices libanaises chrétiennes, afin de susciter l’engouement, de créer une atmosphère djihadiste susceptible de constituer un abcès de fixation suffisamment tangible pour drainer des combattants avides de se heurter à l’ennemi sacré. Le tout afin de gagner du temps, en attendant que l’Iran ait la bombe et s’en serve de façon locale à la manière d’une bombe nucléaire tactique. Des centaines d’iraniens cheminent déjà via la Syrie (le Figaro du 26 juillet). Reste à savoir si les djihadistes en Irak viendront prêter main forte. Ce n’est pas sûr parce qu’il s’agit pour l’Iran de ne pas donner de prétexte à l’armée américaine pour faire mouvement vers cette direction en cas où Israël se trouverait en difficulté...
Un tel scénario pourrait être éradiqué dans l’œuf si une force d’interposition de type Kosovo, acceptée par Israël, pouvait se déployer au Sud Liban et le long de Gaza, ce qui pourrait permettre par la suite que des négociations soient entamées, sans que les groupes totalitaires islamistes veulent imposer leur propre "agenda" comme l’on dit dans les coulisses diplomatiques. Or, il semble bien, au vu des dernières déclarations des représentants du Hezbollah, que celui ne veut pas en entendre parler et menace (selon le Figaro) de prendre cette force d’interposition comme force "d’occupation"... Il serait temps de se demander pourquoi...