La vérité est plurielle. Alors, modérateur ou censeur ?
par Desmaretz Gérard
samedi 16 septembre 2017
Ce billet d'humeur m'a été « inspiré » en réaction à certains modérateurs qui votent contre des contributions sans explication aucune. Comment expliquer que certains articles aucunement contestataires ni provocateurs et pétillants aient fait l'objet d'un rejet de modérateurs qui n'ont même pas l'élémentaire correction de décliner leur patronyme ni le motif de leur décision ? Le rôle du modérateur n'est pas de juger la contribution ni le contributeur, mais de repérer les propos contrevenants à la législation : insultes, propos discriminatoires, images offensantes, etc. Leur mission s'arrête là.
Le mot censure viendrait du latin « censor », un terme qui désignait un magistrat romain et qui, au sens figuré, véhiculait la notion de « blâme ". La censure, à savoir le droit ou privilège que s'arroge le censeur est une mesure propre aux régimes totalitaires. Au XV° siècle, l'imprimerie inquiète François I° qui se décide à sévir. Des ouvrages sont brûlés, des imprimeurs arrêtés, des presses détruites. Le maître imprimeur Etienne Dolet finira le 3 août 1546 sur le bûcher !
La Constituante inscrira dans l'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme, tout citoyen peut donc parler, écrire et imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » La Constituante de 1791 confirma : « La liberté est accordée à tout homme de parler, d'écrire, d'imprimer et de publier ses pensées sans que les écrits puissent être soumis à aucune censure ni inspection préalable. »
Les libertés d'expression et d'information s'estompent de plus en plus. A la censure inconsciente est venue s'ajouter l'autocensure, des auteurs reportent ou suspendent leur article pensant que le moment était malvenu d'évoquer certaines opinions ou points de vue. La censure relève donc avant tout, d'une prérogative personnelle. Qu'elle place reste-t-il à la créativité et à son corolaire, la liberté d'expression ? Ce qui devrait être un espace d'expressions plurielles dans le respect d'autrui tant à devenir l'instrument de quelques (H)uns.
Le modérateur érigé en censeur pose la question des relations des lecteurs avec le média. Ce type de multimédia qui a connu une période de succès après son lancement est à l'étiage. Si la situation persiste, ne risque-t-elle d'entraîner une certaine crise de confiance entre les lecteurs, les contributeurs et le média ? Pourquoi ne pas rappeler à messieurs les modérateurs où commence et où finit leur « mission », réserver ensuite cette possibilité à des contributeurs ayant à leur actif un certain nombre d'articles, de lectures (20 mille ?), d'« étoiles » qui s'engagent à respecter une charte déontologique, et limiter cette prérogative dans le temps ou le nombre d'articles modérés.
Parler de liberté n'a de sens qu'à condition qu'il s'agisse de la liberté de dire aux gens ce qu'ils n'ont pas envie d'entendre aimait à répéter George Orwell. Les cerbères esclaves de leur surmoi se comportent en père fouettard ! Leur avis tranché ne reflète que leurs propres opinions. Ces individus vaccinés à la « moraline » ont-ils l'impression de se donner quelque importance à évincer un contributeur ? Ce n'est pas le contributeur qui menace le média en ligne ou la société, mais les modérateurs intransigeants qui ne savent pas pondérer leurs décisions arbitraires. Pétris de certitudes : idéologiques, intellectuelles, religieuses, culturelles, morales, etc., ils jugent du haut de leurs méconnaissances oubliant que l'on ne peut juger au-delà de soi et que l'on aime à blâmer ce que l'on ne comprend pas. Toute vérité n'est pas bonne à dire, peut être allez-vous me « sucrer » des articles ou me bannir, alors que grand bien vous fasse.
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