La vaccination H1N1 et les médias officiels sont mal barrés avec Guillain-Barré
par Bernard Dugué
vendredi 13 novembre 2009
L’annonce n’a pas été occultée par les médias. Elle a même fait les titres. Une professionnelle de santé a été diagnostiquée comme souffrante du syndrome de Guillain-Barré. Elle avait subi il y a peu une injection du Pandemrix, qui n’est pas un filtre magique qu’utilise Astérix mais tout simplement le vaccin H1N1 produit par la firme GSK. Une nouvelle qui risque de gripper fortement la campagne de vaccination. Pour les responsables, la détection d’un cas avéré de ce syndrome, c’est un peu comme dans un village l’annonce qu’un tueur en série récemment libéré de prison, revient s’installer à 6 kilomètres du patelin. En deux mot, ce syndrome de Guillain-Barré désigne une affection neurologique affectant les fibres nerveuses périphériques par un processus d’auto-immunité, autrement dit, par l’attaque du système immunitaire de constituants faisant partie intégrante de l’organisme. Ces maladies auto-immunes sont bien connues. La maladie de Guillain-Barré se produit rarement, environ 1000 cas par an en France, suite à une infection virale ou alors à l’injection d’un vaccin anti-grippal. Dans la plupart, le syndrome est réversible et le patient récupère. Mais les statistiques affichent quelques décès.
La crainte des autorités n’est pas d’ordre sanitaire mais psychosociale. Rappelons qu’en 1976, 45 millions d’Américains furent vaccinés contre un virus grippal H1N1, identifiée dans la base militaire de Fort Dix, suite au décès d’un soldat. D’autres personnels de cette base ont été affectés par la grippe mais on ne dénombra aucun décès. Par contre, quelques centaines de syndromes Guillain-Barré furent identifiés, avec quelques décès, et sous la pression médiatique, la campagne fut stoppée. Cet épisode est comme on s’en doute rappelé dans le contexte actuel de la pandémie H1N1. Les opposants au vaccin ne se sont pas privés d’utiliser ce syndrome comme argument incitant à ne pas se faire vacciner. Le terrain immuno-médiatique était pour ainsi dire préparé. Et donc, la réaction d’hypersensibilité médiatique s’est produite. Les autorités n’avaient pas le choix. Elles étaient obligées d’annoncer un cas de Guillain-Barré, en affirmant et c’est légitime, que le lien avec la vaccination n’est pas établi. Cacher l’information eut été bien plus dommageable, car les opposants au vaccin se seraient vite dépêchés d’invoquer la thèse du « on nous cache tout ».
Pour être honnête, le syndrome de Guillain-Barré n’est pas un motif sanitaire suffisant pour justifier le refus de vaccination. Mais comme on le sait depuis l’apparition de cette pandémie, la déraison se propage et c’est donc par une subtile ruse de la déraison que la campagne de vaccination vient d’être troublée. C’est pour ainsi dire, une peur contre une autre.
A cette occasion, on voit apparaître un subtil ballet médiatique traduisant et même confirmant une fracture entre d’une part le monde des gouvernances, experts, élites et médias, et d’autre part la société dite d’en bas, avec ses citoyens surfant sur le Net et refusant de se plier aux injonctions politiques et étatiques. Les cas d’école n’ont cessé de se répéter, après le précédent du TCE refusé par les Français en 2005. La loi Hadopi, l’affaire Polanski, ont récemment dévoilé cette fracture entre ceux qui dirigent le pays, avec les médias à l’appui, et ceux qu’on ne sait pas trop comment nommer, autrement dite, le peuple français ou alors la société civile.
Ce matin sur France-Inter, Jean-Marie Colombani ne s’est pas privé de fustiger ces Français qui refusent le vaccin, allant jusqu’à invoquer une régression des esprits. Il a déploré le fait que les médias ne puissent pas parler sereinement de cette campagne et de santé publique, sans qu’on les accuse de faire le jeu des politiques et des industriels. Colombani, directeur de Slate, n’a fait que reprendre les propos d’un de ses chroniqueurs, Jean-Yves Nau, par ailleurs co-auteur avec Antoine Flahault d’un livre sur la pandémie et qui sur son blog, se plait à moquer les mécréants qui, en refusant d’admettre la pandémie et l’injonction vaccinale, se comportent comme de vulgaires croyants d’avant les Lumières. Flahault s’en prend au Net, ce médias dépeint comme un caniveau par Mitterrand et considéré comme un confessionnal par cet épidémiologiste distingué qui ne se prive pas d’en appeler à Condorcet pour justifier les directives sanitaires, singeant de ce fait notre président Sarkozy se réclamant de Jaurès pour appuyer sa politique. Quant à Colombani, son attitude face à la campagne de vaccination ressemble de très près aux injonctions d’un Bernard Guetta qu’on a connu très passionné sur ces mêmes ondes à la même heure, en 2005, lorsqu’ils vociférait dans la campagne du référendum pour en appeler au bon sens des Français qui devaient suivre les élites éclairées et voter pour le traité. Du coup, les bureaux de vote étaient remplis de citoyens venus refuser le TCE, mais les centres de vaccinations ont été désertés et c’est là le signe d’une étrange comédie et d’une authentique confusion dont on ne saurait accuser les Internautes et les Français.
Ce que je peux vous dire, c’est qu’une bataille philosophique se joue avec cet événement pandémique. Qui peut se réclamer des Lumières et de la Raison ? Dans mon ouvrage, c’est la déraison du système sanitaire et des médias que je pointe, n’hésitant pas à évoquer le signe d’une époque crépusculaire sur fond de machines techniciennes obstinées dans la mise en place de solutions. On aura noté que la plupart des médias soutiennent l’action de la ministre, y compris sur Rue89 ou l’une des journalistes se félicite d’être passée par la piqûre, accomplissant de ce fait son devoir de citoyenne responsable de la santé collective. Le principal constat à retenir, c’est que cette pandémie, avec son déroulement sanitaire et médiatique, dévoile une fracture entre les élites et le peuple français. Nos médias si critiques à l’égard des Américains du temps des ADM de Saddam, ne sont guère regardant sur le manque de recul critique dont ils ont fait preuve pendant cette pandémie. La désinformation est même au rendez-vous, lorsque les quelques milliers de morts sont annoncés aux States, sans vérification de sources, assortis d’une interprétation erronée. La mortalité serait quatre fois supérieure aux prévisions statistiques. Oui, mais quelles sont ces statistiques. Tous les épidémiologistes savent que les modèles ne sont pas fiables et d’ailleurs, où sont passés les millions de morts après la pandémie annoncée de virus H5N1 ?