La vision du monde de M. Macron

par Jacques-Robert SIMON
lundi 17 décembre 2018

 Il faut bien entendu de multiples qualités pour prétendre représenter le peuple Français. Il ne faut pas douter pas de sa lucidité, de son intelligence hors pair. Les joutes sont terribles et leurs conséquences sans retour. Ma relative jeunesse me permet cependant d’entreprendre des actions que des gens expérimentés, trop expérimentés, ne veulent même pas envisager.

 Je parle vrai, je parle crû, ce qui par les temps tragiques qui s’annoncent est nécessaire pour fouetter ceux qui ne se résignent pas à subir les événements, pour rassembler le maximum de battants dans le camp des vainqueurs. La grandeur des défis qui se profilent à l’horizon donne l’obligation d’user d’une certaine rudesse des actes comme des propos. Il faut séparer le bon grain de l’ivraie, ceux qui travaillent de ceux qui mendient. Je redirai à ce jeune horticulteur au chômage de chercher un emploi dans l’hôtellerie, les cafés, la restauration… ou le bâtiment, si c’était à refaire. Bien entendu, "Une gare, c’est un lieu où l’on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien". Comment pourrait-il être autrement : il faut que les meilleurs donnent à faire et même à espérer aux autres. Et sans ambiguïté je maintiens que : "Je serai d’une détermination absolue et je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes." Il est tout aussi vrai que nous dépensons un ‘pognon de dingue’ pour sortir les plus démunis de leur torpeur dans laquelle trop souvent ils se complaisent. C’est certain également que pour "se payer un costard", il faut "travailler", bosser, trimer même si, bien sûr, les premiers de cordée sont mieux rémunérés car ils osent, ils prennent des risques. Il ne faut rien passer aux petits qui n’ont certes que de petits problèmes, mais ils sont nombreux, de plus ils n’ont et ils ne peuvent avoir aucune solution.

 Cette vision de mon entourage me permet de discerner avec force et clarté l’état du monde tout entier.

 Le monde qui se dessine de plus en plus précisément sous nos yeux est fait d’efforts, de combats, de restriction voire de disettes : tout concoure à penser que nous sommes trop nombreux sur un monde trop petit. Deux écoles de pensée vont s’affronter durement. Dans l’une le besoin d’énergie et de technique prime sur tout le reste. Dans l’autre, la possession des forces financières qui permettent la domination doit être privilégiée. Les scientifiques s’occupent d’innovation et d’énergie mais savent-ils gérer un budget ? il est impératif de faire confiance à ceux qui ont prouvé leurs savoirs : les gens de bien, fortunés, devenus incontournables dans les mondes politiques, médiatiques comme bien entendu dans celui des entreprises. La césure faite par les forces de communication entre populistes et progressistes permet d’isoler, de surveiller, de punir, les ennemis du libéralisme, les disciples des pires et de la déraison. Il ne faut garder par devers soi que l’élite, celle qui investit, celle qui compte, celle qui n’en finit pas de compter envers et contre tout : ce sont nos forces vives.

  Le futur qui s’annonce pour les classes populaires est tragique car elles n’ont aucune place dans un avenir qui sera peuplé de robots à côté d’une main d’œuvre innombrable et docile originaire des pays miséreux et en proie aux guerres que nous avons suscitées. Notre propre peuple doit disparaître car nous en avons d’autres plus avantageux et plus durs au mal. De toute façon nous ne pourrons pas fournir à nos employés et à nos ouvriers, fils et filles du front populaire, tous les agréments qu’ils connaissent de nos jours. La raréfaction à terme des énergies fossiles, comme de beaucoup de matières premières, laisse peu de place aux idéaux qu’ils soient religieux ou philosophiques : la relative abondance des moins bien lotis venait du charbon ou du pétrole pas de l’émergence d’une nouvelle générosité forgée par les humanistes. La très grande majorité de la planète devra se priver de beaucoup de choses, certains de tout : il faut être parmi ceux qui ne seront pas concernés par ces désastres.

 Pour diminuer significativement la consommation, il suffit d’augmenter le nombre de pauvres en fortifiant les classes aisées, les seules à même de diriger les masses populaires trop agitées par leurs émotions et les difficultés de l’instant pour pouvoir prendre des décisions cohérentes. Certains prétendent que cela fait plus d’un demi-siècle que les mêmes ou leurs semblables imposent une direction à l’opposé de celle qu’il eût fallu prendre. Mais ils étaient élus démocratiquement et ils ne pouvaient faire que ce que la populace leur laissait faire. Faire appel à tous et aux plus démunis n’eut aucun effet bénéfique pour la nation. Les pauvres sont trop nombreux pour faire des propositions cohérentes. Les dominants sont rares, ils se fréquentent, ils font connaissances, leurs idées sont claires, ce n’est pas un hasard s’ils dominent.

