La Tunisie, fête les 10 ans du « Printemps arabe »

par Rachid Barnat
jeudi 14 janvier 2021

Les Tunisiens ont dégagé le président Ben Ali le 14 janvier 2011, suite à des événements qui ont débuté le 17 décembre 2010, avec la mort de Mohamed Bouazizi qui s'était immolé à Sidi Bouzid.
 
Ils ont cru s'être débarrassés d'un régime de dictature policière et de la corruption instaurée par la famille Ben Ali et sa belle famille Trabelsi ; en espérant enfin vivre dans une démocratie et obtenir plus de justice sociale.
 
Mais très vite ils vont déchanter et s'apercevoir que ceux qui l'ont remplacé, sont pire !
 
En effet, passées l'euphorie du "dégagisme" et l'effervescence sur les réseaux sociaux sur les espoirs que la "révolution" a fait naître, les Tunisiens vont se rendre compte petit à petit qu'ils ont été manipulés et dupés par les faiseurs du "printemps arabe" que sont les EU, l'UE et le Qatar, qui ont fomenté ce coup d'Etat, l'émir qatari étant le metteur en scène de cette fumeuse révolution baptisée "révolution du jasmin", clin d'œil moqueur au jasmin symbole de l'art de vivre tunisien et du pacifisme de ce peuple, comme pour mieux le narguer ; et dont la chaîne al-Jazeera a su filmer le déroulement pour inciter les Tunisiens à pousser vers la sortie leur président ! 
 
Le soulèvement des Tunisiens et leur manifestation massive pour dégager Ben Ali, a eu pour point de départ la répression sauvage dont sa police aurait fait preuve ; alors qu'il s'avérera assez vite que s'était l'oeuvre de snipers et de mercenaires venus de l'ex-Yougoslavie pour la plus part, recrutés par le Qatar pour semer le désordre et pousser à la révolte un peuple choqué par les images dont l'abreuvait al-Jazeera, voix de son maître l'émir Al Thani ! 
Mercenaires qui repartiront avec leurs armes au grand jour et par avion, au grand étonnement des Tunisiens, qu'al-Jazeera rassurera "qu'après enquête, il s'est avéré qu'ils n'étaient que de simples touristes-chasseurs, venus chasser le sanglier en Tunisie" !
 
A la faveur de cette "révolution", Al Thani en accord avec ses mandataires EU & UE, va installer au pouvoir son protégé le Frère musulman Férid El-Kherriji dit Rached Ghannouchi ; puisqu'il a stratégiquement choisi de soutenir l'organisation internationale des Frères musulmans, depuis que les "Frères" étaient devenus persona non grata dans leurs pays d'origine, pour damer le pion aux Ibn Saoud qui s'étaient auto-proclamés chefs de file du sunnisme dans le monde !
 
Ainsi Ghannouchi qui n'était pas présent durant les "événements", est rentré de son exil doré londonien, suivi de ses hommes planqués en Europe, pour chevaucher une révolution à laquelle ils n'avaient pas participée pour instaurer une démocratie en Tunisie, disaient-ils aux Tunisiens ; comme si les pétromonarques et les islamistes étaient démocrates !
 
Et en 10 ans de pouvoir islamiste, les Tunisiens découvrent la supercherie des Frères musulmans et leur violence après l'assassinat de Chokri Belaid. Ils reprennent espoir avec Béji Caid Essebsi qui leur promettait qu'il sera leur rempart contre Ghannouchi et son obscurantisme, jusqu'à ce qu'il les trahisse en pactisant avec son ennemi d'hier.
 
Et depuis, les Tunisiens courent encore après la démocratie.
 
Mais en attendant, ils constatent, amers, que la corruption s'est bien démocratisée, puisqu'elle s'est généralisée et commence à gangréner le pays. Ils voient l'Etat et l'Administration disparaître, la sécurité de plus en plus menacée, le terrorisme se répandre et se banaliser et le pouvoir d'achat fondre jour après jour.
 
