La théorie anglo-américaine d’un complot russe est-elle enterrée ?

par Séraphin Lampion
lundi 25 mars 2019

En novembre 2016, le peuple américain en avait tellement marre de l'oligarchie néolibérale qu'ils ont élu Donald Trump en sachant pertinemment qu’il n'avait aucune expérience de la politique, que c’était un fanfaron à grande gueule et qu'il était la plupart du temps bourré d’amphétamines. Ils étaient tellement dégoûtés d’être manipulés par un « establishment » à double visage comme les Clinton, Bush ou Obama, qu’ils ont décidé de confier le pouvoir à un « outsider ».

Les gens n'ont pas voté pour Trump. Ils ont voté contre les manigances de l’establishment (même s’il se faisaient de grandes illusions).

L'oligarchie a réagi en inventant une histoire selon laquelle Donald Trump était un agent russe pour lequel les électeurs américain avaient été incités à voter par des agents secrets russes passés maîtres en matière d’influence sur des esprits fragiles.

 

Les médias « agréés » ont largement abreuvé le public de cette fable pendant près de trois ans, et ont mis en place un procureur spécial pour mener une enquête officielle afin de lui donner une apparence de légitimité.

Toutes les composantes de l’institution dirigeante (à savoir, le gouvernement, les médias, les agences de renseignement, l’intelligentsia libérale, etc.) ont collaboré pour destituer un président américain de ses fonctions sur la base d’un tas de rumeurs.

L'avocat spécial, Robert S. Mueller a remis vendredi au procureur général, William P. Barr un rapport très attendu, mettant fin à son enquête sur l'ingérence de la Russie dans l'élection de 2016 et l'éventuelle entrave à la justice du président Trump.

Deux ans d’investigations et 200 entretiens n’auront pas permis aux sénateurs américains de trouver le plus mince élément de preuve concernant le complot dénoncé par le parti « démocrate » à propos des élections présidentielles de 2016 dans lesquelles la Russie se serait ingérée en soutenant le candidat Trump par des moyens déloyaux et secrets....

Marcy Wheeler, la journaliste « indépendante » à l’origine de cette affirmation assure de son côté que le complot avait été prouvé par le fait que l'ancien chef de campagne de Trump, Paul Manafort, avait admis avoir transmis des données de sondages à des contacts ukrainiens / russes pour s'attirer les faveurs d'un oligarque russe auquel il devait de l’argent. Or, il s’est avéré que les délits de Manafort, pour lesquels il a plaidé coupable le 14 septembre 2018, n'avaient rien à voir ni avec "la Russie" ni avec Trump et seulement d’une façon indirecte avec la campagne électorale.

Un des procès concernait une affaire de lobbying financier, un délit d’initié (violation de secrets bancaires), et l'autre concernait un faux témoignage. Dans sa défense, Manafort a reconnu sa culpabilité pour des accusations de fraude bancaire jugée en Virgine le mois dernier.

Les Démocrates espéraient que l’enquête menée par l’avocat Mueller aboutirait à un acte d’accusation qui confirmerait la thèse du complot russe. Il y a à peine deux semaines, l'ancien directeur de la CIA, John Brennan (qui était en relation avec les services de renseignement britanniques pour confondre Trump dans l'« affaire de la Russie ») a déclaré qu'il s'attendait à de nouvelles inculpations, mais rien n’est venu.

Aucun des citoyens américains inculpés par Mueller dans le cadre de cette enquête n'est accusé de conspiration avec la Russie pour s'immiscer dans l'élection présidentielle (l’objet même de la commission d’enquête), mais pour divers délits, et notamment pour avoir menti au FBI.

L'enquête s'est terminée sans inculpation d'un certain nombre de personnalités soupçonnées de complicités ...

Les conclusions du rapport Mueller seront publiées par le ministère de la Justice dans les prochains jours.

Ceux qui retenaient leur respiration depuis deux ans vont pouvoir respirer. Mais la fièvre de l'hystérie n’en sera pas éradiquée pour autant. Une telle pathologie ne se guérit pas du jour au lendemain. La dépendance à l’intox nécessite une période de sevrage : ceux qui ont été dupés pendant si longtemps ne peuvent pas récupérer si facilement.

La bonne nouvelle, c’est que cette enquête a mis au jour l'étendue de la corruption dans les cercles privés et politiques.

Il ne reste plus qu’à attendre les résultats de l’enquête britannique sur l’« empoisonnement » de Skripal, mais le Brexit donne d’autres chats à fouetter aux Tommies.

 


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