 Augmenter le nombre de pauvres : jamais une démocratie n’arrivera à parvenir à ce but, et je ne souhaite pas l’établissement d’une dictature militaire déjà qu’on n’arrive pas à se garer à Paris, où mettrait-on les tanks ? Pour pouvoir augmenter le nombre de pauvres, il faut tout d’abord privatiser l’ensemble des moyens de production, la totalité des services, et enfin s’attaquer aux secteurs régaliens. Si les robots tueurs reviennent trop chers à produire en terme de bilan carbone, on devra se retourner vers des mercenaires sous-nourris, agressifs mais dociles. Les entreprises multinationales sont de fait de petites dictatures qui se prêtent bien mieux que les démocraties électorales à ce dessein. 

 Augmenter le nombre de pauvres est un but noble mais difficile à obtenir. Les pauvres d’un même pays devenus moins pauvres par leur travail assidu certes répétitif mais générateur de valeur ajoutée, auront beaucoup du mal à se passer de leur télé, de leur 4x4 ou de leur voyage en vacances. On ne peut pas faire de bons très pauvres avec des anciens pauvres devenus un peu aisés. Il faut donc faire venir des gens qui, dans leur pays d’origine, ont connu les pires horreurs, les pires privations, les plus abjects dénis de justice : ils pourront s’adapter aux nouvelles très dures conditions locales car ils ont subi bien pire. Même si certains illuminés parlent du remplacement d’une classe laborieuse locale par des immigrés plus dociles, il ne faut pas les croire. Notre démarche est d’aider les pays en voie de développement à se développer : les immigrés envoient une partie importante de leurs gains vers leur pays d’origine. Cette aide transférée est bien plus importante que les subventions publiques au développement ; elle permet à des familles entières, à des villages, de se sortir d’une misère tellement atroce qu’on ne peut pas l’alléger sans une aide extérieure.

 La démographie est également un sujet de préoccupation. Le taux de fécondité est raisonnable à l’échelle mondiale (2,4 enfants par femme), mais insoutenable en Afrique subsaharienne (4,9 avec une faible décroissance avec le temps). Qui pourra appliquer la politique de l’enfant unique ailleurs qu’en Chine et sans le parti communiste et son légendaire sens du civisme et de la discipline ? Personne ! Nulle part ! Le seul moyen est de libérer les femmes du carcan culturel traditionnel qui les cantonne au rôle de reproductrice et de réceptacle aux semences sans que l’espérance d’un plaisir puisse être rêvé. Les femmes doivent être maîtresses de leur destin et de leurs jouissances sous peine que note monde s’écroule sous des flux migratoires incontrôlables. Les occidentales, tant européennes qu’américaines, lancent maintes actions spectaculaires qui sensibilisent l’opinion et opèrent des lynchages 2.0 dans le même temps. Dans le même une vigoureuse chasse à l’homophobe est menée, ce qui conduit une fraction de notre jeunesse à imiter les franges les plus stériles des populations. La démographie sera limitée par l’éducation féministe des parties les moins avancées, économiquement et culturellement, des populations. Il fut un temps pensé que l’aisance matérielle permettait de diminuer la natalité : avec les temps qui s’annoncent, les femmes devront se contenter de l’exemple.

 Enfin, dans notre quête commune, de semblables, pas complètement identiques mais ayant quand même des modes de vie et de penser très proches, certains annoncent des difficultés avec les religions. C’est vrai que l’Islam ne se dissoudra que difficilement au sein de la matrice libérale, c’est vrai également que les évangéliques les plus rétrogrades conquièrent partout du terrain, mais ils ne résisteront pas à nos valeurs : l’argent, la gloire, la joie de ne pas être un sans-dents. 

 La frange la plus pauvre est aussi celle qui est la plus généreuse. Sauf exceptions, il n’est pas possible de devenir riche et de le rester sans une vision de soi-même qui tend vers l’idolâtrie. C’est évidemment ces gens généreux qui vont se battre pour défendre un système qui va pourtant entraîner leur propre disparition.

 L’hypothèse n’est pas que les classes populaires soient génétiquement fraternelles tandis que les autres seraient génétiquement malfaisantes, c’est beaucoup plus simple, les unes comme les autres ont intérêt à être ce qu’ils sont pour survivre ou se perpétuer. Mais les conditions économiques créées largement à leur insu font que les laissés pour compte ne peuvent même pas défendre leurs propres revendications sans être classés parmi la lie de la société. On leur attribue des allocations, des subventions, en essayant de dissimuler le mépris qu’on leur porte. Pourtant toutes les autres classes sociales défendent leurs intérêts becs et ongles.

 La vision des dirigeants transnationaux, comme la mienne, tend vers un être semblable sur toute la planète, obéissant aux mêmes règles économiques, ne gardant que des rudiments de leur culture, échangeant par Internet des insignifiances ou des monstruosités filtrées par des algorithmes. La haine étant plus facile à susciter que le respect, une surveillance de tous les instants sera nécessaire pour sauvegarder la stabilité de l‘édifice Monde.

 À cet égard les choses sont bien avancées !

 


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