La woke attitude

par siatom
vendredi 12 mars 2021

J’ai été comme nombre de mes contemporains nés après la fin de la deuxième guerre mondiale biberonné pendant mon adolescence à la culture populaire américaine, son cinéma, sa musique, l’américanisation de la société française se mettait alors en marche avec comme têtes de ponts le divertissement et le consumérisme à tous crins.

Après, j’avoue avoir rapidement décroché, la malbouffe, la discrimination positive, le politiquement correct, la pratique intensive du globish à la sauce yankee par nos élites ou prétendues telles, ça avait plutôt tendance à m’en toucher une sans faire bouger l’autre pour plagier une célèbre expression poétique chiraquienne.

Je vivais alors en hibernation ou pour le moins dans un assoupissement coupable mais sans vouloir m’exonérer de ma lourde responsabilité, j’avais des circonstances atténuantes, en effet, je suis un mâle leucoderme presque blafard et donc détenteur à ce titre du fameux « privilège blanc » qui a entre autres comme tristes et inévitables conséquences le machisme et surtout le racisme.

Ce nouveau concept a été popularisé par une certaine Peggy Mcintosh, chercheuse américaine qui le définit comme « l'ensemble d'avantages, de prérogatives, de bénéfices et de choix immérités et indiscutables conférés à des individus du seul fait de leur couleur. En général, les Blancs jouissent d'un tel privilège sans en être conscients. »

On peut raisonnablement douter que les blancs de la ceinture de la rouille (rust belt) décrits par J.D. Vance dans sa remarquable et bouleversante Hillbilly Elégie et qui vivent le déclassement de la classe ouvrière blanche se sentent privilégiés.

Tenons néanmoins pour acquis que le blanc lambda est inconscient hormis sans doute Jean Claude Van Damme qui est, c’est de notoriété publique ‘’aware’’ et les visages pâles progressistes qui se veulent ‘’woke’’, c’est à dire éveillés.

 Pour ma part, cette épidémie de woke déferlant sur l’hexagone avec ses nombreux variants m’a brusquement sortie de mon confinement cérébral.

 Le woke a ceci de commun avec son paronyme chinois qu’il peut se cuisiner à toutes les sauces, féministes, écolos, sexuelles, intersectionnelles, identitaires, sans oublier l’écriture inclusive mais nul doute que dans ce pays merveilleux qu’est le wokistan des chefs inventifs sauront y accommoder d’autres ingrédients.

 Selon le penseur racialiste à crampons Lilian Thuram, pour se dépouiller de cette pensée blanche et du racisme qui lui est consubstantiel le blanc doit donc devenir noir. C’est un choix possible, puisque sur le bandeau qui entoure son livre il affirme « on ne naît pas Blanc mais on le devient »  En développant cette pensée binaire, ce monde en noir et blanc, il en oublie Mickael Jackson qui a testé toutes les nuances de gris.

Si l’on disait à M Thuram qu’il a écrit un livre raciste, il serait tout aussi surpris mais moins réjoui que M Jourdain apprenant par son maitre de philosophie qu’il faisait de la prose sans le savoir.

Avoir la woke attitude c’est pratiquer un ‘’politiquement correct’’ de combat, une pensée unique qui ostracise toutes les voix dissonantes, c’est une nouvelle doxa politico-culturelle qui ne supporte aucun écart et utilise comme armes la culture du bâillon, de l’annulation, c’est le nouvel ordre moral que tentent de nous imposer des minorités militantes.


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