La trinité ou la pensée, l’ego, la névrose

par Jean Keim
jeudi 2 décembre 2021

Cet article fait suite à celui du 25/11/2021, il contient des redites inévitables.

Résumé de l’article précédent :

Ne pas être dans le bien est la névrose, il n’y a pas de névrose sans ego (il est possible voire probable que l’inverse soit également vrai), il n’y a pas d’ego sans un substrat que manifeste la pensée. Les savoirs emmagasinés dans des mémoires sont le substrat.

Une pensée surgit à la suite d’un événement, d’un stimulus... Ainsi une pensée naît, exprime quelque chose et doit disparaître sans laisser de trace psychologique, le problème c’est la trace qui devient un nouveau savoir névrotique renforçant l’ego.

Pourquoi un deuxième article :

Il m’est venu à l’esprit que la pensée, l’ego et la névrose forment une triade supplantant dans le monde de l’apparence l’autre triade appelé trinité par les chrétiens, composée du Père, du Fils et de l’esprit sain(t), avec ou sans ‘’t’’ comme il vous plaira.

Je ne me prends pas dieu merci pour un prophète, seulement je perçois clairement pourquoi notre espèce et sa civilisation actuelle vont de mal en pis, quoi de plus normal que de vouloir le partager. 

Il est à noter que le mot trinité n’apparaît pas dans les Évangiles ni d’ailleurs dans la bible, il a été introduit dans le discours chrétien par un dogme instauré par les suiveurs du Christ.

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La première triade citée dans les Évangiles, n’a de sens que dans une parfaite unité de ses trois composantes, certaines sources les appellent hypostases, chacune est indissociable des deux autres, ergoter sur l’une d’elle est une aberration.

La deuxième triade est dissoute, quand au moins l’une de ses trois composantes disparaît.

Le Père est le Fils qui s’exprime par l’Esprit sain(t), il ne s’agit pas ici d’un concept mais de la source fondamentale, c’est la Vie vivifiante, naturelle, la mort ne l’atteint pas car elle ne trouve pas de prise ou s’accrocher, la dégénérescence du corps, la maladie, la sénescence ne l’affectent pas. 

De même la pensée par le biais du savoir mémorisé engendre l’ego qui s’exprime par la névrose, ce trio maléfique est donc à l’origine du mal appelé aussi le diable, le satan, le malin, le prince de ce monde, le tentateur, le mystificateur..., seule la mort parfois suivie d’une renaissance (éveil) peut mettre fin à son existence. L’histoire de Lazare me semble un bon exemple si on perçoit qu’elle relate non une mort qui mène au sépulcre mais la mort d’un usurpateur qui précède l’éveil d’un être humain nouveau, comme Jésus tente de l’expliquer au pharisien Nicodème.

Ainsi au cours d’une existence ordinaire, très rapidement la triade de Vie s’efface quand la triade de mort se manifeste, elle renaît quand la triade de mort disparaît dans un événement singulier apparenté à une mort ; quand la renaissance est parfaitement accomplie, la triade de mort ne revient jamais. Peut-être que les quelques heures ou les quelques jours qui suivent sa naissance physique, le bébé est dans l’état naturel de la Vie que lui confère son innocence, mais très vite la vie ordinaire distille son poison mental apporté par l’éducation des adultes.

La triade de Vie est le Bien, la triade de mort est le mal, l’une n’est pas le contraire de l’autre, ce qui présupposerait qu’elles seraient dépendantes l’une de l’autre, que l’une ne saurait exister sans l’autre ; en fait très simplement quand le mal est présent, le Bien est absent, quand le mal disparaît, le Bien est présent sans exigence d’aucune sorte, en fait il n’est jamais parti mais il est en mode silencieux. Un esprit sain est naturellement vertueux sans référence à un code moral, il ne peut que faire le Bien sans y trouver un intérêt particulier, il sait percevoir le vrai dans le vrai, le faux dans le faux et surtout le faux dans le vrai. Un esprit malsain (névrosé) agit dans le sens du mal, avec toutes les nuances et les ruses qu’il est capable d’exprimer.

Nous ne pouvons pas par la volonté, par une pratique ou un procédé quelconque tant chimique, que psychologique ou encore initiatique accéder à la triade de Vie, c’est impossible car toute tentative, toute approche procèdent de la pensée qui est étrangère, incompatible, avec ce qu’il y a au-delà de l’intellect.

La triade de mort apparaît très tôt dans une existence humaine quand la pensée qui est un processus inhérent à la matière et d’utilité uniquement pratique, veut diriger une destinée en concevant ou en désirant un futur imaginé à partir du passé, or la pensée n’a pas accès à l’inconnu, on ne le dira jamais assez, la pensée ne peut exprimer, restituer, que ce qu’elle trouve dans des mémoires et qui constituent des savoirs, cela n’est pas un concept mais un fait observable en soi, ainsi le vers est dans le fruit (est-ce une pomme ?) ; dans ce mouvement totalement dans l’illusion par lequel passe la quasi totalité des êtres humains, la suite pratiquement inévitable, est le recours de plus en plus fréquent à l’abstraction, à l’adhésion à des idées voire à des idéologies ; les réponses apportées sur dieu, les dieux, la vie après la mort, la création, la vie éternelle..., n’ont qu’une valeur relative à un cadre de pensée, non pas que je réfute tout cela, je ne suis pas athée ni matérialiste, seulement ma position est personnelle, elle est du domaine de la foi qui signifie avoir confiance en..., mais nous pouvons percevoir que les réponses ne sont que des illusions car des constructions mentales, dans une autre époque, dans une autre culture, dans les différentes étapes évolutives d’une existence, les répon,ses sont/seraient différentes et tout autant sans valeur.

Nous ne savons pas ce qu’est le Bien, il ne répond à aucune définition qui le figerait comme une forme dans un moule, mais nous avons, je l’espère pour un certain nombre d’entre nous, la capacité de discerner ce qu’il ne peut pas être, et ainsi de proche en proche, nous pouvons inviter le Bien à répondre présent dans notre esprit.

Jamais le monde ne deviendra véritablement humain si la triade de Vie ne devient pas un mode de Vie communément répandu, ce n’est pas une utopie, ce qui est utopique est de croire que sur les bases actuelles le monde deviendra enfin habitable.

 


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