Le 5 août, enterrons le pass sanitaire !

par Alexandre PAGE
lundi 2 août 2021

Ce 31 juillet fut à nouveau une remarquable démonstration de la mobilisation contre le pass sanitaire et la vaccination obligatoire ou contrainte. Depuis trois semaines, que l’on prenne les chiffres officiels (techniquement invraisemblables tant ils sont bas) qui indiquent un doublement des manifestants dans les rues (100000 contre 200000 hier), ou les chiffres officieux, la dynamique est notoirement à la hausse de la protestation et au renforcement du mouvement favorable aux libertés. En effet, en dépit du mensonge éhonté de certains politiques qui expliquent que le pass favorise la liberté en créant une situation discriminante, c’est bien en s’opposant au pass et à la vaccination contrainte que l’on redorera en France le mot liberté si régulièrement bafoué. Même pour les vaccinés, ce pass à brandir pour tout, peut-être même demain pour accéder aux toilettes publiques, est un outil d’oppression et de contrôle qui ne saurait être acceptable dans un pays de droits.

 

Cette manifestation termine une semaine qui va laisser la place à celle, décisive, durant laquelle le Conseil constitutionnel va se prononcer à son tour sur la constitutionnalité et l’applicabilité de la loi sanitaire. Le Parlement s’est allégrement assis sur les libertés fondamentales des Français, le Conseil d’État a laissé le bébé à d’autres, maintenant c’est à cette grande instance de rendre son verdict. Déjà des spécialistes du droit constitutionnel ont déterminé que cette loi ne pouvait pas passer — dans son intégrité tout du moins — les fourches caudines de la Constitution. Cela pourrait laisser optimiste, mais il convient d’être méfiant et de ne pas se laisser prendre. Combien de limites et de frontières que l’on pensait infranchissables l’ont été au nom du sacro-saint «  bien commun  » et de ce totem de la «  situation exceptionnelle  »  ? Toutes ou presque ont déjà été bafouées sans vergogne, pourquoi le Conseil Constitutionnel ne les enfreindrait pas à son tour  ?

De sa décision, et surtout de l’ampleur de sa décision (car un ripolinage de la loi à la manière du Sénat n’aurait aucune valeur) dépendra beaucoup de l’avenir du pays et surtout de la rentrée. La loi sanitaire est loin d’être la seule à lever la colère populaire, mais ses conséquences n’ont rien de comparable aux autres lois. Sa mise en œuvre jetterait par milliers, par millions des Français hors de la société créant une foule d’individus n’ayant tout simplement plus rien à perdre et donc toutes les raisons de vouloir la fin de cette même société. Si le Conseil Constitutionnel ne sonne pas l’arrêt de ce projet de loi inique, les foules très majoritairement pacifiques qui ont défilé depuis trois semaines seront constituées de gens privés de tout, même de leurs droits fondamentaux, et comme chacun sait, un homme ou une femme désespéré, sans perspective, est prêt à tout. J’entendais ce matin un député rappeler qu’à celui qui invite à la sédition il est possible d’infliger une amende et une peine de prison. Mais messieurs les députés, quand vous privez un homme de son emploi, de l’accès à la culture, aux divertissements, de sa liberté de circuler, de son accès aux soins, croyez-vous qu’une peine de prison ou une amende ait le moindre effet dissuasif  ?

 

Ce n’est pas être devin que de comprendre que si le projet de loi sanitaire devient réalité, le mouvement antipass va naturellement se radicaliser, car on ne prive pas impunément un homme de sa citoyenneté. Il voudra la récupérer, et c’est là la démarche la plus légitime que l’on puisse entreprendre. Étant donné que le mouvement s’accentue déjà, qu’il a en période de vacances une ampleur inédite, on peut tout à fait envisager qu’au 5 aout, une fois le dernier recours légal pour abolir le projet de loi sanitaire employé, si la situation reste inchangée, alors ce qui est né comme un mouvement de protestation deviendra une lame de fond beaucoup plus virulente réunissant tout ce que cette société ne veut plus en son sein. Toutefois, si une société peut exister en traitant en paria d’infimes minorités qu’elle réprimera avec férocité, le mouvement antipass est officiellement soutenu par 40 pct de la population (chiffres annoncés par LCI), il dépasse nettement les frontières des antivax et des non-vaccinés et chaque semaine il gagne du terrain, autant dans la rue que dans l’opinion publique. Cela ne fera que grandir, car en parallèle la stratégie du tout vaccin est aussi en train de marquer le pas. Les derniers chiffres quant à la protection vaccinale contre le variant delta sont mauvais, on parle de troisième dose et les vaccinés sont également contagieux. On ajoutera à cela la constatation de nouveaux effets secondaires, notamment l’influence du vaccin sur les règles chez certaines adolescentes. Quand bien même sont-ils peu nombreux, ils doivent amener le gouvernement et les médecins à revoir leur stratégie de vaccination coercitive ou obligatoire. Le soutien du mouvement antipass vient également de l’étranger. Nos principaux voisins (Suisse, Belgique, Allemagne notamment) mais aussi l’OMS jugent d’un œil très sévère nos mesures qui d’ailleurs ne s’illustrent pas par des résultats mirobolants.