Certains pour se consoler du gâchis et des espoirs déçus, vous diront qu'ils ont gagné au moins la liberté d'expression ; illusion que leur donne Ghannouchi qui rêve à l'instar de son ami et modèle Erdogan de museler toute opposition ; et dont les arrestations régulières de journalistes, de bloggeurs, de facebooker ..., préludent d'une action de plus grande envergure le jour où les Frères musulmans se seront enracinés dans le pays.
 
A nouveau, un nouvel est espoir est né avec Abir Moussi dont le travail salutaire pour la Tunisie est de jour en jour perceptible par les Tunisiens. Et le ralliement à son parti le PDL (parti destourien libre) est en constante progression.
 
Son mérite est d'avoir fait le bon diagnostic des problèmes de la Tunisie depuis le 14 janvier 2011, en désignant le responsable : Ghannouchi et ses Frères musulmans ! 
Et depuis, elle n'a eu de cesse de mettre à nu l'homme et son projet politique.
 
En désacralisant l'autoproclamé cheikh, que beaucoup vénéraient comme s'il était le Messager d'Allah en personne quand ils l'accueillaient comme tel à son retour d'exil, elle l'a obligé à tomber le masque. Et depuis qu'elle siège au Bardo qu'il préside, elle le déstabilise sans cesse, en rapportant quasi quotidiennement dans des vidéo destinées à informer les Tunisiens de l'intérieur du pouvoir, les abus et le mépris du droit et des règles démocratiques du président du parlement qui s'est découvert "civil" et "démocrate" depuis le congrès d'Hammamet, lors duquel il a proclamé avoir coupé les ponts avec l'organisation mondiale des Frères musulmans et depuis qu'il occupe le perchoir de l'assemblée, il se prend pour le président de tous les Tunisiens ! 
 
Partant de ce constat, elle va même clarifier la scène politique tunisienne embrouillée par une multitude de partis autorisés par Ghannouchi (plus de 200 partis !) et par sa stratégie de corruption, de chantage et de menace, envers les "progressistes", pour en faire ses marionnettes
 
Elle a mis en évidence le système machiavélique élaboré par Ghannouchi pour conserver le pouvoir. En recourant au principe du "consensus" et autre "dialogue national", Ghannouchi s'impose aux autres partis en choisissant parmi leurs responsables les ministres qui formeront le gouvernement de coalition, ce qu'il appelle ses "oiseaux rares", entendez malléables et dociles pour leur imposer sa politique tout en leur faisant porter le chapeau de son impopularité ! 
 
Et le plus curieux, c'est l'UGTT (Union Générale des Travailleurs Tunisiens) qui "vendra" aux Tunisiens ces "solutions miracles" pour sauver le pays de la catastrophe où l'ont mis les islamistes, et les organise en excluant les extrémistes dans lesquels elle inclut le PDL ! Est-ce logique ? Pourtant cette centrale syndicale nationale persiste et signe à maintenir Ghannouchi coûte que coûte aux manettes, comme s'il était indispensable et incontournable pour le pays ; alors qu'en 10 ans il l'a paralysé et qu'il est à l'origine de tous les problèmes : économiques, financiers, sociaux ... à se demander si son secrétaire général ne serait pas un crypto islamiste. 
 
Ghannouchi faisant feu de tout bois, après avoir instrumentalisé la religion, la cause palestinienne, la "révolution" ..., va se servir même de la pandémie du covid-19 pour museler ses opposants ; puisqu'il a décidé de travailler en petit comité (composé essentiellement de ses serviles serviteurs), au mépris de la représentation nationale ; excluant par la même le PDL, son unique et véritable opposant, pour passer en force ses projets de lois dans un putsch parlementaire !
 
Alors, faut-il dire bon anniversaire aux Tunisiens ? 
 
 
Blog de l'auteur : https://latroisiemerepubliquetunisienne.blogspot.com/2021/01/10eme-anniversaire-de-la-revolution-du.html 

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