Laïcité, la nécessaire reconquête

par C BARRATIER
vendredi 16 janvier 2015

Il y a des degrés dans l’expression de la haine, avec Charlie Hebdo on est allé à l’assassinat, porté par une haine qui montait et qui n’était pas sanctionnée. Des musulmans traitaient les policiers d’assassins, les caricaturistes de blasphémateurs qu’ils n’étaient pas (il eût fallu qu’ils fussent des adeptes). Des catholiques, lors de la manif pour tous, hurlaient leur haine vis-à-vis des "monosexuels", des musulmans et des catholiques mentaient sur les programmes d’enseignement en prétendant qu’ils contenaient l’enseignement d’une similitude entre les garçons et les filles, alors qu’il ne s’agit que de leur égalité mutuelle en droits. L’égalité des hommes et des femmes est refusée par les deux religions, non pas seulement à l’intérieur de leurs communautés respectives, mais dans toute la République. Et les deux religions sortent facilement du débat d’idées pour en arriver à des actes destructeurs vis-à-vis des autres. On sort du respect de l’autre différent.

Les athées de France ne tuent personne au nom de ses idées, mais certains utilisent la dérision vis-à-vis des représentations de telle ou telle religion. Eux aussi sortent alors du cadre du respect de l’autre différent.

Ils sortent tout simplement de la laïcité qui n’est pas une doctrine, mais le respect de toutes les doctrines. C’est en écornant la laïcité que l’on avance vers la guerre civile, les assassinats de Charlie Hebdo relèvent de la guerre civile.

L’Etat l’a déjà beaucoup écornée en traitant différemment des communautés et en donnant la priorité aux minorités religieuses par rapport à la multitude des citoyens qui n’appartiennent à aucune d’elles. Un Ministre va aller à un banquet du CRIF es qualité, un Maire aussi, mais pas au banquet traditionnel de la « libre pensée » clairement anti royaliste et non religieux.

Les consommateurs de viande sont traités différemment : les juifs ont obtenu l’obligation d’étiquetage de leur viande cascher, comme les musulmans celui de leur viande hallal. Malgré leur demande, les autres, l’immense majorité de la population, n’a pas obtenu l’étiquetage obligatoire de « l’abattage conforme à la loi, » c'est-à-dire après étourdissement. Cela en raison de l’opposition des chefs religieux à cette mention qui ferait qu’un tiers de leur viande environ ne trouverait pas preneur, des morceaux leur étant interdits par leurs dogmes. Cette viande que nous achetons si auprès de notre boucher, nous ne connaissons pas le mode d’abattage, nous fait payer la taxe acquittée par l’abattoir aux chefs religieux présents sur les lieux. En grande surface, nous n’avons pas du tout cette traçabilité. Nous sommes ainsi rabattus par la République vers la pompe à fric religieuse. Révoltant, non ?

Ce rabattage se répète vis-à-vis du soutien de l’Etat à des écoles privées lorsque le gouvernement ne fait pas son devoir légal, créer une école publique en l’imposant à la collectivité territoriale lorsque celle-ci préfère rabattre les enfants vers des classes privées pour ne pas les concurrencer car elles perdraient des élèves. Voir en table des news :

Lobby catholique contre la liberté des familles de choisir l'école publique

http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=267

Notre actuelle Ministre de l’Education nationale vient d’encourager des mamans voilées à accompagner des enfants d’une école publique dans des voyages scolaires. Personne ne nie plus que le voile soit un signe religieux marquant l’infériorité des femmes, et leur appartenance à une religion. Le Président de la République annonce la fermeté, probablement une fois de plus pour encourager fermement le viol de la loi.

Voir en table des news :

République laïque grignotée : tout accommodement dégénère

http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=212

La république s’est laissée grignoter, il faut revenir à la laïcité qui commence par le respect de la loi républicaine, la loi des hommes et des femmes élus, et non la loi de telle ou telle secte qui serait, qui est déjà, imposée à tous.

L’Ecole est à nouveau présentée sur le devant de la scène. Il est remis sur le tapis l’enseignement des religions. C’est une demande forte des extrémistes qui refusent sa laïcité. Ce qu’ils demandent est la seule liberté qui compte, leur liberté religieuse qui consiste à respecter les lois dites divines avant les lois des hommes. Or la liberté garantie par la laïcité de la République est la liberté de pensée de tous, et pas seulement elle des croyants, minoritaires dans notre pays. Cette inégalité de traitement des citoyens encourage les extrémistes qui ne représentent même pas 10 % des opinions dans leur communauté à vouloir tout le pouvoir pour deux ou trois religions, pas pour les centaines d’autres, et pas pour ceux qui ont une philosophie sans rattachement à aucune.

Par ailleurs, cet enseignement obligera les enseignants à dire avec des exemples que sont très nombreux ceux qui disent savoir qu’aucun dieu n’existe. Chacun son savoir, chacun ses certitudes ! Cela choquera des enfants de familles croyantes ici ou là, je ne peux qu’évoquer la « lettre aux instituteurs » de Jules FERRY. J’ai vécu à Chessy cette difficulté latente :

Solstice d'hiver "inconfisquable ?"

http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=248

Ce 15 janvier 2014, on réédite Charlie Hebdo, la vigilance par rapport aux musulmans est nécessaire, sans chasse aux sorcières, mais sans confiance aveugle, et le pape des catholiques dit toutes ses réserves devant la publication du numéro de Charlie en réédition. Il a le droit effectivement de ne pas l’acheter, et même peut être un devoir religieux. Mais personne en France n’a à tenir compte de sa demande, il n’est pas un élu de la République, et nos lois permettent cette libre expression, - qui, je le précise ne serait pas la mienne, je suis-je crois parfaitement laïque. Je souhaite que mon pays soit strict sur la loi de 1905, en même temps que garant de la liberté d’expression. La loi, toute la loi, rien que la loi, a toujours été ma devise, et en même temps je refuserais les lois pétainistes qui ont trahi la France de la révolution et de la République.


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