 

Aussi, le gouvernement joue à un jeu très dangereux dont il ne semble pas avoir pris tout à fait conscience. Cela apparaît notablement dans la rhétorique et la morgue aberrante des ministres, dans le silence distant du président et dans les propos de plusieurs ténors de la majorité ou de la fausse opposition (Christian Estrosi en tête). Ils semblent penser que le mouvement antipass est constitué de vieux grognards, de vétérans des Gilets jaunes et, idée que cherche à renforcer comme de coutume les «  sociologues  », d’incultes bas du front avec des CV en carton-pâte. Bref, ils imaginent qu’ils ont en face d’eux la «  populace  », un conglomérat sans leader qui finira par se dissoudre comme le caillot de quelques thromboses après un bon anticoagulant.

Évidemment, ils se méprennent et se méprennent d’autant plus qu’ils sont la tête dans le guidon vaccinal et continuent d’utiliser une rhétorique qui prouve le flou qui les entoure. Même s’il y a eu quelques évolutions avec un usage accru du terme «  antipass  » pour désigner les manifestants plutôt «  qu’antivax  », tous n’ont pas encore adopté ce changement sémantique pourtant essentiel pour comprendre la situation. C’est délibéré bien sûr, ils cherchent à décrédibiliser le mouvement antipass en l’affublant de termes dépréciatifs pouvant laisser croire qu’il est mené par des complotistes, des illuminés que Christophe Castaner, dans sa grande clairvoyance, a vu être guidés par la Russie  !

Le problème est que la crédibilité du gouvernement et l’oreille attentive qu’il peut recevoir du peuple sont en congés. Pendant que des Français de plus en plus nombreux luttent seulement pour rester Français, deux ministres, dont un ministre de la Justice, sont mis en examen. Ces deux ministres ont reçu la confiance renouvelée du président de la République lorsque des millions de Français qui n’ont commis pour seul crime que d’user de leurs droits fondamentaux reçoivent ses leçons de morale et ses petites piques sardoniques  ; les siennes ou celles de ses huiles.

Le gouvernement peut sans doute compter sur sa Vieille Garde, sur un noyau dur de fidèles qui l’est d’ailleurs davantage au président de la République qu’à LREM, mais qu’en est-il de la majorité d’indécis  ? De ceux qui ne se placent ni du côté du gouvernement ni du côté des antipass et veulent seulement récupérer leur vie d’avant  ? À l’évidence les manières brutales du pouvoir, l’absence totale de concertation dénoncée même par le Sénat et la défenseure des droits, les démêlés judiciaires qui entravent plusieurs ministres et le constat manifeste que le vaccin est loin d’être une panacée au problème de la covid sont en train de jouer à plein contre le gouvernement.

 

Pour tout dire, si le Conseil Constitutionnel tirait un trait sur le projet de loi sanitaire le 5 aout, non seulement il rétablirait une certaine paix dans le pays, éviterait un embrasement aux conséquences inconnues et montrerait qu’il subsiste en France un garde-fou contre les dérives les plus autoritaires, mais en plus de cela il éviterait à l’exécutif de s’autodétruire définitivement. Mieux vaut pour le président de la République et sa majorité la mort rapide de ce projet de loi aberrant, que son agonie après quelques semaines d’une calamité économique, sociale qui n’auront, sur le plan sanitaire, rien apporté de significatif.

 

En effet, le pass est déjà mort, il est évident que sa mise en œuvre impossible et son coût faramineux pour l’économie en font une sorte de Ferdinand français. Ferdinand, ce canon mobile allemand si lourd et monstrueux qu’il n’a jamais été sur le champ de bataille qu’un colosse aux pieds d’argile. Dans la guerre contre la covid, le pass s’y apparente grandement et son bénéfice n’équivaudra jamais les sacrifices considérables qu’il aura générés, à commencer par la fracture sociétale qui ne se résorbera pas avant de longues années.

 

Au 5 aout, pour pouvoir dire «  Vive la France  » ou verser une larme sur elle et se battre pour la ramener d’entre les morts  !

 

Alexandre Page, écrivain et paria en son propre pays.


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